Les principales portes d’entrée et de sortie des biens et services en Amérique du Nord ont exposé leur fragilité durant la pandémie. L’entreprise québécoise QSL y a vu une belle occasion d’affaires. Elle cherche depuis à offrir de nouvelles options en matière de logistique maritime. Explications.

« La logistique maritime est en train de se transformer partout dans le monde », explique Robert Bellisle, président et chef de la direction de QSL.

L’homme d’affaires rappelle que, durant la pandémie, les quatre principales portes d’entrée de l’Amérique du Nord (côtes Est et Ouest, fleuve Saint-Laurent et golfe du Mexique) ont connu des ratés.

Au plus fort de la crise sanitaire, il y avait par exemple 125 jours d’attente au port de Los Angeles, dit-il.

Présente dans 66 terminaux sur la côte Est (de Terre-Neuve jusqu’au fleuve Mississippi), QSL est actuellement en mode croissance.

Croissance

Pour financer ses nombreux projets, elle change actuellement de mains. Fondée en 1978 et propriété de Denis Dupuis, l’entreprise québécoise passera sous le contrôle de la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) et d’iCON Infrastructure, une société d’investissement britannique.

QSL, qui compte 2000 employés et dont les revenus frôlent le demi-milliard, vient d’annoncer deux projets d’importance.

Le plus récent est à Sheet Harbour, en Nouvelle-Écosse. Il s’agit d’un ancien endroit où il y avait des activités de vrac. QSL, qui a signé un bail de 10 ans, est en train de rénover et de réaménager l’endroit pour en faire, entre autres activités, une zone de transit pour les composants utilisés dans les éoliennes en mer.

PHOTO ANDRE OLIVIER LYRA, FOURNIE PAR QSL

Robert Bellisle, président et chef de la direction de QSL

QSL travaille aussi actuellement au réaménagement et au changement de vocation d’une ancienne usine de pâtes et papiers à Marathon, une ville située à mi-chemin entre Sault-Sainte-Marie et Thunder Bay, en Ontario. « On travaille en collaboration avec la Ville de Marathon et un groupe autochtone qui est propriétaire des terrains. On ajoute ainsi un nouveau corridor économique », explique Robert Bellisle.

Presque 85 % de ce que l’on consomme dans le monde est issu du transport maritime. Quand la COVID est arrivée, le transport maritime est plus que jamais devenu critique. Ajoutez à cela la congestion dans le canal de Suez et le manque d’eau dans le canal de Panamá. Cela nous a ouvert les yeux.

Robert Bellisle, président et chef de la direction de QSL

« Tous les armateurs, dit-il, prennent désormais des participations dans les entreprises de logistique. Il y a de nouveaux enjeux d’approvisionnement. Il n’y a plus rien d’acquis pour les manufacturiers. Nous, on devient un acteur de premier plan. »

Enjeu mondial

Par conséquent, les acteurs clés du commerce international ne veulent plus « mettre tous leurs œufs dans le même panier », croit le patron de QSL. D’où cette volonté de repenser le transport et la logistique maritimes aux quatre coins du monde.

QSL se présente comme un acteur d’importance de la chaîne d’approvisionnement dans les opérations de terminaux portuaires, l’arrimage, les services maritimes, la logistique et le transport routier (elle possède son propre parc de camions) partout en Amérique du Nord. Bon an, mal an, elle manutentionne plus de 26 millions de tonnes de marchandises en vrac, en cargo et en conteneurs.

Ambitieuse, l’entreprise, qui a pratiquement doublé ses revenus depuis six ans, garde les deux pieds sur terre. « Il faut garder l’équilibre entre rêver et gérer. C’est le défi d’une entreprise en croissance. Il ne faut pas perdre nos acquis », soutient Robert Bellisle.