« Il n’y a pas beaucoup de monde qui parle 100 % au nom des enfants », lance MMylène Leblanc, avocate spécialisée dans les droits de la jeunesse.

« La CDPDJ a des pouvoirs extraordinaires, mais ne s’en sert pas, ajoute-t-elle, faisant échos aux propos de Nancy Audet. Quand tu peux faire la différence, pourquoi tu ne le fais pas ? Il y a une réelle absence de leadership. »

Pourtant, les motifs de plaintes ne manquent pas. Outre les conditions de vie dans les centres jeunesse, il y a aussi l’absence de services spécialisés pour tous ces jeunes vulnérables qui ont besoin de suivi. « Je dis toujours à mes clients d’écrire à la Commission pour qu’il y ait des preuves écrites, explique l’avocate, mais je n’y crois plus. »

Lorsque la DPJ reconnaît ses lacunes et promet d’apporter des changements, la CDPDJ se retire d’un dossier, m’explique MLeblanc.

Selon elle, les pouvoirs du futur commissaire tels que définis dans le projet de loi 37 ne correspondent pas aux souhaits de la commission Laurent.

« On a perdu l’essence de ce que devrait être ce commissaire, estime-t-elle. On morcelle le rapport et on ne protège pas les enfants. »

Quand il y a le feu, on appelle le 911 ! On appelle où quand on est un enfant et qu’on est en isolement pendant un mois ?

MMylène Leblanc, avocate spécialisée dans les droits de la jeunesse

Pour se plaindre, encore faut-il connaître ses droits. De retour d’une tournée an Abitibi, Jessica Côté-Guimond, cofondatrice et directrice du collectif Ex-Placé DPJ, a visité des centres où les jeunes autochtones étaient surreprésentés. « Quand on leur a dit qu’ils avaient le droit de demander qu’on leur parle dans leur langue, ils étaient assez surpris de l’apprendre », raconte-t-elle.

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Jessica Côté-Guimond, cofondatrice et directrice du collectif Ex-Placé DPJ

« Les jeunes ne connaissent pas leurs droits », poursuit Mme Côté-Guimond, qui travaille justement à la rédaction d’un livre sur le sujet – Droits de cité – qui devrait être publié en juin prochain, en collaboration avec la CDPDJ.

« On dit que les jeunes peuvent s’adresser à leur comité d’usagers quand quelque chose ne va pas, ajoute cette ex-enfant de la DPJ. La création de ces comités est d’ailleurs un droit inscrit dans la loi. Mais dans les faits, on n’en trouve pas dans tous les centres jeunesse, surtout depuis la COVID. Et comme les jeunes n’ont pas d’ordinateurs, ils ne peuvent même pas participer à des rencontres en ligne. »