C’est l’histoire d’une famille tissée très serré, où les rôles de chacun sont très bien définis : le père, Eddie, homme d’affaires prospère, assure la sécurité et le confort de sa petite tribu.

Sa femme Nora, créatrice de bijoux, s’investit corps et âme dans la maternité. Leur fille, Leni, qu’ils ont failli perdre à la naissance, est une gymnaste douée. Elle s’investit dans la discipline du « tumbling », une façon pour elle de s’évader, et de contrôler son environnement. Elle vit avec intensité les secondes pendant lesquelles son corps est suspendu dans les airs.

Derrière l’image de la petite famille parfaite, la situation pourrit lentement. Eddie fera faillite mais n’osera pas l’avouer.

Mensonges, orgueil mal placé, problèmes de communication... Cette histoire aurait pu être différente, si seulement...

Eddie s’enfonce dans ses mensonges, et par moments, on pense à L’adversaire d’Emmanuel Carrère.

Peu à peu, c’est le coach de Leni, Jonah, qui prendra la place du père et deviendra le protecteur de la mère et de la fille. Non sans danger, car lui aussi traîne un passé douloureux dont il ne parle jamais.

Ce qui fait la force et l’originalité du roman de Valérie Tong Cuong, c’est le cinquième personnage du récit : la nature, qui rôde et qui menace. À mesure que la famille se détricote, la nature se déchaîne. Cette nature désordonnée trouble l’adolescente, symbole d’une génération écoanxieuse. Quand une tornade viendra littéralement détruire la maison, c’est toute la dynamique familiale qui s’en trouvera changée à jamais et chacun montrera alors son vrai visage. Pour le meilleur et pour le pire.

Voltiges

Voltiges

Gallimard

240 pages

8/10