Vous êtes surpris que la mairesse ait finalement décidé d’ignorer les hésitations de François Legault et d’imposer le masque ? Ça tombe pourtant sous le sens…

Vous êtes surpris que Valérie Plante ait finalement décidé d’ignorer les hésitations de François Legault et d’imposer le masque, contre gouvernement et DSP ?

Ça tombe pourtant sous le sens.

D’abord parce que la mairesse a les deux pieds sur le terrain, contrairement au premier ministre qui vient le moins fréquemment possible à Montréal, une absence qui s’est fait sentir à maintes reprises ces derniers mois.

Ensuite parce que la ville a une marge de manœuvre que n’a pas le gouvernement, tout simplement parce que ce dernier est souvent paralysé par la partisanerie, l’électoralisme et le clientélisme politique.

Attention ! Ce n’est pas, ici, une critique du gouvernement Legault comme tel. C’en est plutôt une de tous les gouvernements provinciaux et fédéraux, qu’ils soient caquistes, libéraux, péquistes, conservateurs ou autres.

Tous agissent bien sûr pour le bien commun… mais sans jamais quitter des yeux les sondages, les réactions de leur base électorale, les gains parlementaires potentiels.

Alors que les villes sont, pour la plupart, dirigées sans grande partisanerie. Il n’y a pas de façon « à droite » ou « à gauche » d'enlever les déchets. Il n’y a pas d’approche « nationaliste » de l’entretien des parcs.

PHOTO PAUL CHIASSON, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

« Quand Valérie Plante a été la première élue à porter le masque en public, elle ne s’est pas demandé comment réagirait son électorat : elle l’a simplement mis », écrit François Cardinal.

Et donc, quand Valérie Plante a été la première élue à porter le masque en public, elle ne s’est pas demandé comment réagirait son électorat : elle l’a simplement mis. Parce que c’était la chose à faire.

Vous me direz que Projet Montréal a une position plus idéologique sur la mobilité. C’est vrai. C’est même ce qui distingue ce parti. Comme la consultation publique pour le RCM de Jean Doré. Ou le développement économique sous Denis Coderre.

Mais cela relève habituellement de l’exception, de l’élément distinctif d’une formation politique ou de son chef. À preuve, bien malin qui pourrait distinguer l’approche de Projet Montréal et celle d’Ensemble Montréal sur la sécurité, la culture, les nuisances, la salubrité, les loisirs ou… la santé publique.

Durant la pandémie, la Ville a d’ailleurs réussi à démontrer sa capacité d’agir au-delà des lignes partisanes. Elle s’est occupée des HLM, elle a envoyé ses employés dans les banques alimentaires, elle a tendu la main aux chefs religieux, elle s’est chargée de l’aide aux entreprises, etc. Ce que le parti d’opposition aurait fait à l’identique (d’ailleurs, certaines initiatives ont été menées conjointement par les deux partis).

Une ville, c’est fondamentalement pratico-pratique. C’est le gros bon sens appliqué à l’échelle locale.

Comme l’écrit Benjamin Barber dans son livre If Mayors Ruled the World, « les villes sont pragmatiques plutôt que politiques, elles misent sur l’innovation plutôt que sur l’idéologie ».

Ce qui nous ramène au couvre-visage. La mairesse a réalisé qu’il y avait un problème avec la distanciation physique dans les transports en commun, elle a donc imposé le masque dans les transports en commun. Elle a vu que peu de gens en portaient dans les lieux publics fermés, elle l’a donc imposé là aussi.

On a vu la même chose à Paris, par exemple, où la maire Hidalgo a implanté un programme de distribution de masques en tissu gratuits pour tous… il y a deux mois déjà !

Alors qu’à Québec, on n’en peut plus de trouver des justifications pour reporter cette décision depuis trois mois maintenant. Les gens pourraient porter le couvre-visage tout croche. Il pourrait donner un faux sentiment de sécurité. Ou encore, rappelez-vous la meilleure : il y a des enjeux légaux qui empêcheraient l’État d’imposer le port du masque…

Ne rions pas. Et concentrons-nous plutôt sur le cœur du problème : les difficultés pour un gouvernement qui a des élus partout sauf à Montréal… d’imposer partout un masque pour un problème qui, croit-on à tort, semble concerner uniquement Montréal. On entend déjà les protestations…

Et pourtant, il est évident depuis des semaines que c’est la chose à faire. Le DArruda disait d’ailleurs en mai dernier que si les gens ne respectaient pas ses recommandations par rapport au masque… il le rendrait obligatoire. L’un s’est avéré, mais pas l’autre.

Ce qui, dans le contexte partisan dans lequel baigne le gouvernement, n’est pas bien surprenant.

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