De ce qu’ils ont dans la tête à ce qu’ils ont entre les jambes, plusieurs œuvres récentes – et intéressantes – se sont intéressées aux garçons et aux hommes. En voici une courte sélection.

Cocorico ! – Les gars, faut qu’on se parle

Cocorico ! – Les gars, faut qu’on se parle

Cocorico ! – Les gars, faut qu’on se parle

Éd. Somme Toute

224 pages

Il y a des hommes, à qui on appose l’étiquette « masculiniste », qui déplorent la perte de pouvoir des hommes dans la société et dans l’intimité. Mickaël Bergeron, aussi chroniqueur à La Tribune, n’est pas de ceux-là. Son essai prend la forme d’une série de courts textes où il s’interroge sur la violence des hommes ou au sujet d’une expression comme « boys will be boys », sur la longueur du pénis comme de la taille des muscles de Thor, sur l’homophobie comme sur la virilité en 2023. Il lui arrive de faire référence à des textes pointus, mais le plus souvent, il trouve matière à réflexion dans la culture populaire (télé, cinéma, musique pop) et des situations de la vie quotidienne. Son approche est conviviale et accessible.

Adonis

L’idéal masculin en vogue à l’heure actuelle pourrait se résumer à Ryan Gosling dans Barbie : un gars pas juste d’un poids santé, mais parfaitement découpé. Le modèle que visent les jeunes hommes interviewés par le réalisateur Jérémie Battaglia dans Adonis est toutefois d’un autre ordre. Ce sont de véritables « Monsieur Muscles » pour qui l’entraînement est un sport extrême dangereux. Le documentariste lève en effet le voile sur ce qu’il décrit comme une crise de santé publique qui passe complètement sous le radar et révèle tout un système nourri par les réseaux sociaux qui encourage l’utilisation de stéroïdes anabolisants, par des culturistes amateurs. Il révèle aussi les fragilités qui se cachent derrière ce désir d’être imposant à faire peur.

Sur Télé-Québec

Voyez la page du documentaire sur le site de Télé-Québec

La grande débandade

Karina Marceau aborde la question de la pornographie sous un angle percutant : son impact sur la vie intime et même les fonctions sexuelles des jeunes hommes. Oui, des accros à la porno sont parfois réduits à prendre des médicaments contre la dysfonction érectile dès la jeune vingtaine. La documentariste va bien au-delà de la mécanique et examine ce que la consommation excessive de pornographie provoque dans la vie intime des jeunes adultes interrogés (de jeunes femmes témoignent aussi) et comment l’exposition répétée à des images stéréotypées appauvrit l’imaginaire érotique essentiel à une vie sexuelle épanouie.

Sur Tou.tv

Voyez la page du documentaire sur Tou.tv

The Mask You Live In

Ce documentaire venu des États-Unis ne dépeint peut-être pas tout à fait la réalité québécoise, mais il creuse à fond une quantité de questions concernant un chaînon apparemment défaillant de la masculinité qui concerne tout le monde : la socialisation des garçons. Du boys club de la garderie aux « fraternités » de l’université, des premiers pas dans le sport à la dépendance aux jeux vidéo violents, la réalisatrice Jennifer Siebel offre une mosaïque percutante et touchante d’experts et d’hommes malmenés par ce que la société leur demande d’être. Il y a dans ce film des scènes tristes à pleurer quand des ados osent enlever leur masque…

Sur The Representation Project

Voyez la page du documentaire sur le site The Representation Project (en anglais)

Du côté des hommes

Du côté des hommes n’est pas une série popcorn qui cherche d’abord à divertir, comme celles qui envahissent Netflix. Elle présente plutôt des témoignages de spécialistes sans flafla ni mise en scène. On y parle d’anxiété de performance, de réticence à consulter, de sous-scolarisation, etc. Son animateur, Dany Turcotte, en parlait en 2022 à notre journaliste Marc-André Lemieux comme d’une série « nécessaire » qui soulève des « problèmes de gars, qui ont pris leur trou » et qui « se cherchent ».

La Presse

Sur Savoir Média

Voyez la série documentaire sur le site de Savoir Média

Garçons, un film de genre

Il y a des gars qui osent sortir du cadre en revendiquant leur sensibilité ou une identité de genre hors norme, mais beaucoup estiment encore qu’être un homme, c’est être fort et ne pas afficher sa vulnérabilité, montre ce documentaire de Manuel Foglia. Ils parlent peu, pleurent seulement en cachette et beaucoup jugent qu’un vestiaire de hockey est un espace sûr (safe space). La force de ce film est de présenter les élèves dans leur environnement naturel – dans ce cas-ci, une polyvalente – et de capter des scènes éloquentes : les interactions très physiques entre les garçons dans les corridors, les poignées de main complexes que les groupes d’amis s’échangent comme un code ou des commentaires très évocateurs attrapés au vol.

Sur TV5UNIS

Voyez la page du documentaire sur le site de TV5UNIS