Depuis l’arrivée de la CAQ au pouvoir, je nous ai souvent sentis comme les idiots du village, dirigés par un gouvernement qui donne l’impression parfois d’utiliser un discours infantilisant.

Pendant la pandémie, le contexte exigeait de la modération dans les perceptions et les critiques. Et je l’ai déjà dit, le comportement bienveillant du premier ministre François Legault dans cette crise a été remarquable.

Mais en politique, l’avenir se construit rarement sur du vieux gagné. Les finesses passées ne garantissent pas le bonheur du lendemain, et on a maintenant le droit d’être plus lucide.

Depuis sa première élection, le gouvernement a utilisé à toutes les sauces les condamnations du gouvernement fédéral. Il en a fait son sport préféré, en nous entraînant avec lui, les idiots, pour en faire un sport d’équipe.

Bien sûr, le fédéral lui donne trop souvent des occasions sur un plateau d’argent, comme cette erreur monumentale de la nomination de Mme Elghawaby.

Éreinter le fédéral est un vieux classique des politiciens québécois. Ça fonctionne généralement à tout coup, en apparence.

La conclusion du dossier du financement de la santé nous oblige toutefois à constater que le pitbull est édenté, et qu’aboyer et tenter d’intimider le gouvernement central n’a absolument rien donné, bien au contraire.

Québec s’est fait caller son bluff. Le molosse devra apprendre à manger mou avant son temps.

Encore plus humiliant quand ton grand chum, Doug Ford, le PM de l’Ontario, te fait dans les mains en négociant dans ton dos avec le fédéral. L’amitié est à ce prix…

Cela dit, il est évident qu’Ottawa a été beaucoup trop pingre dans l’offre de sa part de financement des soins de santé, c’est sans contredit. Baise-la-piastre parfait ! Ça sent le TSO (temps supplémentaire obligatoire) à plein.

Mais la réaction du fédéral est criante d’évidences sur l’inutilité de l’agressivité de François Legault à l’égard de Justin Trudeau, particulièrement.

La seule réponse de M. Legault a été de nous dire que nous devrons nous en souvenir aux prochaines élections fédérales.

Ben non ! On ne l’écoutera pas, M. Legault, pas plus demain, et moins qu’hier. S’cusez-la, un restant de Saint-Valentin…

Pourtant, il aurait dû apprendre des élections fédérales de 2021, où il nous a invités à voter conservateur, pour Erin O’Toole. Erin, si le mot « drabe » a un sens…

Les Québécois ont souffert de surdité et ont redonné le même nombre de sièges aux libéraux (35) et au Bloc (32), alors que les conservateurs sont restés collés avec 10 élus, pas un de plus. Un flop total.

Ce fut une grave erreur, qu’on lui a toutefois pardonnée très facilement.

Mais à Ottawa, la leçon a porté, et eux n’ont pas souffert d’amnésie. On sait maintenant qu’il n’y a rien à espérer d’efforts de collaboration avec la CAQ. Que le coup de poignard dans le dos est toujours à sa portée.

Beaucoup de Québécois se sentent mal à l’aise avec les charges inlassables de la CAQ contre le fédéral à tout propos. Ils savent aussi que ce comportement est très utile quand ça se corse politiquement à Québec.

Dans la merde avec un dossier ? Paf ! Un coup dans les tibias de Justin. Une diversion pas mal plus évidente qu’un ballon chinois.

Le premier ministre canadien est de la bonne pâte sur laquelle on peut fesser.

Et M. Legault sait que frapper sur la piñata Trudeau, c’est payant pour faire saliver une certaine clientèle. Et donc, on ne distingue plus entre les intérêts partisans et les intérêts généraux du Québec.

Mais « trop fort a cassé » à Ottawa, là où on ne se fait plus aucune illusion concernant le premier ministre du Québec.

Surtout que le gars n’a pas d’impact sur les résultats des élections fédérales au Québec.

Mais nous, les payeurs de taxes, où se situe notre avantage dans tout ça, si notre premier ministre ne fait plus peur à Ottawa, parce qu’il a crié trop souvent au loup ?

Et comme il se dit fier d’être canadien, où est son rapport de force ? Le même qui espérait faire mourir le Parti québécois aux dernières élections.

Le risque est que nous l’écoutions de moins en moins dorénavant dans ses attaques contre Ottawa. On débranchera l’appareil tranquillement, surtout une fois nos chèques et nos baisses d’impôts reçus, en récompense de l’avoir réélu.

Et également parce qu’un accroire n’attend pas l’autre dans d’autres dossiers.

Ils ont promis de nouveaux barrages parce qu’ils savent qu’on adore. Ils ont déjà commencé à reculer.

Ils ont promis un troisième lien en sachant que le fédéral ne participera pas au financement. Une autre belle occasion de s’immoler et de le maudire.

Ils se disent soucieux de l’environnement, mais on a la vilaine impression qu’ils ont subtilement poussé Sophie Brochu vers la sortie, alors que visiblement elle savait où elle s’en allait quant à la décarbonation du Québec.

Mais surtout, il nous a dit qu’ils leur montreraient, eux autres, au fédéral, à ne pas toucher aux droits du Québec et à nous donner notre juste part.

Ben oui… ! Comme si ce pays se transformerait subitement sous le coup de baguette magique de la fée caquiste. Il reste le même pays avec les mêmes travers.

J’arrête ici, pour ne pas faire trop râleur professionnel.

Entre nous

Je ne sais pas si Roger Waters, l’ex Pink Floyd, reviendra présenter d’autres spectacles au Québec.

Si c’est le cas, et même si je suis maniaque, je le boycotterai, ainsi que tous ses produits, à la suite de ses interventions prorusses dans la guerre en Ukraine. Tellement désolant…

RIP Nadine Girault, une magnifique humaine comme on en connaît rarement en politique.