Ce qui suit est absolument ingrat. Un coup de pied dans la canisse. L’air de m’acharner sur l’estropié. J’assume.

L’évidence est là : le Parti québécois n’est plus respecté. François Legault a de plus décidé de le tuer, de le faire disparaître.

Chaque ex-souverainiste repenti, néo-fédéralo-provincialiste en devenir qui se joint à la CAQ semble avancer l’heure du dernier râle.

Les membres du Parti québécois avaient choisi comme chef Paul St-Pierre Plamondon (PSPP), avec espoir : jeune, intelligent et un CV impressionnant.

Mais voilà, il a eu sa chance et ça ne fonctionne pas. Le PQ fait 8 % dans le dernier sondage Léger, et seulement 2 % des Québécois voient son chef premier ministre.

On avoisine la marginalité. Et ça ne changera pas d’ici la fin de la campagne électorale, les signes vitaux ne sont pas là.

Ça n’enlève absolument rien à l’ensemble des qualités de PSPP, c’est juste qu’on ne le sent pas dans ce rôle précis de chef de parti politique. On le dit très brillant. Je n’en doute pas une seconde. Mais il ne serait pas le premier très brillant à évoluer au mauvais endroit.

Jugement très ou trop sévère ? Possible.

Mais il est tout à fait légitime d’en discuter, parce qu’il s’agit ici de la disparition probable d’un parti politique, dans un environnement démocratique où on est de moins en moins sûr qu’une opposition décente survivra à Québec après les élections.

Nul doute, PSPP veut beaucoup. Mais on est une trâlée à chercher la saveur distincte qui nous ferait nous intéresser à son menu.

On a peut-être le goût dérangé.

Et nous sommes également incapables de le situer philosophiquement dans l’univers politique actuel.

On a tous compris cependant que cela est moins son problème que celui entier de son parti depuis le dernier référendum.

Comme son nouveau logo, qui ressemble à un je-ne-sais-quoi qui se court après la queue.

Désolant, alors que d’autres élus péquistes auraient pu et pourraient toujours mieux accaparer l’attention et le cœur des Québécois.

Et évidemment, il y a Yves-François Blanchet, qui pourrait sortir de sa zone de confort et diriger les troupes souverainistes à Québec. Mais bon, l’occasion fait le larron...

Est-ce que le Québec a un avantage net à voir le PQ éclipsé du décor politique ?

Pourquoi se passer de cet outil de tension politique constitutionnelle ? Pourquoi faire piteusement la démonstration au reste du pays que nous avons complètement abandonné ?

Quelle que soit notre position sur la question nationale, je n’y vois aucune valeur ajoutée, bien au contraire.

Autrement, nous devrions croire à l’utilité de Québec solidaire (QS) dans la balance. Qui semble n’être souverainiste que les jours impairs.

Ou nous satisfaire du nationalisme à la carte de la CAQ.

Jean-Marc Léger m’affirme que les souverainistes constituent toujours de 30 à 35 % de l’électorat québécois.

Et qu’ils sont orphelins. Ça, on s’en doutait pas mal.

Ils ressemblent à une cohorte qui s’est délibérément placée en fiducie, principalement à la CAQ, en attendant un nouveau bénéficiaire.

J’imagine présentement la grosse déprime à l’étage des élus du PQ à Québec.

Des sentiments de déni, de procrastination ou de fatalisme doivent se coudoyer dans les corridors. Le tout filtré par l’omerta propre à ce genre de situation.

Le courage demande toutefois de provoquer les discussions douloureuses, de trancher et passer rageusement à l’offensive.

Et le très difficile questionnement ne peut escamoter l’état de la gouvernance.

Parce que si rien ne change, Pascal Bérubé sera le seul élu péquiste survivant le 4 octobre au matin. Dans Matane.

Matane est une circonscription régionale. Le PQ n’a actuellement plus la cote chez les francos, en région ou en périphérie, qui étaient jadis des terreaux fertiles. Et il ne ressuscitera pas à Montréal, QS ayant déjà solidement pris sa place.

M. Bérubé a déjà fait près de 20 % dans les sondages, comme chef par intérim du parti. Il est expérimenté, tribun solide avec l’indignation efficace, aimé du public et je l’ai vu sourire dans la dernière année...

Et en prime, il connaît très bien le premier ministre. Toujours utile.

Le cas échéant, il n’y aurait pas de honte, et tout le monde comprendrait si PSPP expliquait que le parti et la cause sont plus importants que sa personne, et qu’il cède les rênes à Pascal Bérubé, ne serait-ce que pour augmenter les chances de réélection de ses troupes, si cela est encore possible.

On parlerait de courage et de hauteur. Très honorable.

L’arrivée de M. Bérubé ne donnerait bien sûr aucune garantie de succès, le positionnement idéologique problématique du PQ ne se réglerait pas par sa seule présence.

Mais la situation ne pourrait être pire que ce que nous constatons actuellement, et sentons venir à l’horizon.

Vous avez une meilleure solution ? Gênez-vous pas !

On dira qu’il est trop tard ? Faudrait voir.

Et si finalement l’histoire voulait que le PQ doive mourir, il serait préférable qu’il trépasse dans la dignité, au lieu de claquer avec un résultat minable en octobre prochain.

Crever aussi lamentablement que la droite traditionnelle et les socialistes en France actuellement.

Entre nous

Pourquoi j’ai l’impression que la CAQ fait de l’overkill, en fait trop avec l’arrivée de Bernard Drainville ? Bien que je respecte le gars. Bon, ça me passera, je présume...