Sonia Bolduc n’en était pas à écrire un livre. « Je faisais un exercice pour un autre récit sur lequel je travaillais. Je voulais feeler différentes sortes de morts », explique-t-elle avec un petit sourire malicieux. « Mon but, c’était de faire mourir tout le monde que je connais une couple de fois. »

L’autrice et journaliste de 56 ans n’est pourtant pas une sadique, tout le contraire. Sonia Bolduc aime la vie. Beaucoup. « C’est sûr que si, chaque heure, tu penses à la mort, c’est lourd, dit-elle, mais il n’y a pas un matin qui passe sans que je me demande si je suis en train de vivre la meilleure vie. »

L’horizon de la mort m’oblige à me poser des questions : est-ce que je suis entourée des gens que j’ai envie de fréquenter ? Est-ce que je suis bien ?

Sonia Bolduc

Composé d’une centaine de fragments s’amorçant tous par les trois mêmes mots, « quand tu mourras… », son premier livre catalogue ces morts qui attristent, qui enragent ou qui soulagent les gens. « Quand tu mourras… tu ne seras pas regretté », le premier texte du recueil, lui a été inspiré par son grand-père, confie en riant celle qui a longtemps observé la poésie d’un œil indifférent, avant d’être foudroyée par l’écriture d’autrices « qui ont rendu ça plus vrai pour [elle] », comme Marjolaine Beauchamp.

Ce memento mori décliné sur tous les tons de rire et de drame se veut ainsi à la fois critique du conformisme, célébration des magnifiques petits riens du quotidien et mise en garde contre le pilote automatique. Nous prendrions peut-être tous des décisions différentes si nous étions un peu plus conscients que notre numéro sera un jour pigé, semble-t-elle vouloir nous rappeler.

Mais quand tu mourras est aussi, surtout, une déclaration d’amour à l’existence. « Parfois, je trouve qu’il y a des gens qui sont sur le radar et je ne veux pas que ça m’arrive », confie l’Estrienne, qui n’est pourtant pas guettée par ce risque. Elle a quitté en septembre dernier l’équipe de La Tribune de Sherbrooke, où elle a été chroniqueuse et journaliste pendant un quart de siècle, afin de s’inventer une autre vie, davantage tournée vers la création. Elle multiplie les projets communs avec sa femme, la photographe Annick Sauvé. Autrement dit : Sonia est heureuse.

« Comment le dire autrement ? Savoir que la vie, ça va finir un jour, ça me fait chier. »

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quand tu mourras

quand tu mourras

Hurlantes

174 pages