Depuis 1997, l’Université de Sherbrooke offre une formation qui combine le baccalauréat en droit et la maîtrise en administration des affaires (MBA). Un programme unique au Québec… et fort contingenté !

Les étudiants du programme Droit-MBA coopératif de l’Université de Sherbrooke n’ont généralement pas les deux ans d’expérience requis pour être admis au MBA. La plupart d’entre eux viennent de finir leur diplôme d’études collégiales... avec une cote R presque aussi élevée que pour entrer en médecine.

À ma connaissance, c’est la deuxième plus grosse cote R après médecine. C’est rare qu’on ait des cotes R en bas de 32 pour ce programme-là. On est dans les 33-34-35.

Yves Trudel, directeur des programmes MBA et des maîtrises M. Sc. et M. Adm.

Quarante étudiants, au plus, composent les cohortes tissées serré de ce programme universitaire intensif. « Honnêtement, on n’aurait pas de misère à remplir deux classes. Et ça serait une bonne qualité d’étudiants. Mais on a toujours voulu garder le programme – ne serait-ce que pour sa réputation – le plus exclusif possible », précise M. Trudel.

Une formation accélérée et exigeante

Si les futurs étudiants choisissent de s’inscrire au programme Droit-MBA coopératif, c’est parce qu’il offre une formation complète en accéléré et un taux de placement exceptionnel sur le marché du travail.

Tout comme le MBA standard, ce programme universitaire compte 54 crédits. S’échelonnant sur quatre années à temps complet, il comprend trois volets : le baccalauréat en droit civil, la maîtrise en administration des affaires et les stages. « C’est un gros contrat. On ne peut pas décider de prendre une session off en plein milieu », souligne Claude-André Guillotte, professeur au département de management.

Comprendre le marché du travail

Le programme Droit-MBA inclut trois stages, ce qui permet aux étudiants de se familiariser avec le monde du travail et de mettre en pratique leurs apprentissages. Selon Yves Trudel et Claude-André Guillotte, il s’agit là d’une grande force de cette formation. « Les employeurs ne tombent pas amoureux [de nos étudiants] simplement une fois qu’ils ont gradué, ils sont en amour pendant les stages. Souvent, ils vont vouloir les garder », affirme M. Trudel.

Pour leur travail final en gestion, les étudiants ont la mission de faire un mandat stratégique en contexte réel. « Nos étudiants, en équipe de quatre ou cinq, interviennent dans une entreprise pour un mandat spécifique. Et là, on a accès à tout, et quand je dis tout : les salaires des employés, chefs de direction, rentabilité, redistribution des dividendes, etc. Nos étudiants sont sur le terrain. Ils sont encadrés par six enseignants pour s’assurer qu’ils puissent faire le tour de la question pour avoir la vision d’un dirigeant ou d’une dirigeante », explique M. Guillotte.

La dernière entreprise qu’on a faite l’été dernier – que je ne peux pas nommer –, l’employeur a pris les travaux de nos étudiants et s’est fait un best of et c’est avec ça qu’il fait son plan stratégique pour les prochaines années. Ça veut dire qu’ils sont sur la coche.

Yves Trudel, directeur des programmes MBA et des maîtrises M. Sc. et M. Adm.

Un programme qui a fait ses preuves

« Est-ce qu’on a un vrai MBA entre les mains ? Est-ce qu’on devrait changer nos critères d’admission et dorénavant s’assurer que les gens ont au moins deux ans d’expérience de travail ? », s’est récemment questionné Yves Trudel. La réponse : « La perception sur le marché du travail de nos finissants est tellement forte que les employeurs comprennent très bien ce qu’ils ont dans les mains. Oui, ils n’ont peut-être pas cette expérience de travail là, mais ils sont tellement performants que les employeurs ne tiennent pas compte de ça. »