À 21 ans, Magalie Rajotte s’est lancée dans la production de fraises en serre afin de diversifier les activités agricoles de la ferme familiale, mais aussi pour tracer sa propre voie. Même si ses petits fruits rouges sont grandement prisés, elle doit malgré tout composer avec de nombreux défis. Rencontre.

Magalie Rajotte, maintenant âgée de 23 ans, l’avoue d’emblée : sans subventions, elle n’aurait jamais été capable de fonder son entreprise Les Serres de Lavallière, près de la route 132, à Sorel-Tracy. Les subventions couvrent 70 % de son investissement total. Et après trois ans, elle n’a pas encore reçu tout l’argent qu’on lui a promis.

Elle a reçu l’aide de plusieurs organisations, dont le ministère de l’Agriculture (MAPAQ) et Hydro-Québec, car la jeune cheffe d’entreprise est l’une des premières au Québec à chauffer ses serres à l’aide de thermopompes électriques. Lors des grands froids, un système alimenté au propane prend le relais.

PHOTO CHARLES WILLIAM PELLETIER, COLLABORATION SPÉCIALE

Magalie Rajotte, propriétaire et fondatrice de la PME Les Serres de Lavallière

Mon entreprise est rentable, mais je ne me verse pas de salaire depuis deux ans. Je réinvestis tout dans l’entreprise et j’ai un employé à payer. On aura une meilleure idée de notre profitabilité dans les prochaines années.

Magalie Rajotte, propriétaire et fondatrice de la PME Les Serres de Lavallière

Après seulement une année de production, elle a doublé la superficie de ses installations, passant de 1800 à 3600 mètres carrés. Elle vise un rendement de 10 $ le mètre carré. À ce jour, elle a produit 5000 kg de fraises en 2024. « Je vise 10 000 kg par année », dit-elle.

L’entrepreneure en est à sa troisième année de production. Vendues 11 $ le panier d’un litre, les fraises de Magalie Rajotte disparaissent dès qu’elles sont mises en vente dans le petit kiosque aménagé devant ses champs. Elle y écoule entre 70 et 80 % de ses récoltes.

Les petits fruits charnus de la PME agricole trouvent également preneur dans les six succursales de Strom Spa et dans des fruiteries, des pâtisseries et même jusqu’à la ferme Guyon, sur la Rive-Sud.

Grâce à un éclairage aux DEL, la période de production, en gouttières suspendues, va de novembre à juin. Elle pourrait possiblement s’étirer jusqu’en juillet cette année. Afin de rentabiliser encore plus ses installations, Magalie Rajotte vient de se lancer dans la culture de laitues.

Parmi les projets dans les cartons de la jeune femme d’affaires : récupérer et mieux gérer son eau, mais aussi repenser les façons d’optimiser l’espace afin de cultiver davantage de fraises sans devoir agrandir le petit complexe de quatre serres contiguës.

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Vendues 11 $ le panier d’un litre, les fraises de Magalie Rajotte disparaissent dès qu’elles sont mises en vente dans le petit kiosque aménagé devant ses champs. Elle y écoule entre 70 et 80 % de ses récoltes.

Pas prise au sérieux

Avant de se lancer en affaires, Magalie Rajotte a fait ses classes. Au propre comme au figuré. Après avoir obtenu un DEC en gestion et technologie des entreprises agricoles à l’Institut de technologie agroalimentaire de Saint-Hyacinthe, elle a travaillé dans une ferme caprine en Ontario. De retour au Québec, la jeune femme a bossé chez un maraîcher possédant des serres près de chez elle. Il y a eu déclic.

« De travailler chez lui m’a permis de commencer à monter mon entreprise et de ne pas arriver les mains vides, explique Magalie Rajotte d’un ton reconnaissant. Ce producteur savait que je voulais me lancer en affaires. Il m’a aidée et je l’aide à mon tour. Je vais encore travailler pour lui l’été. »

Malgré un enthousiasme contagieux, le jeune âge de Magalie Rajotte a momentanément joué contre elle lorsqu’elle a fondé sa PME.

« Les gens ne me prenaient pas au sérieux, dit-elle. Ils étaient trop exigeants. Or, les subventions sont versées plus tard. L’entreprise agricole – spécialisée dans les grandes cultures – de mes parents a absorbé toutes les dépenses. Quand j’ai commencé à récolter, un fabricant de serres qui ne me prenait pas au sérieux est revenu me voir pour me demander si j’avais d’autres projets. »

Heureux retour du balancier.