À Laval comme ailleurs au Québec, on commence à sentir le ralentissement économique. Après une croissance record du produit intérieur brut (PIB) dans l’île en 2021 (12,2 %) et en 2022 (10,2 %), Desjardins prévoit qu’elle sera de 2,5 % en 2023, comparativement à 2,1 % pour l’ensemble du Québec. Mais les entreprises les plus proactives mettent en place des stratégies pour déjouer la baisse d’activité.

Pendant la pandémie, c’était la folie chez Famille Fontaine, le plus grand producteur de veau et d’agneau en Amérique du Nord. « On cherchait des employés, on avait de la difficulté à fournir, on travaillait six jours par semaine », se remémore Alex Fontaine, qui est à la tête de l’entreprise avec ses deux frères, Fabien et Donald.

Mais cet été, le ralentissement économique s’est fait sentir, si bien que la pression sur la production s’est résorbée. « Il faut dire aussi que nous avons maintenant des robots dans l’usine et des travailleurs étrangers sont arrivés, après plus d’un an d’attente, indique-t-il. Actuellement, nous n’avons plus de pénurie de personnel, même si certains postes clés restent difficiles à pourvoir. »

PHOTO CHARLES WILLIAM PELLETIER, COLLABORATION SPÉCIALE

Avec ses deux frères, Alex Fontaine dirige Famille Fontaine, qui lancera un site transactionnel en septembre pour mieux servir sa clientèle.

Famille Fontaine, qui est aussi le plus grand producteur de bœuf au Québec, se concentre maintenant sur ses ventes. En septembre, elle lancera un site transactionnel. « Beaucoup de gens nous disent qu’ils aiment notre côte de veau, par exemple, mais qu’ils ne la trouvent pas dans les supermarchés », raconte l’entrepreneur.

Nous avons une cinquantaine de produits, alors la distribution est un défi. Les détaillants en offrent quelques-uns, mais pas tous. Sur notre site, les gens pourront commander directement.

Alex Fontaine, codirigeant de Famille Fontaine

L’entreprise de 1800 employés, incluant ceux des deux usines américaines, offrira d’abord au Québec sur son site environ 25 produits congelés sous vide, puis d’autres s’ajouteront.

De plus, l’entreprise, qui a terminé un projet d’agrandissement il y a un an à Laval, travaille sur un deuxième. « Nos ventes ont crû, alors nous avons déjà besoin de plus d’espace et l’automatisation, ça prend de la place », précise Alex Fontaine.

Agroalimentaire et sciences de la vie

L’agroalimentaire est important à Laval avec 150 entreprises et 4600 emplois. « Pas moins de 30 % de notre territoire est agricole, et c’est un secteur qui a pris un envol avec la pandémie, dans la volonté de développer l’autonomie alimentaire du Québec », remarque Lidia Divry, directrice de Laval Économique.

Laval cherche maintenant à mieux le soutenir et voir comment développer d’autres axes, comme celui des serres. « Nous réfléchissons à un nouveau plan stratégique pour amener le secteur à un autre niveau d’ici 10 ans », précise-t-elle.

Mais si Laval s’en sort plutôt bien malgré le ralentissement, c’est en partie en raison de son économie diversifiée. Le secteur des sciences de la vie et des technologies de la santé, avec environ 4500 emplois, est aussi en effervescence en ce moment. L’arrivée de l’usine de vaccins du géant pharmaceutique américain Moderna à la Cité de la biotech de Laval, dont l’ouverture est prévue pour 2024, créera 75 emplois.

Le secteur des sciences de la vie, mis en lumière par la pandémie, est en pleine croissance à Laval, et on y prévoit la création d’environ 7500 emplois dans les 10 prochaines années.

Lidia Divry, directrice de Laval Économique

Le manufacturier en mode circulaire

Les entreprises manufacturières, avec leurs 22 000 emplois à Laval, représentent aussi un pan majeur de l’économie. Du travail se réalise sur le territoire pour les rendre plus vertes. Notamment, la Chambre de commerce et d’industrie de Laval a démarré au printemps un parcours d’accompagnement pour aider les entreprises à devenir zéro déchet d’ici 2040 en misant sur l’économie circulaire.

« Nous lancerons d’ailleurs cet automne un outil électronique où les entreprises pourront annoncer leurs rejets pour trouver des repreneurs », indique Caroline De Guire, présidente-directrice générale de la Chambre.

En amont, il a fallu réaliser un grand travail de caractérisation des matières. « C’est intéressant pour les entreprises parce que certains donneurs d’ordres exigent qu’ils fassent des efforts concrets pour améliorer leur bilan carbone, explique la PDG. Puis, les entreprises doivent payer une fortune pour se débarrasser de leurs rejets. Maintenant, elles pourront les vendre. »