La question des urgences ne manque jamais de faire réagir nos lecteurs, qui ont été nombreux à commenter l’éditorial d’Alexandre Sirois « Les urgences ne débordent pas », publié le 30 octobre.

Défis immenses

Les urgences devraient être un lieu de transit où l’on évalue l’état d’un patient afin d’établir si sa condition permet un traitement et un suivi en externe ou une hospitalisation. Le Québec présente déjà un manque important de lits d’hospitalisation en comparaison avec d’autres provinces canadiennes ou des pays européens, et ce manque est aggravé par la fermeture de lits engendrée par le manque de personnel. Il serait important de connaître la capacité d’hospitalisation non disponible en ce moment. Les patients ont réalisé que les urgences deviennent souvent la seule voie pour un accès rapide pour voir un spécialiste ou recevoir un test diagnostique, alors que cela prendrait des mois, voire des années en première ligne. Les défis du ministre Christian Dubé sont immenses afin de rétablir un système fonctionnel.

Luc Laperrière

Première ligne

Très juste. Pour soulager les urgences, il faut vider les hôpitaux des patients qui devraient être dans un autre endroit (13 %) et éviter que des cas moins ou non urgents s’y présentent (52 %). La prévention de l’aggravation des problèmes médicaux préexistants est également primordiale. Par conséquent, la solution des problèmes des urgences passe nécessairement par une première ligne fonctionnelle, efficace, très accessible et, selon moi, basée principalement sur les médecins de famille afin d’éviter le syndrome de la porte tournante.

Marc Couturier, médecin

Rien n’a changé

Monsieur Sirois, vous auriez pu écrire votre éditorial en 1982, 1992, 2002 et 2012… Rien n’a changé dans les hôpitaux et les urgences du Québec durant toutes ces années si ce n’est que ça continue de se dégrader… Il faudra plus que des promesses de politiciens pour arriver à des solutions : des gestes concrets qui assureront que l’assurance-maladie existe pour les bénéficiaires et non pour les politiciens, les fonctionnaires, les employés, les professionnels de la santé, les corporations et les syndicats.

Louis Marin

Convertir d’anciens hôpitaux

Pourquoi n’a-t-on pas converti l’hôpital Notre-Dame ou l’hôpital Royal Victoria — ou tout autre hôpital fermé — en centre de soins pour les personnes en attente de CHSLD ? Ces gens n’ont pas besoin de médecine de pointe, et seulement besoin de soins légers… cela libérerait les hôpitaux, qui offrent des soins plus aigus.

Danielle Gatto

Pour l’avoir vécu…

Quand on a vécu le périple de tenter de trouver un lieu d’hébergement pour une personne âgée inapte dont la santé est vacillante et dont la sécurité est impossible à assurer en milieu naturel, on comprend vite que la meilleure façon d’y arriver dans des délais raisonnables est d’amener la personne aux urgences au moment où elle a un problème de santé et de dire ensuite que c’est impossible qu’elle retourne chez elle. Du seul coup la personne devient une priorité de placement (car l’hôpital ne veut pas la garder longtemps) et hop, le miracle se produit, on passe illico en haut de la liste. Quand le système sera fait autrement et que d’autres voix que celles des médecins seront prises au sérieux pour accorder un tel service à nos personnes âgées en perte d’autonomie, le problème sera en voie de se régler.

François Bowen

Dysfonctionnement profond

La situation est documentée depuis plus de 30 ans, c’est un problème d’organisation. Je trouve que nous, les Québécois, sommes très passifs devant l’intolérable qui perdure depuis trop longtemps. Le pire, on s’est résigné à ce système, qui pourtant occupe 50 % du budget provincial sans résultats adéquats… Devant ces faits, sans changement majeur, ajouter des centaines de millions à ce dysfonctionnement ne servira pas à grand-chose.

Johanne Normandeau

Angles morts

Je crois aussi que les pistes énoncées sont intéressantes. Par contre, il me semble que certains aspects du problème sont complètement ignorés. La rigidité syndicale est certainement à travailler. Il suffit de regarder la différence avec le côté anglophone. De plus, la responsabilité des patients doit également être abordée. Les rendez-vous manqués ou le magasinage de diagnostic existent. C’est inacceptable et très coûteux. Mais il faudra du courage au ministre pour s’y attaquer.

Diane Lamarche

Soins à domicile

J’ai travaillé comme infirmière clinicienne en soins à domicile pendant 17 ans dans un CLSC, soit jusqu’en 2009, au moment de ma retraite. C’était l’époque où nous donnions des services de soins infirmiers à domicile — nous pouvions donner jusqu’à 17 heures par semaine en services d’aide. Je peux dire que nous avons évité bien des séjours à l’hôpital tout en permettant à la population âgée de demeurer à la maison. Puis, à peu près au moment de ma retraite, changement de gouvernement, on a nivelé vers le bas en allouant seulement 5 heures par semaine pour ces services et en mettant les patients/clients sur une liste d’attente. On parle encore de comité, de cellule de crise ? Pourquoi ne pas investir davantage dans les soins à domicile, la seule solution prouvée pour éviter d’aller aux urgences et se retrouver déconditionné par un séjour à l’hôpital ou aux urgences, confiné sur une civière ?

Jocelyne Paquin

Vivement le retour des médecins de famille

Le gros problème, c’est l’absence de médecins de famille. Tout part de là. Il faut que Christian Dubé redonne les médecins de famille pour tous. C’est la base du système de santé. Sans cette base, nous voyons actuellement que ça va tout croche. Les gens malades s’en vont aux urgences pour tout ou pour rien. Avec un médecin de famille, la donne change complètement. Combien de fois mon conjoint et moi avons évité de nous rendre à l’hôpital parce que notre médecin de famille trouvait la solution ! Actuellement, nous n’en avons plus, car il a pris sa retraite. Nous sommes désemparés et vieillissants. Notre porte de sortie sera les urgences… et ce n’est pas reluisant. On ne croit pas au guichet automatique nouvellement installé. C’est du n’importe quoi. On se fera envoyer chez n’importe qui… sans aucun sentiment d’appartenance. À nos âges, c’est la constance et la stabilité qui comptent. Vivement le retour des médecins de famille, c’est ça, la clef du succès.

Francine Roy

Et les CLSC ?

On parle rarement du rôle des CLSC. Que font-ils ? Comment pourraient-ils aider les urgences et hôpitaux ? On dit que le service que l’on y reçoit est remarquable, le dévouement, les temps d’attente faibles, les services à domicile, etc. Ceux qui se « sentent » malades et qui vont aux urgences pourraient passer par le CLSC au lieu de s’y rendre pour quelque chose de bénin et d’augmenter les statistiques d’occupation des urgences.

Michel Lemieux, Sainte-Marguerite-du-Lac-Masson

Lisez l’éditorial d’Alexandre Sirois