(Paris) Plusieurs choses peuvent influencer les électeurs en vue du second tour de la présidentielle française. En premier lieu, la performance des candidats lors de leur débat du 20 avril, quatre jours avant le vote.

Mais quatre crises qu’a connues la France au cours des dernières années vont influer fortement sur le choix vers Marine Le Pen ou Emmanuel Macron.

La crise économique

On pourrait dire la crise des gilets jaunes qui a commencé en novembre 2018, donc dès la deuxième année du mandat d’Emmanuel Macron. Déclenchée par une hausse de la taxe sur les produits énergétiques, elle allait venir à couvrir toutes sortes de revendications, des limites de vitesse sur les routes à l’abolition par Macron de l’impôt sur les grandes fortunes, qui devait lui donner l’image du « président des riches » dont il n’a jamais totalement réussi à se défaire.

L’insécurité économique – entre autres causée par l’inflation et la hausse des prix de l’énergie – a été le cheval de bataille de Mme Le Pen durant la campagne du premier tour.

M. Macron a dit que son plan de lutte contre l’inflation était supérieur à celui de son adversaire, mais il devra maintenant le prouver. Il devra surtout prouver qu’il se préoccupe vraiment de « la vie chère » dont se plaignent les électeurs.

Et ce n’est pas un hasard si la première sortie de Mme Le Pen, hier, était en zone rurale pour dire qu’elle craignait que l’inflation ne fasse augmenter les prix de l’alimentation.

Avantage : Le Pen

La crise sanitaire

Ce n’est pas un hasard, il a fallu le début de la pandémie de COVID-19 pour que se terminent les revendications des gilets jaunes. Mais la pandémie a apporté ses propres protestations qui ont encore des échos aujourd’hui. La crise sanitaire a montré les faiblesses du système de santé français. L’hécatombe dans les EHPAD – les CHSLD français – et les nombreuses difficultés rencontrées dans les hôpitaux vont évidemment au passif du président sortant.

Mais c’est surtout la grogne contre le « pass sanitaire » – un passeport vaccinal – qui s’est transformée en mouvement politique. M. Macron a ensuite fait l’erreur de dire qu’il voulait trouver le moyen « d’emmerder les non -vaccinés », qui ne l’ont pas oublié et lui en veulent encore.

Avantage (modeste) : Le Pen

La crise climatique

C’est une des préoccupations principales des Français. Mais cela n’a pas été un sujet important dans la campagne du premier tour et, selon Greenpeace France, il n’y avait que deux candidats qui avaient un programme intéressant sur la question, soit Jean-Luc Mélenchon et l’écologiste Yannick Jadot – mais aucun ne sera sur le bulletin de vote du second tour. Mais on dit beaucoup que de toute façon, même avec la présence d’un candidat écologiste, cette question ne devient que rarement « la question de l’isoloir », celle à qui tous les électeurs pensent en allant voter.

Mais les électeurs qui considèrent l’environnement comme un enjeu majeur ne votent pas à droite, où l’on semble négliger complètement la question. Ceux qui considéraient la question comme majeure ont surtout voté Mélenchon.

Dans l’isoloir, au second tour, ça voudra sans doute dire que ces électeurs pourraient soit s’abstenir, soit voter Macron, parce que le président sortant n’est peut-être pas un grand faiseur, mais au moins, il parle du sujet une fois de temps en temps.

Même avec un rapport alarmant du GIEC disant que les trois prochaines années seront décisives, la question est restée le parent pauvre de cette campagne. Avec parfois un accord de principe avec le GIEC et une divergence complète quant aux moyens.

Avantage (modeste) : Macron

La crise ukrainienne

Avant le début de la campagne, Marine Le Pen avait fait imprimer des tracts avec une photo où elle apparaissait avec Vladimir Poutine, histoire de montrer qu’elle avait ses entrées sur la scène internationale. Ils furent discrètement détruits.

Reste que l’admiration passée de Mme Le Pen pour le maître du Kremlin est bien établie et que sa campagne de 2017 fut, en partie, financée par un prêt d’une banque russe. Difficile aujourd’hui de critiquer un ancien allié, surtout qu’on a félicité les dirigeants d’autres pays récemment réélus, comme la Hongrie et la Serbie, qui sont des alliés de la Russie.

Là-dessus, la position de M. Macron est très claire et, comme président en exercice, c’est lui qui est au premier plan de l’opposition des pays occidentaux à la guerre en Ukraine et de l’imposition de sanctions.

En plus, M. Macron a choisi de passer beaucoup de temps lors de la campagne du premier tour à s’occuper des questions internationales – en particulier en étant l’un des rares dirigeants occidentaux à parler directement à Vladimir Poutine, question de toujours maintenir un lien personnel, malgré la guerre.

Pendant ce temps, Mme Le Pen déplorait que certaines sanctions contre la Russie aient des effets qui nuisaient à certaines industries françaises, ce qui fut très critiqué.

Avantage : Macron