L’adoption de technologies propres par les entreprises est au cœur du verdissement de l’économie. Écotech Québec, dont la mission est de promouvoir cette tendance, constate que des entreprises et organismes de partout dans la province et de secteurs d’activité variés apportent leur contribution.

La présidente et cheffe de la direction d’Écotech Québec, Isabelle Dubé-Côté, se réjouit de ce constat, d’autant que, « pour réussir la transition, on va avoir besoin de solutions provenant de divers sous-secteurs des technologies propres », souligne-t-elle en entrevue.

D’ailleurs, aucun secteur ne manquait à l’appel lors de la troisième remise des prix Eurêka ! par Écotech Québec jeudi soir. « Ça facilite notre objectif de démontrer que, peu importe le secteur, c’est possible d’être plus concurrentiel et de réduire son impact environnemental grâce aux technologies propres », affirme la présidente d’Écotech Québec.

Le Québec vient d’ailleurs de connaître des années charnières en matière d’implantation, fait-elle observer. « On arrive à accélérer le développement, le financement et le déploiement des technologies propres. »

Ces dernières ont toutes un rôle à jouer si l’on veut atteindre les objectifs canadiens fixés pour 2050 en matière de carboneutralité, estime Mme Dubé-Côté.

On n’y arrivera pas avec une seule technologie ni avec un seul secteur d’application. C’est important de voir la gamme et la complémentarité des technologies.

Isabelle Dubé-Côté, présidente et cheffe de la direction d’Écotech Québec

Elle a notamment vu se multiplier les solutions fondées sur la nature (nature-based solutions) et celles touchant l’efficacité énergétique et l’économie circulaire.

Économie circulaire sur la Côte-Nord

L’un des finalistes 2022-2023 des prix Eurêka !, la microbrasserie St-Pancrace, établie à Baie-Comeau, contribue justement à l’économie circulaire de sa région, sur la Côte-Nord, grâce à un ingénieux séchoir à drêche conçu par Constructions JKS.

La micro désirait valoriser au maximum ses résidus de brassage (ladite drêche), matière première qui, humide, se conserve moins de 24 heures. Pour ce faire, il fallait donc la sécher.

PHOTO FOURNIE PAR LA MICROBRASSERIE ST-PANCRACE

La microbrasserie St-Pancrace à Baie-Comeau

Le séchoir s’est avéré une solution des plus fructueuses, puisqu’il profite à deux autres entreprises du territoire de la Manicouagan : la ferme maraîchère et houblonnière Les jardins de Carmanor et le cultivateur ChampiNord. La première en nourrit ses poules, tandis que la seconde l’incorpore dans le substrat servant à cultiver ses champignons.

Grâce à la drêche que leur donne St-Pancrace, elles ont toutes deux vu croître leur productivité et diminuer leurs dépenses liées à l’achat de matières premières pour alimenter la volaille et faire pousser les champignons.

« Ce sont eux, les vedettes ! », lance en entrevue le directeur de la production de St-Pancrace, André Morin. « Ce sont eux qui exploitent l’équipement. Sans ces partenaires, on continuerait à jeter la drêche. »

Mais puisque le compostage municipal sera implanté à Baie-Comeau cette année, indique cet ambassadeur de la Côte-Nord, la drêche sera compostée plutôt que jetée lorsque des imprévus les empêchent de passer la récupérer.

Il reste que « tant qu’à avoir une matière première déjà existante, il vaut mieux utiliser les résidus pour en faire bénéficier d’autres entreprises que d’en faire du compost », souligne André Morin, qui s’approvisionne en grains dans les environs de Lévis et de la Beauce. « Ç’a plus de sens lorsque c’est valorisé. »

PHOTO OLIVIER PONTBRIAND, ARCHIVES LA PRESSE

La microbrasserie St-Pancrace à Baie-Comeau

100 tonnes de drêche détournées

Grâce au séchoir, la microbrasserie détourne maintenant 100 tonnes de drêche par année des lieux d’enfouissement, en plus de favoriser l’économie circulaire et la sécurité alimentaire de sa région.

Ça n’a l’air de rien, mais avoir des champignons frais sur la Côte-Nord, comme des pleurotes ou des chanterelles, c’est exceptionnel. On est loin des grands centres ; quand les produits arrivent en épicerie, ils ont déjà parcouru de nombreux kilomètres.

André Morin, directeur de la production de St-Pancrace

D’autant que les frais de transport sur la Côte-Nord ont explosé, ajoute-t-il.

Ultimement, outre les bienfaits écologiques du séchoir, c’est le fait d’avoir contribué à la croissance de deux jeunes entreprises dans une approche de souveraineté alimentaire qui rend André Morin particulièrement fier.

« Avoir permis d’augmenter la production d’œufs et de champignons dans la Manicouagan, que les restaurateurs utilisent pour valoriser le terroir, avoir ces aliments sur nos tables, c’est une grande fierté. C’est dans notre ADN de faire rayonner la Côte-Nord et ses producteurs. »