L’éditorial d’Alexandre Sirois sur la libération des deux Michael par la Chine, publié le 26 septembre dans la section Contexte, a suscité de nombreux commentaires. Voici un aperçu des courriels reçus.

Lisez « Surtout, ne pas tendre l’autre joue »

Rejeter le géant chinois en communication

Excellent éditorial. Quel serait maintenant le moyen le plus efficace pour rejeter le géant chinois de s’insérer dans notre infrastructure de communication ? Ce serait l’insulte suprême si le Canada autorisait la technologie chinoise !

Jacynthe Dancause, Québec

Ne plus mettre les pieds là-bas

D’abord et avant tout, recommander très fermement à tous les Canadiens de ne plus mettre les pieds là-bas !

Louis J. Bérard

Manipulé par son voisin

Vous n’êtes pas nombreux à n’avoir pas compris, dès le départ, que les emprisonnements étaient des représailles de la part de la Chine, qui répliquait ainsi au coup porté par Donald Trump dans son affrontement avec elle. Vous êtes par contre nombreux à ne pas comprendre que les échanges économiques sont une guerre qui ne porte pas son nom et qu’ils finissent souvent par la guerre, la vraie. Demandez à Emmanuel Macron ce qu’il en pense ! Vous êtes encore plus nombreux à ne pas comprendre que le Canada a été utilisé par les États-Unis. Et qu’un pays qui se respecte ne tolère pas une heure d’être manipulé comme le Canada l’a été par son voisin.

Pierre Lemaire

Motifs politiques inavoués

Le problème est davantage le questionnement de l’accord d’extradition avec les États-Unis que les relations avec la Chine, qui n’avaient jamais été vraiment perturbées avant la gouvernance extérieure et intérieure pitoyable de Donald Trump. La détention arbitraire des deux Michael était directement liée à la détention tout aussi « arbitraire » de Mme Meng par le Canada exigée par les États-Unis, davantage pour des motifs politico-financiers que criminels, afin notamment de freiner l’expansion internationale de Huawei au profit des télécoms américaines. Il est assez cynique de constater qu’on reprochait à Huawei le non-respect des sanctions américaines unilatérales envers l’Iran après qu’ils se sont retirés unilatéralement de l’accord de non-prolifération du nucléaire signé sous Obama, sans respect et au grand dam de plusieurs pays occidentaux qui l’avaient endossé. Le Canada devrait se doter d’une politique d’extradition courageuse qui inclut des dispositions lui permettant de s’y opposer pour des motifs politiques inavoués, une entente qui permettrait de ne plus servir de bouc émissaire victimaire aux chicanes entre les impérialismes chinois et américain.

Alain Dupuis

Le Canada n’est pas une victime

Par son action dans cette crise et la libération immédiate des deux Michael, la Chine vient de dire clairement à l’ensemble de la planète qu’elle ne tolérera pas la saisie illégale de ses ressortissants à l’étranger. Le Canada n’est pas une victime, c’est le provocateur. Les arguments d’État de droit sont ici purement fantaisistes. Les deux Michael sont des victimes collatérales du gouvernement canadien, du manque de colonne vertébrale du premier ministre du Canada qui a accepté de jouer dans cette mauvaise comédie. Le pays le plus dangereux pour le Canada n’est pas la Chine, c’est notre voisin américain pour qui l’État de droit est une fiction qui s’accommode à toutes les sauces en fonction de ses intérêts politiques.

Pierre Lamoureux, Québec

Discours de guerre froide

Je suis d’accord avec une position plus confiante et moins idéaliste envers la Chine, mais je crois que vous faites fausse route lorsque vous écrivez : « Le régime de Xi Jinping a décidé qu’il allait lutter pour imposer son modèle au reste du monde et affaiblir celui des démocraties libérales comme la nôtre. Et il n’hésitera pas à s’en prendre à tous ceux qui se trouvent en travers de sa route. » Cela ressemble étrangement au discours américain face à l’Union soviétique durant la guerre froide afin de convaincre plusieurs nations que si elles ne sont pas avec eux, elles sont contre eux. Les Chinois sont plus pragmatiques et moins idéalistes que les Soviétiques, et ce sont les Américains qui semblent plus idéologiques et nerveux face à l’inévitable montée de la Chine sur l’échiquier mondial. Ce rebalancement postcolonial se fait au détriment de la nation qui ne veut pas perdre son contrôle économique, culturel et militaire de la planète. Les Américains sont en train d’en faire une autre guerre froide, plus dangereuse que la précédente, et il ne faut pas accepter leur positionnement, ou celui des Chinois, sans évaluation critique non biaisée.

Michel Chouinard

Prendre parti en tant que citoyen

Cette montée en puissance de la Chine démontre un côté pernicieux d’une mondialisation de l’économie où l’argent est devenu la priorité sur les droits de la personne. Je crois qu’il est utopique de compter uniquement sur nos politiciens pour changer la donne. En tant que citoyen, il faut aussi prendre parti en surveillant la nature de nos achats personnels qui viennent de pays comme la Chine et encourager nos économies locales.

Michel Laplante, L’Ascension

Des leçons à tirer

Seul face à la Chine, le Canada ne fait pas le poids.

Pendant ce temps, Washington, Londres et Canberra scellent un pacte pour contrer la Chine. Pourquoi d’anciens alliés naturels du Canada ne nous ont pas invités ? Nous partageons pourtant la plus grande frontière commune avec les États-Unis et c’est sans compter que nous faisons partie du Five Eyes avec ces derniers ainsi que la Nouvelle-Zélande. Serait-ce le manque de leadership du présent gouvernement face à Huawei et à la 5G ? Ou encore notre pâle figure sur le plan international pour que nos alliés naturels nous boudent ?

La Chine prend de plus en plus de place sur l’échiquier mondial, surtout dans les pays sous-développés ou en voie de l’être. Elle n’a que faire de leurs politiques internes ou qu’ils respectent les droits de l’homme. À ménager le chou et la chèvre comme le fait le présent gouvernement, l’on risque de finir bien seul face à ce monstre que devient la Chine. Et l’on ne parle même pas de la Russie et de ses ambitions dans l’Arctique avec ses brise-glaces.

Non, si le Canada ne se réveille pas, le lendemain de veille risque d’être très dur avec la Chine. En trois ans, il me semble qu’on a des leçons à tirer.

Marc Ladurantaye, Val-d’Or