Transition énergétique, transformation numérique, attractivité et rétention de la main-d’œuvre… le domaine du génie-conseil doit composer avec de nouveaux enjeux, surmonter de nouveaux défis. Faits saillants d’une étude conduite auprès de 15 000 professionnels du secteur, qui a été présentée au Forum des leaders en génie-conseil en juin dernier.

Progresser pour attirer

Les jeunes de moins de 25 ans qui ont participé à l’étude se distinguent sur plusieurs plans. Ils attribuent moins d’importance aux salaires et aux conditions pécuniaires (autres que la paie) que les tranches d’âge plus âgées, croyant plutôt que l’industrie devrait miser sur la transition écologique, l’envergure des projets et la diversité des tâches.

« La transition énergétique et écologique devient un facteur prédominant et parfois bien au-delà du salaire, remarque Bernard Bigras, président-directeur général de l’Association des firmes de génie-conseil – Québec (AFG). On constate vraiment qu’on a une main-d’œuvre qui est relativement jeune, ce qui nous pose des défis comme industrie. »

Changements structurels

Le secteur du génie-conseil québécois vient de traverser une « période relativement difficile », en étant contraint de beaucoup observer ce qui se faisait ailleurs au Canada. L’intégration du Building Information Modeling (BIM), mis de l’avant par la Société québécoise des infrastructures, va changer les façons de faire. « On est sur la voie de la collaboration comme un facteur d’innovation. On va s’assoir dès le départ, les ingénieurs avec les entrepreneurs et les clients, et intégrer les données de façon numérique à l’intérieur de systèmes de classification pour mieux entretenir les actifs initiaux », explique Bernard Bigras.

Reconnaissance des diplômes

Les inscriptions en technique de génie civil au collégial sont en baisse. L’industrie songe à approuver des formations comme les attestations d’études collégiales (AEC), mais désire également recruter à l’étranger. En fait, 47 % des PME en génie-conseil ont exprimé un intérêt fort ou très fort pour les candidats étrangers. En revanche, dans les PME comme dans les grandes entreprises, la reconnaissance des diplômes et de l’expérience professionnelle est un obstacle substantiel. « On appuie sur l’accélérateur, mais en même temps, sur les freins, parce que les conditions ne sont pas réunies pour reconnaître les profils d’études internationales », soulève M. Bigras.

Taux de rétention

Bon signal : 80 % des membres du secteur envisagent d’y demeurer au cours des cinq prochaines années, selon l’étude. Autrefois très niché, le génie-conseil devient progressivement davantage multidisciplinaire, ce qui « change complètement la dynamique au sein d’une entreprise qui était reconnue comme très conservatrice », selon Bernard Bigras. Pour que ce taux demeure élevé, il faudra mettre l’accent sur la réalisation de projets, les aspects liés au stress et la conciliation travail-famille.

PHOTO CATHERINE LEFEBVRE, ARCHIVES COLLABORATION SPÉCIALE

Bernard Bigras, président-directeur général de l’Association des firmes de génie-conseil – Québec (AFG)

Il n’y a rien de pire qu’un professionnel qui ne se sent pas pleinement investi. On perd de l’efficacité et de la productivité. C’est fini, le temps où les entreprises imposaient leurs conditions. Au bout du compte, le capital humain devient l’élément central du développement.

Bernard Bigras, président-directeur général de l’Association des firmes de génie-conseil – Québec (AFG)

Représentation féminine

À peine 15,3 % des membres de l’Ordre des ingénieurs du Québec sont des femmes, proportion qui monte plutôt à 22,5 % dans le domaine du génie-conseil. « Il y a un bassin de femmes important dans l’industrie et un effort doit être fait, pense Bernard Bigras. Moi, j’ai toujours cru que ça doit partir d’en haut. Nous, on croit fondamentalement que des postes de haute direction doivent être occupés par des femmes. […] Elles ont beaucoup à apporter dans cette évolution et pour la construction stratégique, avec des façons de voir les choses qui sont complémentaires à celles des hommes. »