Sans surprise, l’éditorial d’Alexandre Sirois publié le 26 juin* sur les pensionnats autochtones a suscité de nombreux commentaires. Voici un aperçu des courriels reçus.

Honte, honte, honte

Ces découvertes et celles qui seront faites illustrent l’horreur des pensionnats autochtones et la honte ressentie par des millions de Canadiens. Honte parce que nous n’avons pas cru ceux et celles qui ont raconté leurs peines, leurs pertes d’êtres chers, leurs vécus dans ces écoles de réforme. Honte parce que des religieux et des religieuses catholiques romains ont accepté de participer à un génocide culturel ; ils ont fait souffrir des enfants innocents, arrachés de force à leurs parents et à leurs communautés et camouflé les viols et violences physiques, psychologiques et sociales. Honte parce que ces religieux ont enterré des corps d’enfants sans même en informer les familles de ces derniers. Effectivement, on ne peut plus se mentir. Les communautés religieuses responsables de cette horreur et de ces crimes dans tant de pensionnats au Canada ne peuvent plus nous mentir et se défiler devant la vérité qui se présente à nos yeux. Honte à ces communautés qui continuent à nier les faits révélés.

Raymond Grenier, Montréal

De nombreuses questions

Je ne veux pas diminuer l’impact des dernières découvertes sur les sites de pensionnats autochtones et je pense qu’on doit avoir des explications sur les morts de ces enfants. On doit savoir de quoi ils sont morts. Sont-ils morts de maladie ? On sait que la tuberculose faisait des ravages dans ce temps-là. Les morts se sont déroulées sur combien d’années ? Combien en sont sortis vivants ? Quelle est la part de l’Église et de la religion dans ce scandale ? Il est trop tôt pour parler de génocide, mais il est évident qu’au Québec, jamais on n’accepterait de faire revivre cela à qui que ce soit.

Pierre Lemelin

À peine mieux aujourd’hui

Tellement honte que ces atrocités soient arrivées au Canada. Par des religieux qui faisaient des reproches aux catholiques qui ne souscrivaient pas à tous les dogmes de l’Église. Et que dire de la complicité et des encouragements des politiciens fédéraux et provinciaux. Croit-on qu’on fait mieux aujourd’hui ? À peine, pensons aux soins de santé discriminatoires, aux villages autochtones sans eau potable, au manque incroyable de maisons sur les réserves, lieux fondés sur la Loi sur les Indiens. On pourrait commencer par changer le nom immonde de cette loi et l’abolir par la suite. Honte à nous, honte à l’Église et honte aux politiciens qui laissent perdurer des injustices face à ces peuples fondateurs.

Suzanne Lévesque

Notre passé colonialiste

Il est grand temps de revisiter notre glorieuse et blanche histoire canadienne à la lumière des faits et recherches de chercheurs tels Delage et Bouchard, qui ont partiellement levé le voile sur notre passé colonialiste. John A. Macdonald et Amherst ainsi que nos bons missionnaires doivent être déboulonnés. Les excès des communautés religieuses ont également pourri la vie de petits enfants dans des écoles de réforme comme le collège d’Alfred et contaminé la descendance de tous ces enfants qui, une fois devenus adultes, ont souffert psychologiquement d’anxiété, de dépression, d’alcoolisme, etc. L’effet s’en fera sentir pendant plusieurs générations.

Claude Constant

Tous un peu complices

Pour savoir où l’on va, il faut savoir d’où l’on vient. Je souhaite de tout cœur qu’ils pourront panser leurs plaies. Ces plaies béantes causées par le fait d’arracher des enfants à leurs parents. Tout ça pour les mettre à notre couleur, les assimiler et tuer l’Indien en eux. Après tout, c’était une forme de génocide. Nous devons tous nous regarder dans le miroir, car nous sommes tous un peu complices de ce drame, ne serait-ce qu’en entretenant les préjugés ou encore en levant les yeux sur ce qui se passe dans les communautés. J’ose imaginer que nos enfants pourront se regarder d’égal à égal.

Marc Ladurantaye, Val-d’Or

Rassembler les témoignages

Je ne sais dans quelle mesure le fonctionnement des pensionnats des années 1990 ressemblait à celui des années 1890, mais c’est certain qu’actuellement, il y a des Canadiens en vie et lucides qui ont travaillé dans ces institutions il y a 25-30 ans et qui pourraient témoigner de ce qui s’y faisait. Mais il faudrait procéder avec diligence et leur assurer une certaine impunité et l’anonymat. Qui voudrait être identifié comme bourreau d’enfants ? Pour ce qui est de l’origine de l’institution, je ne pense pas qu’il y ait de grands mystères : les puissances impériales, l’Empire britannique au premier chef, ont toujours « fait ce qu’ils devaient faire » pour assurer leur pouvoir en contrôlant leurs populations marginales. Au fond, ce qui s’est passé dans ces pensionnats est-il si différent du sort de ces enfants pauvres, pourtant bien blancs et bien anglo-saxons, qu’on a enlevé à leurs parents, souvent de pauvres familles monoparentales pour les envoyer en Australie et dans l’Ouest canadien, où ils ont été traités littéralement comme des bêtes de somme ? Ce triste chapitre a d’ailleurs fait l’objet d’une pièce de théâtre chez Duceppe avant la pandémie. L’homme est un loup pour l’homme.

Louis J. Bérard

Le sang d’innocents

La courtepointe du Canada est remplie de sang d’innocents enfants et adultes qui ont été sacrifiés au nom d’une société qui se voulait d’une seule langue, l’anglais, et d’une seule religion. Nous ne sommes pas mieux que nos voisins du Sud qui ont massacré des millions d’« Indiens ». Il faut refaire les livres d’histoire afin que la vérité soit connue des générations futures.

Eugène Picard, Belœil

Lisez « On ne peut plus se mentir »