De nombreux lecteurs ont commenté le dossier de Paul Journet sur les Forces armées canadiennes, publié le 27 mars dans la section Contexte. Voici un aperçu des courriels reçus, une majorité se disant favorable à une augmentation du budget de la Défense.

Lisez « Nos Forces désarmées »

Se réveiller

Je suis heureuse de vivre dans un pays qui n’a pas eu besoin, jusqu’ici, de donner plus de 2 % de son PIB à l’OTAN. Mais aujourd’hui, avec toutes ces guerres qui tournent autour de nous… je crois qu’il est temps de se réveiller. Tant pour nos militaires que pour nos frontières, surtout celle du Grand Nord.

Monique Lepage

Fierté désarmée

Comme baby-boomer ayant servi 41 années dans un effectif qui est passé de 125 000 à quelque 60 000 membres de Forces actives, qui s’effrite allant jusqu’au recrutement, ma fierté s’est aussi désarmée, au point de retirer ma plaque de vétéran de ma berline.

Yves Généreux

Matériel désuet

Alors que l’OTAN hésite à fournir des avions de combat aux Ukrainiens, les nôtres ont 40 ans ! Combien ont coûté toutes ces annulations d’achats ? Au moins le coût de deux ou trois de ces avions. Je peux comprendre qu’on veuille le plus sophistiqué et le plus moderne des appareils disponibles sur le marché, mais il est évident que de posséder des avions de combat vaut mieux que de ne pas en avoir du tout… Et, évidemment, cela s’applique au remplacement de tout le matériel militaire désuet canadien, des hélicoptères aux navires en passant par les missiles et même les uniformes de camouflage, ridiculement aux mauvaises couleurs…

Alan Charles

Négocier la paix

Entièrement d’accord qu’il faut une meilleure armée avec des équipements ultralégers et ultrarapides. C’est bien plus facile de négocier la paix quand on a une bonne armée pour se défendre, si besoin il y a ! Pensez-vous que Poutine aurait envahi l’Ukraine si celle-ci avait encore toutes ses ogives nucléaires ?

Réjean Malette

Investir dans la surveillance

En raison de l’immensité du territoire et de la petitesse de sa population, le Canada n’aura jamais les moyens, ni en argent ni en soldats, d’assurer une défense de son territoire à la hauteur de ce qu’on voit dans la guerre en Ukraine. En plus, l’évolution technologique rapide entraîne une nécessité de renouveler les équipements militaires ou de les mettre à niveau à des coûts toujours plus élevés. Il faut y ajouter les coûts de formation des militaires (pensez seulement au coût de formation et d’entraînement d’un pilote de chasse) ! Alors, y a-t-il d’autres solutions qu’une augmentation d’un armement acheté d’occasion et toujours insuffisant ? Investir massivement dans la surveillance serait peut-être un meilleur choix : radar, systèmes d’alerte et cybersurveillance… De toute façon, si les Russes ou les Chinois s’avisaient de mettre le pied dans nos eaux territoriales, je suis certaine que les États-Unis sortiraient leurs griffes sans même nous demander notre avis.

Christine Besson

Réarmement intelligent

Avec ces propos d’Andrew Leslie, votre analyse semble bien décrire une réalité désolante en période de guerre, mais assez bien adaptée en temps de paix. Toutefois, ça s’éloigne un peu du si vis pacem para bellum de nos maîtres romains forts en guerre. J’ai toujours été plutôt contre les dépenses militaires, ayant vécu au Québec toute ma vie, qui n’a pas connu la guerre sur son territoire depuis disons 1812. Maintenant, je crois qu’il n’y a pas d’autre choix que de rehausser nos mécanismes de défense par un réarmement intelligent, bien ciblé sur les armes qui fonctionnent comme des petits bijoux portatifs capables de descendre un avion à réaction ou de neutraliser un tank qui, dans ces conditions, me paraissent être des armes désuètes. Par ailleurs, comme la majorité des guerres actuelles et du siècle dernier me semble déclenchées par des pays dirigés par des dictateurs un peu psychopathes, j’aurais tendance à engager dans l’armée et le corps diplomatique des psychologues et des psychiatres capables de cerner les façons de penser et les comportements de ces dirigeants pour mieux anticiper leurs actions et leur tendance belliqueuse. Wishful thinking, sans doute.

Hugues Beauregard

Plus ça change, plus c’est pareil

J’ai servi dans les Forces armées canadiennes (FAC) pendant 39 ans, de 1974 à 2013. Rien n’a changé concernant le sous-financement de nos militaires. On a d’excellents soldats, mais il manque les budgets pour les équiper et les entraîner adéquatement pour faire face aux menaces qui évoluent et qui, au XXIe siècle, se manifestent sous la forme des armées mieux équipées, comme celles de la Russie et de la Chine. Ça prend 10 à 15 ans pour faire l’acquisition et l’intégration d’équipements militaires modernes. Malheureusement, nos gouvernements ont une vision et une volonté politique sur un horizon de quatre ans, qui correspond au cycle électoral. On verra dans le prochain budget des vœux pieux pour augmenter le budget des FAC avec possiblement des annonces d’achats d’équipements, mais lorsque la présente crise en Ukraine sera passée, ces vœux pieux seront vite oubliés ou reportés pour financer les priorités du jour. Plus ça change, plus c’est pareil. Cela résulte du sentiment de sécurité qu’on a grâce à notre situation géographique, étant bordé de trois océans et partageant une seule frontière terrestre avec un pays allié qui a les forces armées les plus puissantes au monde. Pour changer ce paradigme, le Canada a besoin de définir quelle place il veut occuper dans le monde, soit celle d’un spectateur passif sans influence ou celle d’un citoyen du monde responsable et actif qui pourra contribuer et influencer l’évolution de l’ordre mondial. Lorsqu’on aura décidé quelle place on veut occuper dans le monde, il ne nous restera plus qu’à élire des leaders qui auront une vue plus stratégique et doteront nos Forces armées des budgets nécessaires pour qu’elles puissent fournir une contribution crédible dans le monde au niveau de nos ambitions.

Jacques Morneau, colonel à la retraite, Mont-Saint-Hilaire