Que vous évoque Sorel-Tracy ? La métallurgie ? Le survenant ? Le premier sapin de Noël illuminé en Amérique du Nord ? Vous avez tout bon. Mais saviez-vous que l’industrie maritime y a aussi connu une époque glorieuse ? Retour sur un pan méconnu de l’histoire de la ville.

C’est en 1669, avant même que la ville prenne le nom de Sorel-Tracy, que l’on construit le premier navire dans la région, sous la direction du seigneur Pierre de Saurel. « Ce navire de 60 tonneaux fournit du bois pour les chantiers navals à Québec », explique Geoffrey Shayne Packwood, directeur général de la Société historique Pierre-de-Saurel.

L’industrie connaît quelques soubresauts dans les décennies suivantes, mais elle ne s’implante pas de façon permanente avant 1820. « La révolution américaine, par exemple, pousse la défense de la colonie. Il y a aussi d’autres développements durant la guerre de 1812. »

L’arrivée des bateaux à vapeur et l’aménagement d’un réseau de transport sur la rivière Richelieu et le fleuve Saint-Laurent changent la donne. Sorel, alors connu sous le nom de William-Henry, mise sur sa position géographique stratégique au confluent du fleuve et de la rivière pour tirer son épingle du jeu.

Les débuts de l’aventure navale

Dans les années 1830, John Molson s’associe au capitaine David Vaughan pour exploiter un chantier naval. « Les Molson ont à cette époque des quais à Sorel. Ce sont d’ailleurs eux qui convainquent les frères McCarthy de s’installer dans la région et d’y démarrer leur propre chantier. » De 25 travailleurs, on passe rapidement à des centaines.

Les entreprises spécialisées dans la construction navale, le remorquage, le dragage ou le transport de marchandises et de passagers se multiplient au XIXsiècle à Sorel. « La Sincennes McNaughton commence ses activités de remorquage en 1849 », illustre Geoffrey Shayne Packwood.

Au tournant du XXsiècle, les Chantiers du gouvernement se mettent en branle pour effectuer le dragage du Saint-Laurent. « C’est censé être révolutionnaire pour l’emploi et l’économie de la région, mais ce n’est pas vraiment le cas », précise le directeur général de la Société historique Pierre-de-Saurel.

L’époque Marine Industries

Les frères Ludger, Édouard et Joseph Simard marquent profondément l’industrie maritime à Sorel-Tracy.

« Ils deviennent d’abord propriétaires des chantiers Manceau, situés où est aujourd’hui le parc industriel Ludger-Simard. Le trio acquiert toutes sortes d’entreprises liées à la construction navale, comme Sorel Iron Foundries ou la fonderie Beauchemin et Fils, et crée Marine Industries. »

  • Chantier maritime à Sorel-Tracy durant la Seconde Guerre mondiale

    PHOTO FOURNIE PAR LA SOCIÉTÉ HISTORIQUE PIERRE-DE-SAUREL

    Chantier maritime à Sorel-Tracy durant la Seconde Guerre mondiale

  • Chantier maritime à Sorel-Tracy durant la Seconde Guerre mondiale

    PHOTO FOURNIE PAR LA SOCIÉTÉ HISTORIQUE PIERRE-DE-SAUREL

    Chantier maritime à Sorel-Tracy durant la Seconde Guerre mondiale

  • Chantier maritime à Sorel-Tracy durant la Seconde Guerre mondiale

    PHOTO FOURNIE PAR LA SOCIÉTÉ HISTORIQUE PIERRE-DE-SAUREL

    Chantier maritime à Sorel-Tracy durant la Seconde Guerre mondiale

  • Chantier maritime à Sorel-Tracy durant la Seconde Guerre mondiale

    PHOTO FOURNIE PAR LA SOCIÉTÉ HISTORIQUE PIERRE-DE-SAUREL

    Chantier maritime à Sorel-Tracy durant la Seconde Guerre mondiale

1/4
  •  
  •  
  •  
  •  

L’entreprise connaît son apogée durant la Seconde Guerre mondiale. Près de 7000 travailleurs se relaient jour et nuit. Entre 1940 et 1944, on construit des corvettes, quelques balayeurs de mines, 2 navires de ravitaillement, 30 cargos de 10 000 tonnes et des pétroliers.

C’est un boom important. Sorel est sur les lèvres de tout le monde pendant la guerre, même de l’autre côté de l’océan.

Geoffrey Shayne Packwood, directeur général de la Société historique Pierre-de-Saurel

Le théâtre de Sorel et d’autres commerces voient le jour pour divertir la main-d’œuvre.

Les activités se poursuivent après la guerre. « L’entreprise se réoriente, fabrique et entretient des cargos et des traversiers. »

Les années 1970 amènent avec elles un ralentissement. « Les navires, de plus en plus gros, ne conviennent pas aux chantiers de Sorel », souligne Geoffrey Shayne Packwood. Marine Industries diversifie encore une fois sa production, en construisant notamment des turbines pour la Baie-James.

La décennie suivante est marquée par de nombreux conflits de travail. Le Sir William Alexander est le dernier bateau entièrement construit au chantier naval en 1987. L’entreprise cesse officiellement ses activités en 1991.