« On aurait pu aller directement aux États-Unis ou même au Mexique, mais on préfère rester ici. » Abritek, manufacturier de portes et fenêtres établi à Saint-Georges, en Beauce, fait partie des entreprises québécoises qui s’approvisionnent entièrement dans la province. Pourquoi le faire ? Quels sont les avantages, les défis ? Tour de piste.

Profilés de polychlorure de vinyle à Laval, aluminium à Saint-Nicolas, fournisseurs de quincaillerie à Terrebonne, portes d’acier à Sainte-Julie et à Beauceville, unités scellées à Québec, bois à Notre-Dame-des-Pins et à Saint-Joseph... Abritek mise sur une formule 100 % québécoise qui « paye au bout du compte », selon Bianca Dupuis, directrice générale.

« C’est entre autres une question de langage, pour parler français, décrit Stéphen Rancourt, directeur des achats chez Abritek. On n’a pas un bilinguisme total dans la région – rien qui nous empêche de communiquer en anglais, bien sûr, mais on aime aussi encourager le plus près possible de chez nous. »

De plus, à long terme, l’entreprise bénéficie d’une stabilité et d’une bonne connaissance de son réseau.

« C’est très familial comme usine, cette mentalité est encore très forte. On aime que les gens viennent nous encourager dans la région, alors on fait pareil », précise-t-il, ajoutant que la logistique est facilitée par l’absence de douanes.

Quand tu travailles avec d’autres pays ou même hors de la province, ce n’est pas pareil. Ce qu’on vit avec des partenariats au Québec, c’est unique. C’est plus humain.

Bianca Dupuis, directrice générale d’Abritek

Relations avantageuses

La plupart des partenaires d’Abritek font des affaires avec l’entreprise depuis 20 ou 30 ans. Cela permet un échange plus agréable, où « on peut se parler dans le blanc des yeux sans être offusqués ou irrévérencieux », selon Stéphen Rancourt.

De surcroît, cette connaissance et cette confiance mutuelles incitent les fournisseurs à consulter Abritek avant de modifier une procédure ou la disponibilité d’un produit. « Les impacts des décisions d’un fournisseur peuvent se faire sentir, mais ils nous questionnent en proaction, précise Bianca Dupuis. Ça simplifie le processus. »

PHOTO FOURNIE PAR ABRITEK

Le défi d’Abritek repose dans les délais de livraison des nouveaux équipements.

Autrement, leur proximité permet aussi de travailler conjointement à résoudre des problèmes. Par exemple, les fournisseurs d’Abritek ont proposé à l’entreprise des solutions de rechange pour s’adapter aux restrictions imposées après la fin de la pandémie. Résultat : depuis le milieu de 2023, la réception de livraisons se porte fort bien.

Autre cas : à la suite de l’incendie d’une de ses usines en 2022, Abritek a été en mesure de procéder à une relance rapide justement « grâce à ses relations ».

Le défi

Le défi, en revanche, repose dans les délais de livraison des nouveaux équipements. Puisque les fournisseurs s’approvisionnent eux-mêmes en Europe, une pièce peut facilement mettre 18, voire 24 mois avant d’arriver à bon port.

Il faut que tu penses deux ans à l’avance à tes projets. Avec la vitesse de changement du marché, dans les cinq dernières années, tu vois les choses qui changent parfois tous les six mois.

Bianca Dupuis, directrice générale d’Abritek

« Pour contrer ça, on fait des études de marché, renchérit Stéphen Rancourt. On a des rencontres trimestrielles pour anticiper la tendance ; c’est beaucoup de collaboration. On regarde beaucoup ce qu’il y a en Californie et en Europe, côté fenestration, pour entrevoir ce qui s’en vient ici. »