Le reportage d’Ariane Lacoursière au Danemark sur le tsunami gris, publié le 10 octobre dans Contexte, a suscité de nombreux commentaires. Voici un aperçu des courriels reçus.

Lisez le reportage d’Ariane Lacoursière

Mission impossible

Ce pays possède depuis longtemps une culture communautaire axée sur les services offerts à la population. Ils sont au service de la personne. Ici, nous avons une culture axée sur la bureaucratie, le cloisonnement des postes, l’organisation du travail, la centralisation et les conventions collectives. Les personnes sont au service du service public. C’est une mission impossible de croire que nous arriverons à la cheville de ce qui se passe au Danemark et ailleurs en Europe.

Michel Damphousse

Un beau projet de société

On sort les soins à domicile des CISSS et CIUSSS. On le voit bien avec ces monstres étatiques que la formule ne fonctionne pas. Ramenons les soins à domicile à une échelle plus humaine, avec un financement distinct. Par la bande, on pourrait décloisonner les tâches avec des conditions de travail distinctes. N’en déplaise aux syndicats. Les municipalités pourraient gérer cela en partenariat avec un organisme communautaire local, mais il faut que le financement suive, sinon on se ramasse au point de départ. Le financement doit être conséquent aux réalités régionales aussi. Soigner 10 personnes dans un quartier comme Hochelaga-Maisonneuve ne coûte pas le même prix et ne nécessite pas la même logistique que 10 personnes dans une zone rurale, en Abitibi ou ailleurs. Un beau projet de société qui pourrait faire du Québec un leader en la matière au Canada.

Marc Ladurantaye

Une norme qui doit changer

La qualité des soins à domicile implique obligatoirement la stabilité des soignants à domicile. Tout le monde est gagnant. Malheureusement, au CLSC de notre patelin (Drummondville), cet aspect n’est pas considéré : sept auxiliaire aux services de santé et sociaux différents en sept jours, c’est la norme (malgré les plaintes de la clientèle).

Denis Kirouac

Une bonne idée… qui coûte cher

C’est évidemment une bonne idée de s’inspirer du Danemark. Cependant, les impôts à la source, selon ma recherche rapide, sont de 52 % sur le revenu au Danemark (similaire au taux combiné ici) et les taxes à la consommation sont de 25 %. Tous doivent payer 8 % de leur salaire ou revenus de pension comme contribution qui ressemble au chômage et au régime des rentes. Ne pas oublier que le dédoublement de l’État (fédéral et provincial) coûte cher ! Est-ce que les Québécois sont prêts à payer plus ?

Michèle Jenneau, Montréal

Beaucoup à apprendre

Ce qui m’inspire le plus dans ce reportage, c’est que les aidants à domicile du Danemark sont multitâches tandis que les aidants québécois sont très spécialisés. Au Danemark, les bénéficiaires peuvent plus facilement s’identifier à la personne qui les aide, tandis que les bénéficiaires québécois doivent nécessairement apprivoiser un plus grand nombre d’intervenants. Les intervenants danois voient moins de bénéficiaires chaque jour et passent ainsi moins de temps à se promener d’une maison à l’autre au cours de la journée. Nous avons beaucoup à apprendre du Danemark.

Claude Garcia

« J’aimerais vivre au Danemark »

J’aimerais vivre au Danemark. J’aurai bientôt 79 ans et j’habite seule dans ma maison. Il n’y a pas que les soins de santé. Si j’ai besoin de changer une ampoule au plafond, entretenir l’extérieur de la maison, une pile à changer dans le détecteur de fumée, etc. Nos élus, ces personnes utopiques dans leurs projets, devraient réfléchir à former et à trouver des personnes à la retraite qui pourraient aider les aînés à la maison à accomplir ces tâches trop difficiles pour la petite vieille seule.

Louise Larose

Le mauvais virage

Je déménage au Danemark parce qu’ici, au Québec, on n’écoute pas les aînés, on continue de penser pour eux. Une maison pour aînés, aussi luxueuse soit-elle, ne privilégie que quelques aînés. Combien de plus, à domicile, pourraient en bénéficier avec ces sommes ? On prend le mauvais virage parce qu’un aîné à domicile mène une vie plus normale et lumineuse.

Lise St-Laurent

Des Wayne Gretzky québécois sur le banc

Le Québec a la maladresse notoire de garder sur le banc des Wayne Gretzky comme le DRéjean Hébert (que dire de la Dre Joanne Liu, experte en pandémie) qui jouit pourtant de notoriété, même à l’étranger, et qui propose des solutions similaires. Depuis le ministre Rochon, les gouvernements prônent le maintien à domicile : des paroles, mais pas de gestes concrets… au plus, timides. J’ai été chef du service de gériatrie pendant plus de 10 ans à Granby et responsable des services médicaux des CHSLD pendant 25 ans ; j’ai fait, en moyenne, plus de 300 visites à domicile par année pendant 42 ans auprès de ces personnes vulnérables : les bureaucrates loin du terrain sont incrustés dans leur immobilisme par peur de faire des vagues… et par manque d’imagination. Quant aux politiciens : beaucoup de mousse, peu de chocolat !

Richard Gosselin, médecin depuis 1971

Une stabilité impressionnante… et nécessaire

Ce qui m’impressionne, c’est la stabilité du personnel auprès des patients. Ma mère a terminé ses jours dans une résidence pour personnes non autonomes. Elle y a passé plus de 15 ans. Elle avait de très bons soins, mais souvent avec du personnel changeant, surtout les dernières années. Les moments les plus traumatisants pour elle étaient lors des bains, une fois par semaine. C’était souvent une personne différente : un jeune homme, une nouvelle préposée, une remplaçante… La dignité humaine, le respect pour ce corps vieillissant, on oublie ça. Nous la trouvions extraordinaire, ma mère, jamais elle ne se plaignait et n’émettait une objection. Quelle femme !

Denise Gendreau

Un système axé sur le gros bon sens

J’ai longtemps travaillé dans le réseau des CHSLD, et ça ne date pas d’hier que le Québec s’inspire du Danemark en ce qui a trait aux services offerts aux personnes en perte d’autonomie. Le Danemark a toujours été un modèle. Je trouve leur système axé sur le gros bon sens. Ce qui serait difficile à appliquer ici, c’est la multiplicité des tâches, vu l’importance et l’influence des syndicats dans le milieu. Par contre, je ne suis pas d’accord quand on affirme qu’une infirmière qui donne des soins de base ou qui ramasse un peu dans la maison en chemin fait perdre du temps pour aller donner des soins à un autre patient. Si on calcule le temps que tous les intervenants perdent sur la route afin de distribuer des soins spécialisés d’un patient à l’autre, en plus des frais de transport, ce serait beaucoup plus rentable. Mais les syndicats et les ordres accepteraient-ils ces changements ? Ça reste à voir…

Gisèle Pilette

Une approche souhaitable

PHOTO OLIVIER JEAN, LA PRESSE

Les préposés aux bénéficiaires Cina Paulsen et Pia Hansen donnent des soins à Kevern, qui est atteint de la maladie de Parkinson.

Je suis en accord avec ces initiatives : le décloisonnement des tâches est la priorité absolue. Sans ces changements, nous nous buterons au plafonnement des tâches à intégrer. Les expériences vécues par le passé ont démontré des batailles syndicales rangées dans certaines régions du Québec. Cependant, cette approche, je la souhaite aux Québécois. Comme tout changement, nous nous adapterons.

Raymond Goulet