Ils ont moins de 30 ans, ils réalisent que des vêtements, ils en ont trop. Ce à quoi ils auraient en général le plus de difficulté à renoncer ? Aux voyages à l’étranger, qu’ils font par plaisir ou pour retourner voir leur famille chaque année, dans leur pays d’origine. Discussions avec des jeunes généreux de leurs témoignages.

Kim Guerrero, peintre

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Kim Guerrero

« J’ai vraiment beaucoup de vêtements. Je ne dirais pas que c’est une dépendance, mais quand la journée a été longue, j’aime me gâter et m’acheter quelque chose de neuf. Une belle paire de chaussures, pour moi, c’est comme un bonbon pour une enfant ! Toutes les deux semaines, je fais de gros sacs et je les apporte à l’Armée du Salut, ça leur fait peut-être 30 pièces de vêtements chaque fois.

« L’avion ? Chaque année, depuis quelque temps, je vais dans mon pays natal, le Salvador, pour voir ma famille et profiter de la chaleur, pendant l’hiver.

« Un jour que j’y étais avec mon conjoint, on a ramassé plein de déchets de plastique sur la plage. On a pris une photo et sur Facebook, on a écrit aux gens de se ramasser. On voyait des chiens, des tortues, aussi, manger du plastique, c’était choquant. »

Léa Galipeau-Ruggeri, étudiante en communication des médias sociaux

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Léa Galipeau-Ruggeri

« J’ai une nouvelle résolution en 2024 : acheter dans les friperies ! Je me suis beaucoup trop fait avoir par tout ce qui est en rabais et là, j’ai trop de vêtements.

« Pour me démaquiller, je n’utilise plus de lingettes jetables. J’économise l’eau, aussi.

« J’ai beaucoup voyagé avec ma famille. À 15 ans, je suis allée au Japon, mon père est italien, alors je suis aussi allée en Italie, en plus d’aller au Portugal, en Haïti en voyage humanitaire et de faire des petits voyages comme aller au Mexique et à Cuba. Je vais en Europe cet été, je vais faire une croisière.

« C’est gênant, je n’ai pas visité le Canada ! Je vais avoir encore envie de voyager à l’étranger, mais je vais essayer de rester davantage au pays. Je veux voir d’où je viens, découvrir le Québec. »

Marilou Bessette, étudiante en littérature

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Marilou Bessette

« J’ai besoin de me reconnecter à la nature. J’ai envie de Gaspésie, de Côte-Nord. Je n’ai pas besoin de prendre l’avion : il y a plein d’endroits intéressants à visiter au Québec. Dans mon petit cercle uqamien, plusieurs pensent comme moi.

« L’industrie de la fast fashion, c’est vraiment un problème, alors j’achète seconde main, dans des friperies. Marketplace, c’est très utilisé par les jeunes.

« Le REM, ça m’a beaucoup nui. J’habite à Brossard et avant, un autobus passait tout près de chez moi. Maintenant, j’ai besoin d’utiliser une voiture.

« Je fais attention [à mon empreinte écologique], mais c’est effrayant de constater qu’à l’extérieur de mon petit monde, beaucoup ne font pas les mêmes efforts.

« Même s’il y a plein de militants, le pouvoir, il est du côté de l’argent. Ce n’est pas nous, à l’échelle individuelle, qui pouvons changer le système. »

Lora Saykova, étudiante en ressources humaines

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Lora Saykova

« Le shopping, j’en fais beaucoup moins. Tout mon argent va dans la nourriture, le lunch, les petites choses à grignoter. Un croissant, c’est 4 $ maintenant ! Les cigarettes sont chères, aussi !

« Je n’ai pas de gourde, j’achète des bouteilles d’eau en plastique. Je sais, ce n’est pas bon pour l’environnement, mais les gourdes, je les perds. Et il faut les laver et ça pue si tu ne le fais pas bien […]

« Les voyages dans les cinq dernières années ? Je suis allée en Bulgarie, en Grèce, en Italie, à Londres deux semaines en décembre, à Cuba, au Mexique. Cet été, je pars deux mois en Espagne. Pour moi, c’est super important, le voyage, je suis fan d’architecture, je me dépêche d’en voir le plus possible, pendant que c’est encore accessible. Après, [l’avion] deviendra peut-être plus cher.

« Et il faut le faire quand on est jeune, avant d’avoir des enfants parce qu’après, tu ne peux plus autant le faire.

« Mes amis ne se soucient pas des problèmes environnementaux. Ils ont leurs gourdes, mais ils achètent beaucoup de vêtements. »

David Rodrigues, étudiant en management

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David Rodrigues

« Je suis français, en échange scolaire au Québec. À Paris, j’achetais beaucoup de vêtements pour être à la mode – on est un peu moutons ! En France, à l’université, c’est sûr que je mets un costard. C’est mal vu, sinon, et on ne sait jamais qui on peut rencontrer. Même à l’université, on peut rencontrer de futurs partenaires d’affaires.

« Au Québec, c’est plus décontracté et je flambe beaucoup moins d’argent en vêtements, un peu moins en gadgets électroniques, aussi.

« J’ai un cours de responsabilité sociale et environnementale et avec l’âge, ma conscience environnementale se développe. Par exemple, j’ai choisi de prendre le train, récemment, pour aller à Toronto. »

Emmanuel Arsenault, étudiant en littérature

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Emmanuel Arsenault

« Je suis en appartement à Montréal, alors mes habitudes de consommation ont beaucoup changé. Maintenant, mon argent va essentiellement au loyer, à l’épicerie, à l’université…

« Mes parents habitent en Gaspésie. L’été, j’aime aller profiter des montagnes, du fleuve. Je n’ai pas envie de prendre l’avion et de faire d’autres voyages.

« J’ai des amis qui voyagent à l’étranger, qui sont allés dans des pays où ils ont vu beaucoup de pollution et qui sont revenus en disant que ça ne vaut pas la peine [de faire des efforts].

« Ce que je trouve difficile et assez démotivant, c’est de réaliser que ma seule personne n’aura aucun impact. Que même en faisant moi-même attention, ça ne suffira pas.

« Je le sais que le vêtement que je n’achète pas, il sera acheté quand même par quelqu’un d’autre.

« Je réalise donc très bien que je ne suis pas en train de sauver la planète en faisant des efforts, mais je le fais pour ma conscience. »

Lisez « Les jeunes sont-ils encore écolos ? »