(Montréal) La Compagnie des chemins de fer nationaux du Canada (CN) prévoit de prochains mois positifs, même si ses bénéfices ont chuté au premier trimestre en raison de la hausse des coûts de main-d’œuvre et de la baisse des revenus provenant des expéditions de conteneurs.

Le plus grand opérateur ferroviaire du pays rapporte que son bénéfice net a baissé de près de 10 %, à 1,10  milliard au cours du trimestre clos le 31 mars, contre 1,22 milliard pour la même période un an plus tôt.

Les revenus de la compagnie ont diminué de 1 % par rapport à pareille date l’an dernier pour atteindre 4,25 milliards au premier trimestre. Le bénéfice dilué a atteint 1,72 $ par action, soit à peu près à égalité avec les attentes des analystes, selon LSEG Data & Analytics.

Mais des perspectives économiques stables et des volumes de fret en hausse sont de bon augure pour le CN, ont affirmé les dirigeants, malgré la crise de la mer Rouge qui a freiné les chiffres des conteneurs sur la côte est.

Le plus grand opérateur ferroviaire du pays a donc réitéré sa prévision d’une croissance du bénéfice par action de 10 % cette année – dont l’essentiel se produira au second semestre de 2024 – et des dépenses en capital d’environ 3,5 milliards.

« Nous sommes en pleine montée », a déclaré mardi la présidente-directrice générale Tracy Robinson aux analystes lors d’une conférence téléphonique. L’équipe se solidifie, l’opération est performante et les volumes sont en hausse. »

Ces notes optimistes surviennent malgré les discordes persistantes en mer Rouge, où les attaques contre des cargos ont provoqué un changement radical dans le transport maritime mondial.

Les frappes de missiles en cours au Yémen par des militants houthis soutenus par l’Iran ont poussé les principaux porte-conteneurs à éviter la zone. Depuis la mi-décembre, des centaines de navires de marchandise ont navigué autour de l’Afrique au lieu de passer par le canal de Suez, ce qui a entraîné d’importantes dépenses en carburant et en équipage, en plus de déclencher une hausse des taux de fret.

Les temps de trajet plus longs et les horaires perturbés ont provoqué des retards allant jusqu’à trois semaines pour de nombreux navires qui devaient arriver au port d’Halifax – une plaque tournante du CN – au cours des derniers mois. Environ les deux tiers des 40 navires qui devraient arriver entre le 8 avril et la fin du mois accosteront avec au moins trois jours de retard, selon les prévisions du port.

D’autres navires choisissent d’éviter complètement les ports d’Halifax et de Montréal, déchargeant leurs marchandises aux États-Unis en raison de leur plus grande proximité avec le cap de Bonne-Espérance, en Afrique du Sud, ont déclaré des dirigeants du CN.

« Ils sont affectés en raison [de la situation au] canal de Suez », a affirmé Doug MacDonald, directeur du marketing des deux ports.

« Nous le voyons un peu à Halifax, un peu à Montréal. Nous espérons que nous reviendrons à la normale une fois que ce problème dans le monde sera résolu. »

La crise a également poussé de nombreux cargos qui s’étaient récemment tournés vers le canal de Suez à revenir sur les routes transpacifiques entre l’Asie et l’Amérique du Nord, après les avoir abandonnées en partie à cause des goulots d’étranglement au canal de Panama.

Sur la côte ouest du Canada, les volumes d’importations de conteneurs pour le CN ont augmenté de 12 % sur un an, alors que le trafic est revenu à Vancouver et à Prince Rupert après une grève de 7400 travailleurs portuaires en Colombie-Britannique l’été dernier.

Néanmoins, l’analyste Ravi Shanker, de Morgan Stanley, a qualifié le CN d’« étonnamment optimiste » en le comparant à d’autres sociétés de transport aux prévisions plus sobres.

Tracy Robinson a répondu en soulignant la hausse des indicateurs dans le secteur industriel : « Cela nous donne une certaine confiance dans une reprise de l’économie sous-jacente ».

Elle a également cité les « initiatives de croissance spécifiques au CN » pour justifier les attentes élevées.

Le CN a indiqué que son conseil d’administration avait approuvé un dividende de 84,5 cents par action pour le deuxième trimestre, qui sera versé le 28 juin.