« Être déçue/j’ai pu/le casting/pour ça », écrit Mylène Mackay dans Mon cœur accroché sur vos murs en carton, le récit d’une femme qui souhaite ne plus toujours jouer les mêmes rôles, non pas au grand ou au petit écran, mais entre les quatre murs des chambres à coucher d’hommes narcissiques à qui elle tend son cœur et qui le lui redonnent charcuté.

Fille d’un poète et horticulteur, Yves Gagnon, l’actrice de 36 ans (Nelly, Sam, Avant le crash) sait depuis l’enfance que la poésie appartient à tout le monde. Mais c’est sa rencontre avec l’écrivaine et éditrice Marilyse Hamelin, en amont de sa participation au collectif 15 brefs essais sur l’amour, qui lui aura insufflé le courage de passer à l’acte, malgré ce que cet acte a « d’intimidant et [de] vulnérabilisant ».

Je suis entrée dans une librairie rue Masson la semaine dernière, j’ai vu mon livre et je me suis dit “Ah mon Dieu !”. Je suis vite ressortie et je me sentais toute nue. Qu’est-ce que j’ai fait là ?

Mylène Mackay

C’est qu’il y a une grande part d’intime dans ce récit en vers des emballements et des désillusions d’une incurable romantique, qui se rend peu à peu compte que le vertige des sexes ivres ne vaut pas la souffrance des lendemains qui déchantent. « La délicatesse est si rare que c’est de la poésie », écrit celle qui voit aussi dans ces fragments, sublimés par les dessins de corps démembrés de Geneviève Boivin-Roussy, « quelque chose d’engagé, de politique ».

« C’est l’histoire d’une femme qui retrouve sa lumière et sa voix, après trop long l’avoir perdue. Comme le dit mon éditrice, c’est une quête de tendresse envers soi », souligne l’autrice, qui confie dans un rire timide être aujourd’hui guérie de ce type d’amour qui blesse. « Je me suis construit une maison différente. »

En deuil depuis la fermeture de la maison d’édition L’Écrou, qui a marqué au fer rouge le paysage de la littérature québécoise avec sa poésie qui préfère les formules qui frappent aux circonvolutions, Mylène Mackay aspire à écrire sans inhibition. À l’image des autrices qu’elle admire, dont celle qu’elle a incarnée dans le long métrage d’Anne Émond, Nelly Arcan.

« Des femmes comme Nelly, comme Marjolaine Beauchamp ou Véronique Grenier, disent les choses sans censure, observe-t-elle. Tu as accès à un flot de vérité. Elles me donnent la force, lorsque je m’assois pour écrire, de refuser les compromis. »

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Mon cœur accroché sur vos murs en carton

Mon cœur accroché sur vos murs en carton

Somme toute

80 pages