La chronique d’Isabelle Picard « Passer à autre chose », rédigée après le passage du pape au Canada, a ému de nombreux lecteurs. Mais d’autres, moins empathiques, ont plutôt manifesté leur lassitude à entendre parler du sort des autochtones. Ces témoignages démontrent que tous ne cheminent pas au même rythme sur le chemin de la réconciliation.

Lisez « Passer à autre chose »

Quel magnifique texte, touchant, intelligent, interpellant et sage ! Il arrive qu’on tombe sur un écrit qui nous donne le goût de serrer l’autre dans nos bras, de nous tenir près de lui ou d’elle avec fierté même si d’autres nous regardent croche, de refaire le monde, avec ou sans bière, en laissant s’exprimer nos montées de lait, en s’écoutant, puis en laissant nos yeux rêveurs briller de solidarité et d’espoir. C’est ce que ce texte me fait ressentir. Merci Mme Picard de vous être ouverte à nous. Au plaisir de vous relire et, peut-être, de faire briller nos yeux à distance !

Denis Vallée 

L’histoire, de tous les temps, de tous les continents, d’un très grand nombre de peuples est remplie de conquêtes, de subordination par les envahisseurs, etc. La majorité s’en sont remis ou, à tout le moins, un grand nombre en ont tiré des leçons et, heureusement, même blessés ou frustrés, ont évolué. Cette fixation sur le pardon, la réconciliation, etc., laisse un goût amer et est un irritant majeur pour un grand nombre de personnes, incluant des membres des Premières Nations, dont le silence est pour moi significatif. Je ferais un parallèle grossier avec les leaders syndicaux et les syndiqués. Les intérêts des seconds ne sont pas toujours ceux des premiers, au contraire. Il serait effectivement plus que temps de passer à autre chose.

Claude Ménard, Laval

Oui, de grâce, passez à autre chose ! Vous n’êtes pas les seuls à avoir subi des sévices. Que peut-on faire après les excuses, après les demandes de pardon, après les dédommagements ? Ce n’est pas en ramenant ça sans arrêt sur le tapis qu’on avance. En effet, il est grand temps de passer à autre chose !

Raymonde St-Amour

Il ne faut pas passer à autre chose justement. Je sais combien la perception des autochtones est chargée de préjugés chez trop de Québécois encore aujourd’hui. La visite du pape François aura au moins eu l’avantage de mettre une partie de la réalité autochtone dans l’actualité pendant près d’une semaine. Espérons que pour quelques allochtones, cette visite et ces paroles, malgré leurs limites, auront permis certaines prises de conscience.

Jean-Marc Charron, Montréal

Je veux simplement vous dire que je comprends parfaitement votre fatigue émotionnelle, votre frustration, votre découragement. Des ignorants, des imbéciles, des intolérants, il y en aura toujours. Pour vous et votre communauté, j’espère que vous atteindrez la plénitude si bien résumée par le DStanley Vollant : « Je souhaite être la dernière génération à ressentir cette douleur profonde et être un bouclier pour mes enfants. » Votre résilience et votre bonté vaincront les ignorants qui vous entourent.

Denis Cossette

Je comprends mes concitoyens d’en avoir marre d’entendre parler de ces problèmes. Je dis à mes concitoyens, imaginez-vous si vous étiez autochtones ! Nos ancêtres les ont dépouillés de leurs terres, les ont marginalisés, ont tout mis en place pour les intégrer dans notre société avec nos lois et nos valeurs. Nous leur avons enlevé leur gagne-pain et leur avons donné des chèques tout en les limitant dans des champs appelés « réserves ». Aujourd’hui encore, il y a beaucoup de villages autochtones sans eau courante et sans service élémentaire. C’est inacceptable ! Commençons à les supporter et faisons pression auprès de nos élus qui n’assument pas leurs responsabilités. Et surtout, respectons les autochtones, leurs valeurs et leurs cultures. N’oubliez pas, ils étaient ici avant nous.

Gilles Hébert, Saint-Jérôme

Mon arrière-grand-mère maternelle, Marie, du lac des Îles à Maniwaki, était algonquine. Pour elle, pour tous ceux et celles qui ont souffert et ceux et celles qui souffrent encore de ce génocide, je dis aussi que le temps que cela prendra pour guérir n’a pas à être évalué par quiconque. Vous qui n’avez jamais vu une réserve ou n’avez jamais entendu une grand-mère vous raconter le racisme vécu par les siens, soyez généreux. Allez à la rencontre de la beauté morale de ces nations, allez entendre la douceur des mots de ces gens, découvrez le cœur bienveillant de ces peuples qui vivaient ici avant nous. Ma grand-mère m’a raconté la vie quotidienne de mon arrière-grand-mère et nous avons beaucoup à apprendre de ces coutumes : préservation de la nature, respect de la terre, des animaux et des humains, lecture du temps, des intempéries à venir, gratitude pour ce qui est offert, médecine du corps et de l’esprit, partage du savoir sans compétition.

Carole Maisonneuve, petite-fille d’une grand-mère métissée, arrière-petite-fille d’une arrière-grand-mère algonquine, je dis avec grande fierté, j’en suis !

À ceux qui veulent en apprendre davantage sur les préjudices subis par les peuples autochtones au Canada, je vous recommande fortement de visionner gratuitement le documentaire de Richard Desjardins « Le peuple invisible » par l’entremise de l’application de l’Office national du film du Canada (ONF). Je suis de tout cœur avec vous et les vôtres, Madame Picard, et je vous souhaite bon courage !

Luc Montmarquette