L’achalandage des transports en commun stagne dans le Grand Montréal.

On n’a jamais autant parlé d’environnement, de gaz à effet de serre, de congestion et de mobilité durable. Et pourtant, l’achalandage des transports en commun fait du surplace dans la région.

Tout de même incroyable.

Oui, on peut chipoter sur la méthodologie de l’Enquête origine-destination ou sur la curieuse façon d’en dévoiler les résultats à la va-vite par l’Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM). Mais que la hausse de l’achalandage de 2013 à 2018 soit de 4 % ou plutôt de 5 %, peu importe : ça demeure négligeable comme changement en regard de ce qu’il faut faire. Et en regard, aussi, des résultats passés qui étaient beaucoup plus encourageants.

Voyez par vous-même les bonds faits par les transports collectifs selon les enquêtes précédentes.

De 1998 à 2003 : + 7 %

De 2003 à 2008 : + 14 %

De 2008 à 2013 : + 8 %

Puis de 2013 à 2018… à peine + 4 %

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Comment expliquer des résultats aussi décevants ? Facile. On n’a pas amélioré le réseau de transports publics pour la peine.

Nommez un grand projet structurant qui a vu le jour depuis 2013…

Il y a le train de Mascouche.

Et c’est à peu près tout.

PHOTO PATRICK SANFAÇON, ARCHIVES LA PRESSE

« La solution réside dans le développement de lignes d’autobus à grande fréquence roulant sur leurs propres voies réservées », conclut François Cardinal.

On n’a donc pas implanté de projets majeurs. Pire, on a réduit la fréquence des bus à Montréal. Ce à quoi il faut ajouter les pannes et les pépins du métro et des trains de banlieue.

Rien d’étonnant à ce que le nombre d’usagers augmente d’à peine 4 %. Un chiffre insignifiant quand on sait que la population du 450 a connu une croissance sur la même période de… 4 % !

Si, au contraire, l’achalandage a connu des hausses atteignant 14 % il y a une dizaine d’années, c’est parce qu’on avait alors prolongé le métro vers Laval. Tout simplement.

Leçon d’urbanisme 101 : si on veut plus de monde dans les transports collectifs… eh bien, il faut offrir plus de transports collectifs.

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Heureusement, il y a actuellement quelques grands projets en chantier dans la région.

Il suffira donc de mener à terme le SRB Pie-IX, le prolongement de la ligne bleue et le REM pour que les prochaines Enquêtes origine-destination soient un peu plus positives.

Mais ça ne sera pas assez.

Ça ne sera pas assez, en fait, si on souhaite réellement renverser la vapeur et réduire les émissions de gaz à effet de serre au Québec qui proviennent en grande majorité des déplacements routiers.

Donc, on fait quoi ? On mise sur le bus. Et vite.

La solution réside en effet dans le développement massif de lignes d’autobus à grande fréquence roulant sur leurs propres voies réservées. À l’image du SRB qui verra le jour sur Pie-IX en 2022-2023.

Mais en s’assurant que ces projets de « service rapide par bus » voient le jour… de manière plus rapide.

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Au cabinet de la mairesse Valérie Plante, on travaille justement sur un tel plan à l’horizon 2025. Un plan qui sera dévoilé dans les prochains mois.

En gros, selon ce qu’on a appris, on veut commencer par bonifier des lignes de bus existantes en élargissant les heures de service des voies réservées et en multipliant les mesures préférentielles comme des feux de service prioritaires.

On va le faire sur l’avenue du Parc, par exemple, sur René-Lévesque, sur Notre-Dame.

Puis dans un deuxième temps, on veut rendre les voies réservées permanentes avec des barrières physiques pour améliorer la fréquence et la rapidité.

On veut le faire sur les axes Côte-Vertu (en cours), Côte-des-Neiges et Henri-Bourassa, notamment.

Précisément l’orientation qu’il faut prendre ! Mais attention, ça va faire mal. Ça va brasser. Car pour toute nouvelle voie réservée, il faut forcément retirer une voie aux autos.

C’est ce qu’on a dû faire, par exemple, sur Papineau pour faire passer le 445 express. C’est un succès phénoménal, comme rarement la STM en a connu pour un service de bus.

Mais cela s’est fait au prix d’une importante grogne, car il est vrai que les automobilistes écopent. Un lourd prix à payer, oui, mais pour faire passer plus de 3000 personnes chaque matin, tout de même. Ça équivaut à environ 2500 voitures !

Voilà donc le genre de projets qu’il faudra multiplier, et vite, si on veut que les prochaines enquêtes soient plus encourageantes.

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