Le témoignage de Noémie Laurendeau sur le protocole de triage aux soins intensifs en contexte de pandémie, « Mon frère a droit à la vie »*, a suscité d’intéressants commentaires. Voici un aperçu des courriels reçus.

Le protocole doit être rendu public

Je crie haut et fort afin que le protocole de sélection de toutes les personnes ayant droit ou non à des soins en cas de COVID-19 ou de toute autre maladie soit rendu public. Nous sommes en démocratie et le domaine de la santé ne doit pas être dirigé comme une dictature sélective. À une époque noire de notre histoire, il y a eu ce genre de triage et de génocide dont nous devons tous nous souvenir. Soyons solidaires en respectant les mesures sanitaires recommandées et tous s’en porteront mieux.

– Ginette Viau Tardif

Un combat particulier

Question très délicate en temps de pandémie pour un gouvernement voulant sauver le plus de gens possible. J’ai travaillé de près avec la déficience intellectuelle pendant 16 ans et j’avais un frère avec le syndrome de la trisomie 21 que j’ai tant aimé. Décédé maintenant depuis huit ans, sa présence me manque encore, très souvent. Mais j’avoue comprendre notre gouvernement, c’est un combat assez particulier que nous vivons et les opposants ont beau jeu de se plaindre. J’aimerais les voir à la place de M. Legault, quelles décisions prendraient-ils ? Je serais très curieuse.

– Suzanne Turenne, Longueuil

À la limite du scandale

Entièrement d’accord avec cette dame. Ayant moi-même un fils trisomique de 24 ans, j’ai signé la pétition et je l’ai fait circuler. Ce protocole dans sa première version était entièrement contre les droits fondamentaux de la personne. Comment peut-on en arriver à élaborer un tel protocole sans en débattre ou faire appel aux organismes et sociétés concernés et, qui plus est, ne pas le rendre public ? C’est à la limite du scandale. Une vie, c’est une vie, et tout être humain a droit aux mêmes soins médicaux en cas de besoin. Espérons que la deuxième version du fameux protocole se rendra dans le milieu hospitalier et qu’il sera respecté par le personnel soignant si nous devions en arriver à ce stade critique de la pandémie. Mon fils n’a pas à payer de sa vie pour un hurluberlu qui n’aurait peut-être pas suivi les consignes de la santé publique et qui lui aurait la vie sauve s’il devait se retrouver aux soins intensifs. Une réflexion basée sur le gros bon sens s’impose ici.

– Élyse Daoust

Aux experts de trancher

Ayons confiance au gouvernement élu en toute légalité pour statuer sur ce sujet épineux. Ce ne sont pas des personnes non compétentes en la matière et émotives qui doivent trancher là-dessus. Quand le système de santé est rendu au bout du rouleau, et qu’il faut trancher qui doit recevoir des soins ou pas, ce sont les experts qui doivent prendre la décision.

– Francine Roy

Soyez tenace

Bien raison, alors criez, demeurez tenace, poursuivez vos revendications et témoignez comme vous le faites si bien du manque d’écoute et de transparence. Maintenez activement et visiblement votre combat, car en ce moment de tourmente, seul le bruit fera bouger les hauts dirigeants de l’État.

– Michel Damphousse

Je lui cède ma place

Mais oui, ton frère a droit à la vie. Mais oui, la mort fait partie de la vie. J’ai 73 ans et je suis prête à saluer ton frère et lui laisser ma place pour survivre à la COVID-19, mais je ne voudrais pas que mon fils et ma fille, qui ont des enfants qui grandissent, lui cèdent leur place de survie.

– Jacinthe Richer

Le droit de savoir

Ne serait-ce que pour le besoin de savoir si elle pourra ou pas obtenir des soins en cas de manque de places, une personne se sachant possiblement exclue pourrait d’avance tenter de planifier une alternative, soit dans le secteur privé, ici ou ailleurs. Je pense que cette personne a le droit de savoir d’avance quel est le protocole !

– Jacques Lapointe

Des choix difficiles

C’est exactement pour cette raison que le confinement et les restrictions ont été mises en place. Si les soins intensifs sont débordés, des choix difficiles s’imposent. C’est exactement ce qui s’est passé lors de la première vague en Italie. Comme le DMarquis, intensiviste de l’hôpital Maisonneuve-Rosemont, l’a bien expliqué, nous ne sommes pas à l’abri. Pendant la première vague qui a attaqué les personnes âgées, malheureusement celles-ci mouraient rapidement. À l’heure actuelle, des gens plus jeunes sont victimes de la COVID-19 et leur séjour aux soins intensifs est beaucoup plus long. Un protocole est nécessaire afin que les soignants soient guidés dans des situations difficiles. Chaque vie est précieuse, mais s’il n’y a qu’un lit de disponible et qu’un jeune père de trois enfants et un homme de 80 ans avec diabète, hypertension et maladie cardiaque se présentent, ce n’est pas aux médecins à décider qui l’aura. Ce sont des décisions déchirantes, mais réelles en cas de débordement. Donc, soyez prudents et écoutez les consignes de la Santé publique.

– Lianne Lamy

Voir la réalité

Ce refus de voir la réalité éventuelle, soit le manque de ressources pour soigner tout le monde, me sidère ! Il y a un respirateur et deux personnes aux soins intensifs qui en ont besoin : à qui va-t-on le donner ? On peut s’insurger et débattre tant qu’on voudra sur le fait que ce choix ne devrait pas se poser, il est réel ! Et je préfère largement l’avis des experts en éthique à celui des groupes de pression.

– Daniel Messier

Lisez « Mon frère a droit à la vie »