Pour mieux étudier la Terre à partir de l’espace, l’Agence spatiale canadienne, située à Longueuil, crée et envoie des satellites d’observation dans l’espace. Geneviève Gariépy, ingénieure en physique, est cheffe de la Mission d’observation de l’Arctique, dont l’objectif est de concevoir et de déployer des instruments pour récolter notamment des données sur les changements climatiques. Elle a accepté de répondre à nos questions.

Quel est votre rôle comme cheffe de la Mission d’observation de l’Arctique ?

Je coordonne toutes les activités de la Mission avec l’équipe à l’agence (ASC), mais aussi, avec notre partenaire, Environnement Canada, et avec des collaborateurs. Je suis impliquée dans les travaux de conception des quatre principaux instruments envisagés pour fournir de meilleures observations au-dessus de l’Arctique, mesurer les concentrations des gaz à effet de serre, observer les gaz qui nuisent à la qualité de l’air et améliorer les prévisions des phénomènes causés par le rayonnement électromagnétique et les particules chargées des éruptions solaires. Je gère des projets, donc c’est un travail très humain, mais aussi, très technique. Je regarde toutes les questions à évaluer sur les instruments et je suis impliquée dans toutes les petites décisions qu’il faut prendre, mais avec un point de vue global.

Comment votre travail se vit-il au quotidien ?

Mon travail change de jour en jour, de semaine en semaine et de mois en mois, selon la phase du projet. C’est certain que j’ai toujours beaucoup de réunions, parce que nous travaillons en équipe multidisciplinaire. C’est impossible qu’une personne ait toutes les connaissances nécessaires pour avancer, alors il faut connecter plusieurs personnes ensemble, comme des ingénieurs, des scientifiques, des gestionnaires et des analystes des politiques. Je dois m’assurer que tout le monde se comprend bien. Nous travaillons aussi de près avec l’industrie. Nous devons être capables de bien établir nos priorités pour que les entreprises privées puissent développer les technologies dont nous avons besoin.

PHOTO CATHERINE LEFEBVRE, COLLABORATION SPÉCIALE

Geneviève Gariépy a fait un baccalauréat en génie physique à Polytechnique Montréal, une maîtrise en physique à l’Université d’Ottawa et un doctorat en physique en Écosse.

Quelle est votre formation et en quoi vous a-t-elle préparée à relever ces défis ?

J’ai fait le baccalauréat en génie physique à Polytechnique Montréal. Il y a eu beaucoup de développement en physique au début du XXe siècle, par exemple en quantique, en optique, en photonique. Le génie physique englobe tout ça. Les notions en optique que j’ai apprises lors de mon baccalauréat me servent encore. Puis, je suis devenue une spécialiste de l’optique. J’ai fait une maîtrise en physique à l’Université d’Ottawa et un doctorat en physique en Écosse. Dans mes études, j’ai développé une capacité à attaquer des problèmes complexes pour lesquels on ne sait pas s’il y a une solution. Avoir développé cette confiance, cette capacité à y aller par étapes est très important dans mon travail. Je suis en poste depuis un an et avant, je travaillais chez ABB sur des instruments optiques d’observation de la Terre : c’est dans cet emploi que j’ai acquis les connaissances techniques dont j’ai besoin aujourd’hui dans mon travail.

Avez-vous toujours rêvé de devenir ingénieure et de travailler en environnement ?

J’ai toujours été déchirée parce que d’un côté, je trippe sur l’optique, sur ses maths, sur ses expériences. Je m’amuse vraiment à travailler là-dedans. Mais, d’un autre côté, j’ai des valeurs environnementales fortes et je ne voyais pas comment je pouvais lier ces deux grands champs d’intérêt. C’est en atterrissant par hasard dans le domaine spatial que j’ai compris le rôle essentiel des satellites dans l’observation de la Terre. Le travail de mon équipe permet de mieux comprendre le fonctionnement de la Terre et ainsi, on peut prendre des décisions plus éclairées pour mieux gérer les changements.