L’Inde est vue comme une puissance émergente et un rempart potentiel face à la Chine par nombre de pays occidentaux, qui multiplient les égards envers le gouvernement du premier ministre Narendra Modi.

Ils font peu de cas, dans le processus, des abus dénoncés par les organisations de défense des droits de la personne, qui reprochent au dirigeant nationaliste hindou d’encourager la marginalisation et la stigmatisation des minorités religieuses du pays. Serge Granger, spécialiste de l’Inde et de la Chine rattaché à l’Université de Sherbrooke, pense que les dérives du régime n’empêcheront pas la poursuite de sa croissance économique et pourraient en faire ultimement un acteur majeur de la scène internationale, y compris sur le plan militaire. « J’aime bien parler de G3 », dit-il en incluant l’Inde parmi les principaux acteurs géostratégiques aux côtés de Washington et de Pékin. En attendant l’hypothétique confirmation de ce scénario, qui présuppose un développement soutenu de ses capacités militaires et économiques, New Delhi montre les muscles envers Pékin dans un différend frontalier qui perdure depuis des années. Les deux pays se disputent notamment le contrôle de pans de territoire importants dans l’est de l’Inde et ont déployé des dizaines de milliers de soldats pour appuyer leurs revendications, favorisant des affrontements sporadiques. Une vingtaine de soldats indiens et quatre soldats chinois ont été tués notamment fin 2022 lors d’un nouvel affrontement. Alex Stephenson, analyste du United States Institute of Peace, prévenait récemment que le potentiel d’escalade entre les deux puissances nucléaires est de nature à inquiéter tout le monde.

38 000 km⁠2

Étendue de territoire indien, selon New Delhi, que la Chine occupe illégalement dans l’État du Ladakh