À Boisbriand et à Saint-Eustache, dans la couronne nord, prospèrent les deux usines d’un chef de file en production de poudres d’alliages de titane, d’aluminium et de nickel. AP&C, une société de General Electric Additive, a pour clients les principaux fabricants d’équipements biomédicaux et aérospatiaux à l’échelle planétaire. Incursion dans un monde méconnu.

Ces poudres se destinent à la fabrication additive, principalement l’impression tridimensionnelle. « Il s’agit d’un procédé résolument atypique », indique en entrevue l’ingénieure de procédés Laetitia Kitissou, analyste de données chez AP&C depuis 2019. « Ce n’est pas répandu. »

Les poudres alimentent les imprimantes 3D qui fabriquent de petites pièces telles que des prothèses de hanches et de genoux ou encore des pièces de moteur d’avion.

L’ingénieure ne peut toutefois trop en révéler, les projets sur lesquels travaille l’entreprise, hautement réglementée, étant confidentiels.

Selon la diplômée en génie chimique de Polytechnique, l’industrie des poudres métalliques additives est peu connue, et mériterait de l’être davantage. « C’est très de niche. »

La liberté de créer

L’ingénieure évolue au sein d’une industrie à la fine pointe de la technologie en perpétuel développement, ce qui la stimule au plus haut point. « Ça nous laisse la liberté de créer des outils qui n’existent pas encore. On peut essayer ses idées, les implanter. Il y a beaucoup à découvrir parce que l’information est en train de se développer », affirme avec vivacité Mme Kitissou. « C’est comme une industrie qui ne nous a pas encore révélé tous ses secrets. »

Elle s’émerveille d’observer les changements se produire sous ses yeux, auprès de ses pairs d’AP&C. « On sait qu’on y participe », dit-elle en éclatant d’un rire chaleureux montrant tout l’engouement que suscite chez elle son emploi.

Notre industrie est vraiment jeune et les choses évoluent rapidement. Il y a beaucoup de nouveaux projets de natures différentes. Je ne peux pas m’asseoir sur mes acquis, je dois toujours apprendre quelque chose, ce que j’adore !

Laetitia Kitissou, ingénieure de procédés chez AP&C

« Parfois, on doit partir de zéro, comme d’un canevas vide, expose-t-elle. C’est ça, le défi. Je n’ai pas toutes les connaissances, mais je dois aller les chercher et bâtir là-dessus. C’est un processus super motivant. Et quand on prend le temps de construire quelque chose petit à petit et qu’on découvre à la fin que ça fonctionne, c’est gratifiant. »

Une journée, elle peut travailler sur le suivi de la performance d’un procédé afin d’en optimiser la production, le lendemain, sur des algorithmes pour réfléchir l’intelligence artificielle. « Ce sont de nouvelles notions qui peuvent sembler lointaines, mais j’ai l’occasion d’y toucher, d’apprendre et d’apporter une valeur à l’entreprise », se réjouit-elle.

Laetitia Kitissou encourage les ingénieurs intrigués par l’industrie des poudres métalliques pour impression 3D à ne pas craindre l’inconnu. « Certes, on ne connaît pas tout. Ça ne veut pas dire que l’on ne peut pas accomplir quelque chose ou faire progresser des projets. »

Et l’ingénieure aspire à un avenir radieux pour l’impression 3D qu’alimentent les poudres d’AP&C. « Quand on fabrique des pièces en coulant le métal dans des moules, on perd de la matière. L’impression 3D permet de diminuer les pertes. Et fabriquer une pièce en quelques heures plutôt qu’en une journée, c’est pas mal intéressant. »

« Si on pouvait appliquer ce genre de production à toutes sortes d’autres domaines, comme l’automobile, ça pourrait changer les choses. Ce n’est pas rien », conclut-elle.