Près de 50 ans après l’adoption, le 19 juillet 1974, de la Loi sur la langue officielle (dite loi 22) à l’Assemblée nationale, la protection et la mise en valeur de la langue française demeurent un sujet d’actualité. Comment ont évolué les choses et quels sont les outils disponibles pour assurer son rayonnement ? La Presse en parle avec Pascale Lefrançois. Championne mondiale junior d’orthographe à la dictée de Bernard Pivot en novembre 1990, elle est aujourd’hui vice-rectrice aux affaires étudiantes et aux études à l’Université de Montréal (UdeM).

L’embarras des langues, de Jean-Claude Corbeil

IMAGE FOURNIE PAR LA MAISON D’ÉDITION

L’embarras des langues, de Jean-Claude Corbeil

« Pour la compréhension de la loi 22, de tout ce qui l’a précédée et de tout ce qui l’a suivie, je pense que c’est un livre très intéressant », affirme Pascale Lefrançois.

Elle évoque par exemple le conflit linguistique survenu à Saint-Léonard en 1969, les débuts de l’Office québécois de la langue française, etc. « L’ouvrage se lit quasiment comme un roman et est une ressource très précieuse pour comprendre l’origine des politiques actuelles au Québec », ajoute la vice-rectrice de l’UdeM.

Mme Lefrançois encense aussi le travail de l’auteur, le linguiste Jean-Claude Corbeil, disparu en janvier 2022, pour sa contribution à l’avancement du français au Québec. « Il a fait un doctorat et a enseigné la linguistique à l’université, en plus d’être directeur linguistique de l’Office québécois de la langue française (OQLF) », dit-elle.

D’aucuns se souviendront enfin que M. Corbeil a été l’auteur du célèbre Dictionnaire visuel (avec Ariane Archambault) qui a pris plusieurs déclinaisons.

La vitrine linguistique

PHOTO PATRICK SANFAÇON, ARCHIVES LA PRESSE

La vitrine linguistique une excellente ressource pour quelqu’un qui veut écrire et qui veut vérifier s’il a choisi le bon mot ou bien compris une règle de grammaire.

« Ce site web de l’Office québécois de la langue française est formidable, dit Mme Lefrançois. Il regroupe deux ressources : la Banque de dépannage linguistique et le Grand dictionnaire terminologique. Avec un moteur de recherche commun à ces deux ressources, on retrouve tout de suite l’ensemble de ses contenus. »

Qu’est-ce qu’on y trouve ? Les règles de grammaire, de ponctuation, de syntaxe, tout comme un choix de vocabulaire. « Et aussi toute la terminologie que le Québec a développée au cours des dernières années pour promouvoir la langue française », précise Pascale Lefrançois.

« C’était beau, dans les années 1970, de promouvoir la langue française, mais on manquait de ressources pour avoir le mot juste, ajoute-t-elle. Il y a eu un travail immense fait par de nombreux linguistes de l’OQLF pour développer du vocabulaire en français dans toutes sortes de domaines. Et le fruit de tout ce travail est disponible sur La vitrine linguistique. »

Par exemple, la terminologie de l’intelligence artificielle y est présentée.

« Voilà une excellente ressource pour quelqu’un qui veut écrire et qui veut vérifier s’il a choisi le bon mot ou bien compris une règle de grammaire », conclut notre interlocutrice.

Consultez La vitrine linguistique

J’apprends le français

PHOTO MARTIN TREMBLAY, ARCHIVES LA PRESSE

« On veut que la langue d’accueil dans les commerces soit le français, mais pour ça, il faut que les commerçants arrivent à parler la langue », explique Pascale Lefrançois.

Le projet de site web J’apprends le français a été conçu par la Chambre de commerce du Montréal métropolitain en 2016. Mme Lefrançois y voit une « façon originale et humaine » d’aider les commerçants issus de l’immigration à mieux comprendre et utiliser le français.

« Le concept est d’aider les commerçants de certains quartiers de Montréal, comme Côte-des-Neiges où se trouvent en bonne partie des gens issus de l’immigration et qui n’ont peut-être pas le temps d’aller suivre des cours de français en dehors de leur commerce, à suivre des cours de français sur place », résume-t-elle.

Elle poursuit : « Des étudiants dans un domaine relié à la langue (enseignement du français, linguistique, traduction, rédaction) et ayant une affinité pour l’enseignement du français vont dans les commerces et parlent français avec les commerçants. C’est un beau geste pour rendre les gens plus francophiles, plus francophones. On a des lois sur l’affichage commercial en français, on veut que la langue d’accueil dans les commerces soit le français, mais pour ça, il faut que les commerçants arrivent à parler la langue. »

L’initiative a commencé à Côte-des-Neiges et s’est étendue à plusieurs quartiers montréalais, mais aussi à Longueuil et à Laval comme on peut le voir sur la carte interactive du site.

Consultez le site du programme J’apprends le français

Constellations

PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE

De jeunes lecteurs au Salon du livre de Montréal, en novembre dernier

Voilà un site internet parfait pour promouvoir la découverte de la littérature francophone chez les jeunes lecteurs et lectrices.

« Ce site web soutenu par le ministère de l’Éducation du Québec permet aux enseignants, mais aussi à tout le public, d’avoir des recommandations pour favoriser la lecture chez les jeunes du préscolaire au secondaire, expose Pascale Lefrançois. Il y a beaucoup de recommandations d’ouvrages québécois, mais aussi canadiens, et des classiques de la littérature française. »

Des recommandations sont faites selon l’âge, si le français est la langue maternelle ou la langue seconde, le degré de difficulté, etc. « Il y a aussi des fiches pédagogiques pour les enseignants qui voudraient utiliser ces livres en classe, que ce soit pour faire lire dans le cours de français, mais aussi dans d’autres disciplines : histoire, sexologie, etc. », constate Mme Lefrançois.

En tout, 13 246 livres aux sujets très variés sont recommandés.

« C’est un bel hommage à la littérature québécoise en français pour les jeunes, dit la vice-rectrice. Une chose qui me fascine est de voir les jeunes assis par terre, en train de lire dans les salons du livre. C’est beau de voir ça et on ne le dit pas assez. »

Consultez le site de Constellations

Qui est Pascale Lefrançois ?

  • Pascale Lefrançois est professeure de didactique du français à l’Université de Montréal depuis 2000. Elle a enseigné le français écrit aux futurs enseignants pendant 24 ans et mené des travaux de recherche sur l’apprentissage de la langue écrite du primaire à l’université.
  • Elle occupe actuellement les fonctions de vice-rectrice aux affaires étudiantes et aux études à l’Université de Montréal.
  • Elle demeure une passionnée des questions linguistiques, notamment dans le domaine de l’éducation au Québec.