Le vice-président, finances, de Groupe minier CMAC-Thyssen, Pierre-André Viens, ne court pas après la lumière. Gêné qu’on s’intéresse à lui, il souligne plusieurs fois en entrevue que son travail ne se fait pas seul et qu’il n’a pas le profil typique d’un chief financial officer (CFO). Pourtant, ses expériences le prédestinaient aux hautes sphères de la gestion.

Originaire d’Amos, il a quitté l’Abitibi-Témiscamingue il y a 30 ans pour étudier les sciences pures et le génie minier à Québec, avant d’ajouter un bac en finances et une maîtrise en économie minérale.

Il a ensuite intégré Innovatech, une firme de capital de risque, en plus d’obtenir un MBA en finances et d’enseigner l’analyse économique aux futurs ingénieurs. « À ma première session, j’enseignais à 437 étudiants, en plus de travailler. »

Le mal du pays

Puis, son parcours l’a poussé à réaliser les études économiques de la Mine Raglan, avant de vivre une aventure en Nouvelle-Calédonie comme analyste d’affaires. Même s’il décrit le territoire français comme un archipel paradisiaque, il a eu le mal du pays après quatre ans. « Quand je revenais au Canada et que je visitais mes parents, j’allais prendre une bière avec Ghislain Blanchet, l’ex-président d’Innovatech, qui était vice-président chez CMAC. »

Un jour, M. Viens a accepté d’aller travailler pour lui en s’occupant des soumissions. « En 2019, quand Ghislain a pris sa retraite, je l’ai remplacé comme vice-président, finances. »

Le gestionnaire pensait occuper un tel poste un jour, mais n’avait pas de stratégie précise. « Je ne me levais pas le matin en planifiant devenir VP finances. Je me suis laissé porter par mes expériences et mes apprentissages. »

Si tu veux trop devenir patron, ce n’est pas la bonne approche.

Pierre-André Viens, vice-président, finances, de Groupe minier CMAC-Thyssen

Ce sont les valeurs de CMAC, son intérêt pour le monde minier et son amour de l’Abitibi qui l’ont convaincu d’accepter le poste. En plus d’être administrateur pour les sociétés du groupe, il négocie le financement et les ententes avec les partenaires autochtones. « Nous avons beaucoup progressé depuis quelques années. On s’en occupe, on va les voir, on essaie de gagner leur confiance et on les implique. »

Une dynamique qui aide CMAC à embaucher localement. « Ils peuvent nous suggérer qui embaucher et qui former. Notre but est de donner le plus d’emplois possible aux gens de leurs communautés. »

Projets à l’étranger

Également présent à l’international, le groupe minier évolue au Maroc et au Niger, avec des ambitions en Afrique de l’Est. « On veut pousser en Afrique francophone où on dispose d’un grand avantage face aux gros entrepreneurs miniers anglophones. »

Avec les membres de son équipe, il développe une structure à l’étranger et de nombreux projets canadiens en direct du Nord-Ouest québécois. « Nos plus gros clients sont en Abitibi, alors c’est avantageux d’avoir nos bureaux ici. Je vais régulièrement à Montréal pour entretenir de bonnes relations avec nos partenaires financiers et nos clients. »

Si les visioconférences permettent d’éviter quelques voyages, il estime que les rencontres en personne sont assez bénéfiques pour se déplacer, malgré les défis. « Les horaires de vol sont difficiles, les vols sont souvent annulés et c’est coûteux. Mais je n’ai pas de problème à rouler pour aller à Montréal. » Cela lui permet de renforcer les liens de l’entreprise dont le chiffre d’affaires dépasse les 100 millions de dollars.