Cela fait deux ans que le Conseil des normes internationales d’information sur la durabilité (ISSB) est établi à Montréal. Cet organisme de normalisation créé par la Fondation IFRS (International Financial Reporting Standards) a pour mandat de créer des normes d’informations financières environnementales. Entrevue avec Isabelle Mégré, directrice du bureau de Montréal de l’IFRS.

Quel est le rôle du bureau montréalais de l’ISSB ?

Le centre de Montréal est un des principaux bureaux de l’ISSB, au même titre que le bureau de Francfort. Il ne faut pas voir le bureau de Montréal comme un centre régional, même si le bureau montréalais est la référence pour les Amériques. C’est un bureau de premier plan, qui assure certaines fonctions exécutives. Des membres de la direction sont établis ici. Nous recevons chaque année plusieurs rencontres de décideurs de l’ISSB, qui créent les normes et qui lancent leur mise en place. Les normes établies permettent aux entreprises de fournir aux marchés financiers des informations stratégiques sur leur impact environnemental. Nous sommes au bon endroit à Montréal, car la métropole dispose d’un secteur financier fort, d’une expertise et d’un leadership en finance durable.

Quel est l’intérêt pour le Québec d’avoir ce bureau ici ?

La présence de ce bureau crée une proximité avec la communauté d’affaires et les gouvernements québécois et canadien. Nous bénéficions du soutien des grandes caisses de retraite canadiennes, des acteurs du système financier et des investisseurs. Ils font partie de ceux qui diffusent les normes que nous créons. Les équipes de l’ISSB travaillent de façon transversale et globale, afin que les normes soient représentatives et qu’elles puissent être adoptées au sein des différentes réalités de chaque territoire dans le monde. Pour le Québec, c’est la possibilité d’avoir une influence certaine sur les normes, à travers une approche facilitée aux membres de l’ISSB. Aussi, le fait d’avoir des gens sur place facilite l’accès à de la formation et à des prestations, plus que dans d’autres pays.

Quel bilan dressez-vous après deux ans d’activité du bureau montréalais de l’ISSB ?

Nous avons fait un bon bout de chemin dans une courte période. Deux normes viennent d’être lancées : la norme S1, sur la durabilité, et la norme S2, sur les informations relatives aux changements climatiques, sont en vigueur depuis le 1er janvier 2024. Nous travaillons à présent sur leur adoption, qui est en cours dans 18 territoires. C’est le cas au Canada, où le processus d’adoption suit son chemin.

Quelles sont les perspectives pour les années à venir ?

En matière d’effectif, nous sommes présentement 25 au bureau de Montréal, et nous serons une trentaine d’ici la fin de l’année dans nos locaux permanents de Place Ville Marie, où nous venons de nous installer après avoir été hébergés durant deux ans par un organisme tiers. Nous allons notamment recruter des gens pour rejoindre l’équipe technique, c’est-à-dire des experts en normes, parce que nous avons un travail important devant nous. Les normes S1 et S2 sont appelées à être révisées, car plus les gens les utilisent, plus elles doivent être adaptées pour être encore plus performantes au fil des années. Et d’autres normes viendront compléter l’existant en matière de durabilité. Nous travaillons sur la définition des prochains projets de normes. Nos prochaines priorités seront annoncées dans les semaines à venir.