Vous avez été plus de 700 lecteurs à répondre à notre appel à tous, les avis étant partagés face aux excuses du président du Canadien. Voici un aperçu des courriels reçus.

« Boys club »

Et si c’était la fille ou la petite-fille d’un des membres de ce « boys club » qui avait été abusée de la sorte, accepterait-il ce type d’excuse ? Donner un contrat de cette nature : excellent salaire, notoriété et visibilité à un jeune accusé d’un acte aussi ignoble laisse perplexe sur l’opinion que ce propriétaire porte sur son club. Oublie-t-il que le club de hockey du Canadien est vénéré par ses partisans et qu’un joueur comme Logan Mailloux entache sérieusement sa réputation ? Je ne crois pas que les excuses de Geoff Molson soient sincères. Oui, pour le paraître et l’obligation de le faire, mais non pour la sincérité. Son objectif de faire gagner le club à tout prix en acceptant de recruter un joueur coupable, car Mailloux a été reconnu coupable, au détriment des valeurs d’une société juste et équitable est inacceptable. — Diane Mathieu-Paul

Survivre au traumatisme

C’est dommage d’en être rendus là. Si Logan avait commis son crime au Québec, personne ne l’aurait su, car il aurait été jugé comme mineur devant le Tribunal de la jeunesse, où tout est confidentiel. J’espère que ce jeune sera capable de survivre au traumatisme qu’il a sûrement subi dans les derniers jours en étant diabolisé dans les médias. C’était stupide ce qu’il a fait, mais il n’est pas le premier qui aura fait un geste regrettable quand il était mineur. Souhaitons qu’il s’agisse d’une erreur de jeunesse et non d’un indice d’une personne à problèmes et qu’il pourra faire valoir son talent exceptionnel au hockey. — Claudette Dagenais

Opération de relation publique

Non, je ne suis pas satisfaite, ce n’est qu’une opération de relation publique. De plus, j’aimerais aussi faire savoir que la LNH aurait dû respecter le demande du jeune joueur de ne pas être repêché cette année et lui permettre de régler son problème. — Maryse Lauzon

Deuxième chance

Il faut donner une deuxième chance à ce jeune homme. Il se rappellera de cette bourde toute sa vie de même que beaucoup d’autres ados ! Je partage les explications de M. Molson et la décision de l’avoir repêché. — Pierre L. Comtois.

Un coup fumant

En fait, dans un monde idéal, il n’aurait pas à s’excuser et d’ailleurs ce ne sont que des mots pour calmer la galerie (de presse pour beaucoup) puisque la décision est maintenue. Qu’un jeune ait gaffé en envoyant des photos de sa partenaire nue à des amis ne fait pas de lui un violeur, un agresseur ou un futur auteur de féminicide. Toutefois, il était sur une pente inquiétante. Son passage à la cour, ses regrets, son suivi par une psychologue et, surtout, la médiatisation de son écart de conduite lui ont fait largement payer sa faute. Que le Canadien en ait profité pour le repêcher est un coup fumant. Voire rassurant quant à la possibilité d’être au-dessus d’une certaine vision moyenâgeuse où le puritanisme d’un mouvement exclut la logique et le bon sens. — Ronald Blais

Banalisation

Je ne crois pas à la sincérité de ses excuses. Je pense qu’il tente de sauver la perte de commanditaires. Ce jeune garçon aura effectivement droit à une deuxième chance quand il aura pris de la maturité et saisit que ses actes entraînent des conséquences. Nous soulignons que pour que la violence envers les femmes cesse, il faut que les hommes s’impliquent. Ici, nous avons plutôt affaire à une banalisation de l’évènement. C’est regrettable. — Gaétane Lemay

Mauvaise décision

À mon avis, le Canadien a fait plus de torts que de bien en exposant le joueur sur la place publique et le bûcher des réseaux sociaux. Là, à 17 ans, le joueur devra vivre longtemps avec l’étiquette du délit sexuel, pas facile. S’il n’avait pas été repêché cette année, il aurait pu vivre une réhabilitation plus discrète et normale, tout comme la victime. Et après un an ou deux, il aurait été plus facile de confirmer le sérieux du changement de comportement. Le Canadien s’est donc tiré une balle dans le pied tout en blessant davantage le joueur et son environnement. Mauvaise décision. Et les excuses n’aident en rien. — Denis Latour

Conflit intrapsychique

La lettre de M. Molson n’est pas essentiellement une lettre d’excuses. Elle est aussi une lettre d’aveux de son manque de sensibilité au climat social actuel concernant les inconduites sexuelles et les blessures qu’elles infligent à ceux et à celles qui en sont victimes. On comprend que sa décision d’embaucher le jeune Mailloux est avant tout une décision d’affaires, ayant davantage à l’esprit son talent au hockey que sa délinquance sexuelle. Cette observation s’exprime dans la volonté de son organisation de réhabiliter le jeune homme en lui accordant une deuxième chance et en lui offrant tout l’accompagnement nécessaire. En cela, il montre une conscience sociale que tous les employeurs n’ont pas, en particulier lorsqu’il s’agit de délits sexuels. Quant aux excuses que contient la lettre, je les crois sincères et je pense qu’en visant plus particulièrement les victimes de crimes sexuels, dont la souffrance est énorme, il fait preuve d’empathie et de sensibilité à leur égard. Selon moi, le dossier Logan Mailloux aura été à l’origine d’un affligeant conflit intrapsychique partagé entre trois variables : la reconnaissance que l’on doit aux victimes de ces crimes et toute notre considération ; la reconnaissance, que comme société civilisée, les délinquants sexuels méritent d’être traités avec dignité ; et enfin, les émotions que suscite en moi l’incroyable politisation de ces affaires, qui renvoie les hommes à un genre malveillant. Heureusement, dans sa lettre d’excuses, Geoff Molson se montre bienveillant. Il nous réhabilite. — Roch Bouchard