Pour ceux qui la connaissent peu, la science-fiction se résume à un genre littéraire peuplé de vaisseaux spatiaux, de robots intelligents et de créatures étranges déambulant au gré de contrées fantastiques. Ce serait mal connaître son sujet, et à plus forte raison l’approche d’Ariane Gélinas, qui tisse de nouveau une toile romanesque autour de territoires septentrionaux et des cultures autochtones, tels qu’elle les avait déjà esquissés dans la trilogie Les villages assoupis, multiprimée.

Dans son nouveau roman d’anticipation L’envers des forêts, campé un siècle dans le futur, le réchauffement climatique a atteint son paroxysme. On y trouve une triade amoureuse composée de Tiéra, Einar et Maurane. La première, une Québécoise athlétique ténébreuse, souffre de thermophobie et porte une veste climatisée. Espérant la délivrer de cette anxiété liée à la chaleur, ses amants la mènent sur un sentier de pèlerinage aux confins des Territoires du Nord-Ouest, à la lisière des forêts de conifères et de la toundra. Eux aussi ont des baumes à appliquer sur leurs vies : Einar, Norvégien nanti, craint l’obscurité, tandis que Maurane, historienne dix-neuviémiste, se bat avec sa santé mentale. Que trouveront-ils au cours et au terme de leur expédition ?

On aime le traitement original des effets futurs de la crise climatique, ainsi que la mise en valeur de territoires méconnus et pourtant bien réels, tel ce Nord parsemé de pingos – le tout servi avec une écriture fouillée et soignée. Au rang des regrets, des expositions narratives parfois poussées un peu artificiellement (expliquer subtilement les rouages d’un univers fictif au lecteur reste un défi en science-fiction) et un travail d’édition qui laisse parfois à désirer, avec de récurrentes petites erreurs passées sous le radar, ou le papier si translucide qu’on pourrait presque lire le verso de chaque page.

L’envers des forêts

L’envers des forêts

Alire

266 pages

6,5/10