Ah, marcher ! En ces temps d’isolement, la marche quotidienne est en train de devenir pour plusieurs le seul lien précieux avec la vie hors les murs. On apprivoise ce début de printemps et cet étrange changement de rythme en mettant un pied devant l’autre. On découvre aussi que marcher à distance des autres est plus facile à dire qu’à faire.

Nous vous proposons un petit guide de savoir-vivre piéton en ces temps exceptionnels de distanciation sociale.

Les règles sont claires

Au tout début des mesures d’urgence, il y a eu un flou artistique dans les recommandations de Québec entourant les marches quotidiennes pour prendre l’air. Peut-on marcher quand on est en isolement obligatoire au retour d’un voyage ou lorsqu’on est en quarantaine ? Depuis l’annonce de la ministre de la Sécurité publique, Geneviève Guilbault, ce week-end, il n’y a plus de valse-hésitation : c’est non, même pour ceux qui n’ont pas de symptômes. Pour tous ceux qui restent à la maison de manière volontaire et qui n’ont pas de symptômes grippaux, les marches sont permises, en solo ou en petits groupes de gens qui vivent au même endroit, mais en gardant en tout temps deux mètres de distance avec les autres promeneurs.

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

« On apprivoise ce début de printemps et cet étrange changement de rythme en mettant un pied devant l’autre », constate Laura-Julie Perreault.

La droite de Napoléon

Pas toujours aisé d’éviter les autres, particulièrement dans les intersections et dans les corridors étroits, mais quelques règles très élémentaires peuvent aider. C’est le temps de citer Napoléon qui, après avoir remporté d’importantes batailles en attaquant les cavaleries adverses par la droite, a fait de la circulation de ce côté une règle quasi internationale (lire : pas les Britanniques).

Aujourd’hui, garder la droite est une bonne règle de base pour réussir à cohabiter avec une saine distance.

Et si on marche à deux ou à trois sur le même trottoir, on doit se rappeler qu’on n’est pas Napoléon, empereur sur son cheval blanc. On laisse un peu de place pour ceux qui tiennent leur droite en sens inverse. Et aux coins de rue, la patience s’impose. Comme à un arrêt, on cède le passage au premier arrivé. Un pas vers une victoire d’Austerlitz contre le virus !

Varier les plaisirs

Comme dirait Jack Kerouac, « il n’y avait nulle part où aller si ce n’est partout ». Après une semaine d’isolement, la plupart des marcheurs savent quels endroits sont les plus fréquentés. Indice : ce sont souvent les plus pittoresques et les plus connus. Les parcs au bord de l’eau, les lieux emblématiques comme le mont Royal. Pour ne pas se piler sur les pieds et pour garder une saine distance, il faut donc varier les plaisirs.

C’est le temps comme jamais d’explorer les rues de votre quartier.

D’arpenter et de prendre en photo un quartier industriel. De préférer les rues secondaires aux grandes artères. De marcher avec un parapluie sous la pluie quand tout le monde reste au chaud. On évitera ainsi que les autorités décident de fermer des lieux trop fréquentés.

La fausse invincibilité des coureurs et des cyclistes

C’est peut-être le printemps ou le désir de se remettre en forme pendant les mesures de distanciation sociale, mais il semble que la course à pied a la cote plus que jamais. On salue ces nouveaux joggeurs et leur détermination, mais on leur rappelle que la course ne fait pas pousser une bulle protectrice autour d’eux. Recevoir une ondée de sueur quand on fait tout pour éviter les gouttelettes d’autrui n’a rien de bien réjouissant pour les marcheurs qui côtoient les athlètes en devenir. Le même constat s’impose pour les cyclistes qui doivent trouver difficile d’être ralentis par les piétons déambulant sur les pistes multifonctionnelles. Il va falloir être patients ! Pour faire de la vitesse sur deux roues, mieux vaut aller dans les rues. Rare luxe pour les cyclistes, même les secteurs les plus achalandés habituellement sont presque déserts. Et oubliez les trottoirs, de grâce !

PHOTO GRAHAM HUGHES, LA PRESSE CANADIENNE

« Il semble que la course à pied a la cote plus que jamais », écrit notre éditorialiste.

Gardez la banane !

Comme dirait le directeur national de santé publique du Québec, le Dr Arruda, la distanciation prescrite par les autorités est physique et non sociale. Un sourire et un signe de tête ne coûtent pas cher quand on croise un autre piéton-coureur-cycliste-automobiliste courtois. C’est la version humaine des arcs-en-ciel et des « ça va bien aller » accrochés dans les fenêtres. C’est sans aucun danger et ça fait du bien à l’âme.

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