Les ambitions narratives de Cassie Bérard ne se lisent pas à l’épaisseur de ses livres. L’équilibre, roman dystopique rebrassant l’idée de la colonie pénitentiaire, ne faisait pas 300 pages. Congé, où elle mêle notamment les codes de l’horreur et du roman policier, en fait 130 et des poussières.

Derrière ce titre aucunement intrigant se cache une histoire qui l’est davantage. Clémence, policière établie à Mystic, aux frontières de la Montérégie et des Cantons-de-l’Est, prend quelques jours hors du boulot pour aller dans le Maine. Elle espère y retrouver Jacob, son amant écrivain admirateur de Stephen King, et lui rapporter du même coup son dernier manuscrit relatant un crime que toute une communauté a tenu secret.

Cassie Bédard n’orchestre toutefois pas une enquête en bonne et due forme. Son écriture adopte plutôt un ton un peu détaché du réel et croise des voix aux contours pas toujours saisissables, ce qui donne l’impression d’avoir le nez dans deux histoires en même temps. Et c’est le cas. L’envers de ce style précis est sa relative froideur, bien qu’il soit évocateur.

Or, si le récit finit par livrer quelques clés au sujet du drame longtemps resté caché et d’autres questions d’abord sans réponse (pourquoi Jacob ne donne-t-il plus de ses nouvelles ? ), il ne se défait jamais totalement de son opacité. En ce sens, il est l’envers du suspense. Ce qui le rendra peut-être attrayant pour les lecteurs intéressés par les mécaniques narratives, mais moins pour ceux qui ne sont qu’à la recherche d’une bonne histoire.

Congé

Congé

La Mèche

132 pages

6/10