L’éditorial de Stéphanie Grammond publié le 21 mars sur le bras de fer fédéral-provincial en santé, « De l’argent en santé, pas une guerre de clochers »*, a suscité de nombreux commentaires, les opinions étant plutôt partagées. Voici un aperçu des courriels reçus.

Mettre de l’ordre d’abord

En accord avec Justin Trudeau : la gestion de la santé est problématique au Québec depuis des décennies et ce n’est pas seulement une question d’argent. Avant d’y injecter de nouvelles sommes, il faudrait faire une analyse de tous les paliers de décision, des postes de gestion, des procédures qui n’en finissent plus et après mettre l’argent aux bons endroits, et après s’entendre avec le fédéral.

Solange Tougas

Trudeau a beau jeu

Des sous en santé, c’est une obligation morale que le fédéral doit tenir envers les provinces. Évidemment, en se montrant intéressé à gérer ces sommes, Justin Trudeau ouvre la négociation en exhibant une carte qui donne une certaine couleur aux négociations. Une façon de dire : vous en aurez plus mais pas autant que vous le désirez… Et sa seconde carte, c’est le Parti conservateur, qui a tendance à se couler lui-même en ne reconnaissant pas les changements climatiques. Je ne pense pas que dans un tel contexte, Trudeau se sente obligé d’être généreux !

Normand Briand, Repentigny

Que l’argent reste au Québec

J’aimerais qu’on m’explique pourquoi il serait préférable que je paie un impôt fédéral additionnel au lieu d’un impôt provincial pour couvrir les frais des soins de santé. Les soins de santé étant de responsabilité provinciale, je crois que c’est aux provinces d’établir le budget et de récolter les fonds. Est-ce que toutes les provinces canadiennes offrent les mêmes services ? Je ne crois pas, donc que les provinces équilibrent leurs revenus avec les dépenses nécessaires à leurs engagements à la population. Le fédéral n’a rien à y faire !

Jean-Guy Blondin

Élargir le débat

Les enjeux sont trop importants pour les laisser à un comité d’experts, il faut au contraire élargir le débat et en faire une question électorale où le premier ministre fédéral soumettrait son plan à la population canadienne. Après tout, vous l’avez dit, c’est de notre argent qu’il s’agit.

Christian Castonguay

Tenir compte de la démographie

Si le gouvernement fédéral veut être un vrai partenaire avec tous les citoyens du Canada, il doit augmenter sa contribution aux soins de santé. L’argumentaire de Trudeau selon lequel cela coûte moins cher de financer des projets à cause de la capacité budgétaire fédérale, c’est encore plus vrai sur le plan de la santé. Cependant, la contribution fédérale doit tenir compte de deux réalités majeures, le nombre de citoyens à couvrir, ce qui est le cas actuellement, mais surtout un ajustement calculé sur les données démographiques de chaque province. Les coûts de santé sont très différents entre un jeune adulte de 20 ans et une personne âgée de 80 ans. Cette différence doit être reconnue de façon plus dynamique par le fédéral. C’est de l’équité entre la réalité de chaque citoyen et en ligne avec la valeur de justice sociale si chère aux libéraux.

Claude Leblanc, Blainville

Un trou sans fond

Le problème, c’est que nous n’avons pas les moyens de soutenir l’augmentation des coûts en santé. Donc, ce que les dirigeants font, c’est de tomber dans l’efficience. Nous connaissons trop bien les résultats : services déficients et mal adaptés. Il faut aussi regarder du côté de l’efficacité. La solution serait peut-être de transformer notre façon de faire, pas seulement de l’améliorer. Actuellement, le système est un trou sans fond. Même en y ajoutant des milliards, ça ne changera rien à moyen terme, on reviendra à la même situation. Il faut changer notre façon de faire. Le système est malade, il faut le soigner et c’est une opération qui est nécessaire pas un massage.

Mathias Leblanc

Toujours au même point

C’est toujours le même problème : dès que les politiques voient que leur système éclate, ils n’ont qu’une seule pensée, soit l’injection de capitaux, de nos arrhes. Au fil du temps, ils n’ont pas vu que les hôpitaux étaient vétustes, que le personnel était manquant. Je pense qu’une « réingénierie » du système doit être considérée et exigée avant d’injecter encore de notre pécule dans le système, c’est-à-dire décentraliser, stopper la hausse de salaire, les bonis des directeurs généraux et de tous les administrateurs, qui n’ont rien à voir avec les services à la clientèle. Repenser le système au complet. On peut toujours se fier aux provinces pour quémander de l’argent et ne pas tenter de trouver un modèle qui correspondrait mieux et serait plus rentable pour le peuple. Combien de campagnes électorales ont été menées sur notre système de santé, quel en a été le résultat ? Nous en sommes toujours au même point.

Marc-André Malenfant

Démantelons

Moi, je pense que même si les milliards pleuvent, si la gestion fait défaut, rien ne va changer. Ici, au Québec, nous sommes les seuls au Canada à avoir des infrastructures comme les CISSS et les CIUSSS qui se perdent entre elles, c’est à démanteler de toute urgence.

Danielle Richard

Alimenter la bête

Tout ça est bien louable, mais des millions de dollars en plus, sans démanteler l’organigramme tentaculaire (voire obscène) du réseau de la santé et le restructurer (cure minceur) ne seront qu’un coup d’épée dans l’eau ! Ça ne servira qu’à alimenter la bête…

Claude Boisvert, Saint-Hyacinthe

*Lisez « De l’argent en santé, pas une guerre de clochers »