Nous avons reçu un déluge de plus de 650 courriels en réponse à notre appel à tous sur les pourboires que bien des clients digèrent mal. La grande majorité des lecteurs sont favorables à un partage avec les cuisiniers, même si certains estiment que les serveurs devraient le conserver au complet.

Les pourboires sont une marque d’appréciation pour un bon service, donc on devrait les laisser à la discrétion du client.

Sonia Long

Un partage avec les cuisiniers justifié

Je travaille dans un restaurant où les pourboires sont partagés et je trouve que c’est bien justifié.

D’abord, parce que le service qui est offert par un serveur est en partie le fruit des cuisiniers. La rapidité de l’arrivée des assiettes dépend principalement de l’efficacité de la cuisine. C’est le même cas pour la beauté des plats. Ces deux facteurs influencent nécessairement le pourboire à la fin.

Ensuite, le pourboire pour les cuisiniers aide à rendre l’emploi plus attrayant. Le salaire n’est pas toujours représentatif de la charge de travail. On peut passer des quarts entiers sans pause. Les « rushs » peuvent s’éterniser durant des heures. Ce petit boni a certainement le potentiel d’attirer et de retenir les employés de qualité en cette période de pénurie de main-d’œuvre.

Finalement, c’est une question d’égalité. Tout le monde travaille très fort en restauration et davantage d’égalité salariale est nécessaire. Cette meilleure équité est un remède contre la jalousie et les tensions entre les cuisiniers et les membres du service. Inutile de mentionner qu’un environnement de travail dépourvu de tension est avantageux pour le client, le cuisinier, le serveur et le propriétaire.

Maximilien Duclos

En faveur du partage

Mon fils est chef cuisinier et son CV est étoffé. Il pratique donc son art dans des établissements où les factures sont « salées ». Les serveurs gagnent donc, avec pourboires, de deux à trois fois plus que lui. Pourtant, les clients choisissent avec trois critères : la nourriture, l’atmosphère et le service. L’atmosphère étant la responsabilité du proprio, la satisfaction du client dépend des deux autres critères. Les serveurs et serveuses ne font pas de pourboire si la cuisine n’est pas à la hauteur. Il est temps de les forcer à le faire.

Martin Blouin

Oui, Je pense que c’est une autre forme de solidarité sociale, un partage de la richesse permettant à tous de vivre mieux des conditions de travail pas toujours faciles. Des serveurs aux cuisiniers, et tous ceux entre les deux, tous plus heureux jusqu’aux clients qui le seront aussi de profiter des efforts et du travail de tous.

Marie-Andrée Richard

Oui absolument, ça nous aiderait beaucoup à avoir de meilleurs cuisiniers et à inciter la nouvelle génération à venir dans le domaine de la restauration. Avec ce manque d’employés en cuisine, ça serait un avantage de les attirer. Et aussi, nous sommes la seule province au Canada à avoir ce genre de loi.

Eric Girard, restaurants Olive et Gourmando, Foxy, Un Po Di Piu 

Quand je donne un pourboire, c’est pour l’ensemble de la prestation. Si mon plat est très moyen et que j’ai patienté une heure pour le recevoir, peu importe l’attitude du serveur, je ne suis pas content. De la même manière, si je suis heureux de mon expérience, tout ceux qui ont participé ont droit à une part du pourboire.

Benoit Marquis 

Devant l’iniquité salariale en restauration avec service, un pourboire minimum obligatoire (par exemple 12 %) à partager entre le personnel de cuisine et de service avec un pourboire complémentaire au personnel de service à la discrétion du client pourrait être une piste de solution.

Robert Demoy

J’ai travaillé 22 ans en restauration et je dis depuis les années 1980 que le principe des pourboires est inéquitable. Il est faux de croire que le pourboire assure un meilleur service et qu’un employeur ne peut évaluer la qualité de son personnel et congédier ceux qui négligent la clientèle. Au point de vue fiscal, les problèmes sont nombreux tant pour le gouvernement que pour les employés. Jamais les agences de revenu ne pourront connaître les revenus exacts de tous ceux qui reçoivent des pourboires (serveur, livreurs, chauffeurs de taxi, coiffeurs, etc.). Pour les employés, on paie moins de charges sociales (RAMQ, chômage, etc.), mais on reçoit moins aussi, une mise à pied peut être plus difficile que pour les autres travailleurs. De plus, nos dossiers de crédit ne reflètent pas la juste capacité d’emprunt de ces employés. Le coût d’un repas au restaurant devrait inclure un pourcentage qui serait réparti entre les employés de façon équitable.

Marcel Gaudet

Contre le partage

Lorsque je donne un pourboire au serveur, je considère avoir eu un bon service. Il se peut que le pourcentage varie selon la qualité de son service. Alors il revient définitivement au serveur et non à l’équipe.

Chantal Bourdon

Il est vrai que les équipes en cuisine ne gagnent pas suffisamment et qu’il s’agit d’un métier rude. Mais ce n’est clairement pas en prenant à Pierre que l’on donne à Jacques. Ce n’est qu’un plan pour que les tenanciers évitent d’avoir à payer raisonnablement leurs équipes en cuisine et pour s’en laver les mains.

Jean-François Danel

Ayant eu moi-même cinq restaurants, le pourboire doit rester au serveur qui propose les plats cuisinés aux clients. Je dis bien un serveur et non un porteur d’assiettes. Je suis arrivée au Québec avec un bagage de diplômes en service de table et de sommelière. J’avais 18 ans. Je gagnais des pourboires royaux et les clients revenaient me voir régulièrement. Si j’avais un sixième restaurant, je n’accepterais pas que les serveurs divisent leurs pourboires. Devenir serveur c’est tout un art.

Chantal Leblanc.

Ne pas oublier que le salaire des employé(e)s au pourboire est beaucoup moins élevé et qu’un pourboire, à mon avis, devrait être donné selon la qualité du service reçu !

Avant de songer au partage du pourboire, on devrait peut-être songer à la rémunération des employé(e)s en restauration.

Normand Choquette

Pourquoi les propriétaires de ces établissements veulent-ils faire changer la règle du pourboire ? Ils veulent plus de profits dans leurs poches. Je suis un serveur et barman à la retraite. Je suis contre le partage du pourboire. Subventionner les patrons ? Non merci. Qu’ils paient les cuisiniers à leur juste valeur ou qu’ils ferment boutique.

Louis Plante

Je travaille dans la restauration depuis plus de 40 ans et je ne suis pas d’accord avec le partage des pourboires avec la cuisine. J’ai eu une mauvaise expérience dans un restaurant. On donnait 30 % de nos pourboires au maître d’hôtel et à la cuisine, mais le maître d’hôtel était le propriétaire de l’établissement et sa femme était la cuisinière. Les autres membres de la cuisine n’ont jamais eu un sou de ce qu’on donnait.

Christine Pilote

Comme en France, en Italie, en Australie…

On devrait faire comme en France où le service est ajouté. Les serveurs ont une garantie salariale et on évite aux pingres de se défiler.

Mario Chabot

J’arrive d’Italie où j’ai passé deux merveilleuses semaines et j’ai adoré leurs restaurants, premièrement parce que la bouffe italienne est simple et délicieuse, et deuxièmement parce que quand tu regardes le menu, le prix indiqué comprend les taxes et le pourboire, donc pas de surprise, alors qu’au Québec un repas à 25 $ sur la carte va te coûter réellement près de 40 $ avec l’ajout des taxes et le pourboire de 15, 18, 20 % ou plus calculé à partir du coût initial plus taxes.

Maurice Ladouceur

J’arrive tout juste d’un séjour en Australie où taxes et pourboire sont inclus dans la facture. Merveilleux ! Le service à la clientèle est peut-être un peu moins chaleureux, mais tout aussi efficace et les employés sont payés justement et équitablement. Vivement la pareille chez nous !

Nathalie Brunette, Gatineau

Personnellement, je supprimerais les pourboires. Je préférerais de loin payer plus cher mon repas au restaurant à la condition, évidemment, que le salaire des employés soit majoré, donc ne soit pas tributaire des pourboires. Si le service est vraiment mauvais (ce qui n’arrive pas si fréquemment), il y a toujours la possibilité de se plaindre au gérant. Inversement, en cas de service exceptionnel, il y a toujours la possibilité d’adopter la façon de faire en Europe, soit laisser un montant supplémentaire.

Jean Dufresne, Sherbrooke