« L’économie de demain est plus durable et circulaire, donc moins intensive en consommation de ressources », affirme Marc Journeault, responsable du Centre de recherche en comptabilité et développement durable de l’Université Laval. Pour y parvenir, le Québec doit repenser ses modes de production et de consommation et agir maintenant, affirme celui qui est aussi cotitulaire au Réseau de recherche en économie circulaire du Québec.

Réduire la consommation à la source

Dans le principe des trois R – réduire, réutiliser et recycler –, réduire la consommation des ressources (énergie, matière, eau, etc.) est le plus important, affirme M. Journeault. Il faut passer d’une ère de produits jetables à une ère du durable... et ne pas se contenter de troquer le plastique contre une matière moins polluante. La solution réside dans des produits réutilisables, à l’échelle d’un système.

Repenser la fabrication

Les procédés de fabrication des produits et les services offerts doivent être revus afin de réduire leurs incidences environnementales. Le fer de lance d’un tel virage ? L’écoconception, qui consiste à planifier et concevoir produits, bâtiments et services en fonction de critères écologiques – étape cruciale puisqu’elle induit les conséquences écologiques sur le cycle de vie des produits. En outre, il faut revoir le modèle d’affaires de la vente de produits, et miser plutôt sur la vente d’un usage, principe au cœur de l’économie de fonctionnalité ou de partage.

Prolonger la durabilité des biens 

Il importe de contrer l’obsolescence programmée des appareils. À cette fin, le projet de loi 29, déposé à l’Assemblée nationale, propose une durée de garantie de bon usage. Il devrait être plus intéressant de réparer un bien que de le remplacer ; produits électroménagers ou électroniques doivent être facilement réparables à l’aide d’outils communs, et les pièces, accessibles à un prix raisonnable. L’affichage d’un indice de durabilité – comme les valeurs nutritives sur les denrées alimentaires – fait partie de la solution.

Boucler la circulation de la matière

Il faut repenser la fin de vie des produits afin de ne pas extraire de nouvelles ressources. Les déchets doivent devenir des ressources récupérées, valorisées et consommées de nouveau, ce qui requiert d’accroître l’efficacité de la collecte et du tri des matières résiduelles. Multiplier le maillage d’entreprises afin que les extrants de l’une deviennent les intrants de l’autre constitue une solution doublement gagnante.

Réduire et décarboner les modes de transport de livraison

Le transport constitue au Québec l’activité émettant le plus de gaz à effet de serre, indique M. Journeault. Afin de réduire le camionnage lié à la livraison de biens, on peut lui substituer le transport ferroviaire et par bateau, moins chers et moins énergivores, ce qui implique de revoir les infrastructures ferroviaires (négligées en Amérique du Nord). En cette ère de livraison instantanée – « au coût environnemental majeur » –, regrouper des livraisons pour le ou les derniers kilomètres évite de les multiplier dans un secteur. Les véhicules lourds doivent aussi être décarbonés.