Nous vous avons demandé mercredi quelles sont les initiatives heureuses ou originales dont vous avez été témoins en cette période de confinement. Voici quelques-unes de vos réponses.

Nostalgie et douceur

« Nous sommes cinq sœurs tissées serré. Une de mes sœurs a fait le tri de ses photos et nous envoie des souvenirs des années 50. Nous avons beaucoup de plaisir à nous revoir. De la nostalgie, c’est certain, et en même temps un peu de douceur. »

— Solange Latour

Du yoga en bonne compagnie

L’entreprise de Québec Yoga Fitness a mis sur le web des séances de yoga et de fitness totalement gratuites. J’en profite donc tous les jours et aujourd’hui, lors d’une séance de yoga, mon gros chien m’a accompagnée, couché sur le dos, les pattes en l’air… un beau moment ! Non seulement le yoga a fait un grand bien, mais accompagnée de mon gros toutou, c’était magique !

— Odile Bouchard

Un gym au sous-sol

Nos quelques visites hebdomadaires au gymnase se sont déplacées dans notre sous-sol. Bouger et garder la forme, tout comme maintenir une routine, c’est important pour nous. On s’adapte : on utilise les escaliers, les fauteuils, des objets variés et on met de la musique entraînante ! En extra, on s’entraîne en famille, ce qui n’est pas toujours fréquent avec un adolescent de 17 ans ! 

— Julie Morissette

Heureusement que le ridicule ne tue pas

Je suis revenue hier du Costa Rica. Je ne sais pas si c’est un exemple « intelligent » de savoir s’adapter, mais je vous le partage, au risque de vous faire sourire : j’ai vu une voyageuse dans l’avion portant un filtre à cafetière au visage, délicatement attaché autour de sa tête ! Cette voyageuse a su s’adapter à la pénurie de masques (!), mais est-ce un exemple d’adaptation utile ? J’en doute, mais cela m’a fait bien sourire, car la couture du filtre à café était placée à l’horizontale de sorte que cela lui faisait comme un gros bec de canard ! Couin, couin !

— Sonia Lévesque

À vos plumes et plumeaux !

En cette période de confinement, notre imagination est mise à contribution pour éviter de sombrer dans la déprime. C’est le temps de se mettre à écrire (ce que nous vivons, nos rêves, nos souvenirs). Sortir nos crayons de couleur, dessiner, lire. Se servir du téléphone pour être en contact avec ceux que nous ne pouvons voir. Profiter de ce répit pour cuisiner, faire ici et là du ménage dans nos papiers, nos garde-robes. Toute occupation est bienvenue pour nous permettre de passer cette période morose le plus sereinement possible.

— Nicole Lavoie

Hablar español

Notre prof d’espagnol nous propose de continuer nos cours de conversation sur internet. Au lieu de nous réunir dans son salon, elle va créer un groupe et on va le faire en ligne. Je vis seule, ce sera une occasion pour moi de continuer à « côtoyer » des personnes intéressantes. 

— Francine Gaudreault

La créativité à la rescousse

Mes parents âgés de 83 ans sont confinés alors pour les occuper je les appelle afin qu’ils me confient leurs souvenirs. Par la suite, j’écris à l’ordinateur leur histoire, comme celle où ma mère, enseignante à l’orphelinat, s’était dévouée pour des petits garçons de 6 ans, et celle de mon père qui jouait au hockey dans la cour d’école sur la rue Bois-de-Boulogne avec Henri Richard. J’envoie par courriel ces histoires à leurs petits-enfants qui les appellent ou leur écrivent et de beaux échanges s’ensuivent. Je propose aux jeunes de trouver eux-mêmes des projets afin de les occuper. Alors il y a eu : peinturer sa chambre, commencer l'écriture d’un roman, faire des vidéos, cuisiner, apprendre le langage des signes. Il est important de doser et de varier les activités récréatives et éducatives. 

— Josée Laurin, Montréal

Isolés, mais unis

Une autre journée, la routine s’installe. Nous sommes en temps de crise. Les enfants ne sont pas encore atteints. Ils chignent, ils ne comprennent pas pourquoi leurs parents-profs leur font l’école. Ils ne peuvent être sans cesse sur leurs machines ! On les oblige à bouger, ensuite c’est le travail, après ce sera le plaisir. L’ensemble des parents veut que leurs marmots continuent d’apprendre. Nous ne voulons pas qu’ils prennent du retard sur leur courbe préétablie.

C’est notre temps de guerre. Nous avons un ennemi planétaire contre lequel nous nous battons. Il n’y a pas de sirène, il n’y a qu’un mal que nous ne voulons pas attraper. Pas tant qu’il nous fera mourir, plutôt que nous ne voulons pas le transmettre. C’est fou, on a peur de l’autre. On a peur de nos amis. On ne sait pas trop s’ils ont pris les précautions nécessaires.

Ce soir, je les ai appelés. J’ai peur ! Ma situation est superbe. J’ai un salaire, je sais que je n’aurai pas à me demander ce qu’il adviendra de mes comptes. Pour eux, ça peut être différent.

Je suis certain qu’il y aura beaucoup de positif qui sortira de cette crise. C’est déjà criant. Le premier ministre Legault demande aux influenceurs de convaincre les jeunes de prendre cela au sérieux et en l’espace de quelques heures, ils répondent à l’appel. Nous nous sentons tous interpellés. Nous voulons aider.

Ce mal nous demande de nous isoler, mais nous trouvons le moyen de nous unir.

Au début de la crise, nous avons dérapé. Nous nous sommes battus pour des peccadilles. Nous ne comprenions pas encore que ce serait en travaillant ensemble que nous vaincrions.

Fort de nos moyens en place, nous nous sommes rendu compte que c’est en nous isolant physiquement que nous serions plus fort.

Je pourrais ne rien faire, rester chez moi et m’isoler. Je me sens obligé, par contre, de donner à autrui. Demain, j’irai à l’épicerie pour des personnes vulnérables de mon entourage. Je suis choyé, j’ai cette chance.

Je vis sur un nuage. Il n’y a encore personne dans mon entourage qui est affligé de ce mal. J’ai peur. Demain, j’irai à l’épicerie… Je ferai mon devoir pour aider mes proches. On conseille à la populace de limiter les sorties. Je serai celui qui le fera pour quelques familles. J’ai la trouille. Je prendrai des précautions. J’aurai quand même peur. Peur d’un ennemi que je ne vois pas. Peur de mettre la main dans un piège invisible. Peur de le ramener chez moi.

Je suis confiant. Je sais que nous nous en sortirons. Je sais qu’on parlera de la COVID-19 au passé en disant que l’humanité l’a vaincue, non sans cicatrices. Elle nous fait mal. C’est en temps de crise que nous devons redéfinir ce que nous voulons. C’est maintenant, au moment où nous sommes sur le point de tout perdre que nous devons déterminer comment nous allons continuer de vivre. C’est aujourd’hui, au moment où tout ce que l’on croyait acquis disparaît, que nous devons déterminer comment nous allons définir notre avenir.

Nous sortirons de cette crise de deux façons. Soit, nous oublierons le tout et nous nous trouverons chanceux de nous en être sauvés. Soit nous prendrons en main notre avenir et l’avenir de la planète.

Cette crise a cette qualité qu’elle est planétaire. Nous en sommes toutes et tous atteints. Il est maintenant temps que nous prenions tous les moyens pour que ça n’arrive plus. Il faudra trouver une solution pour que localement, nous soyons autosuffisants tout en étant mondialement égalitaires. Il faudra penser et agir pour que la planète s’en sorte !

— Jean-Simon Carrier, enseignant, Saint-Hyacinthe