Au Québec, environ 15 % des ingénieurs sont entrepreneurs. C’est presque trois fois plus que dans la population en général, où l’on retrouve 5,6 % d’entrepreneurs. Qui sont-ils ? Qu’est-ce qui les motive ? Une étude dévoilée en novembre dernier par l’Ordre des ingénieurs du Québec (OIQ) brosse un portrait de ses membres qui ont décidé de faire le saut vers l’entrepreneuriat.

Qui sont-ils ?

Les ingénieurs entrepreneurs sont fortement diplômés. En effet, 25 % d’entre eux détiennent un diplôme de cycle supérieur en génie, et 20 %, un diplôme en administration. Il est intéressant de constater que 17 % d’entre eux sont issus de l’immigration, et que 9 % sont des femmes, alors que celles-ci représentent 18 % des membres salariées de l’OIQ.

Ce qui les motive

« Les ingénieurs sont des gens passionnés par la résolution de problèmes, dit Sophie Larivière-Mantha, présidente de l’OIQ. C’est au cœur de leur formation et ça fait partie de leur quotidien. Je dis souvent : un problème, un ingénieur, une solution. Ils ont aussi à cœur la protection du public, alors quand surviennent des enjeux touchant cette question, ils sont prêts à devenir entrepreneurs pour relever le défi. Mais comme nombre d’entrepreneurs, les ingénieurs qui choisissent cette voie le font aussi pour devenir leur propre patron. »

Les grands secteurs

Les ingénieurs ayant déclaré posséder une entreprise se retrouvent principalement dans quatre grands secteurs économiques, soit le génie-conseil (29 %), la construction (17 %), les services professionnels (16 %) et la fabrication (14 %). Par ailleurs, les disciplines les plus représentées sont celles des génies civil, mécanique et électrique.

Où sont-ils ?

Si un nombre important d’ingénieurs entrepreneurs sont établis dans la grande région de Montréal et la Montérégie (40 %), ils sont surreprésentés dans certaines régions du Québec, notamment les régions manufacturières du Québec, soit Chaudière-Appalaches et la Mauricie, ainsi que dans les régions ressources comme le Nord-du-Québec et la Côte-Nord.

Tendances qui propulsent l’entrepreneuriat en génie

La rareté de la main-d’œuvre actuelle a un impact sur la croissance de l’entrepreneuriat en génie.

[La rareté de la main-d’œuvre] crée notamment des opportunités de développer des entreprises dans le domaine de l’automatisation, de l’industrie 4.0, des logiciels pour libérer du temps au personnel.

Sophie Larivière-Mantha, présidente de l’Ordre des ingénieurs du Québec

De plus, les investissements en ESG (environnement, social, gouvernance) entraînent le développement de technologies vertes, dans la transition énergétique et la filière batterie.

Finalement, la création des zones d’innovation, un projet du gouvernement visant à développer des pôles d’expertise regroupant à la fois l’industrie, le milieu universitaire et d’autres acteurs importants des secteurs concernés, représente un autre facteur pouvant susciter des carrières entrepreneuriales en génie.

« On pense qu’entre 10 et 15 de ces zones seront créées, ce qui permettra de regrouper l’expertise, et que ce sera une autre occasion pour nos ingénieurs, qui sont toujours au cœur de l’innovation. »

Finalement, l’intelligence artificielle est évidemment un autre domaine en plein essor qui suscite des vocations entrepreneuriales.

Contribution économique

Les entreprises appartenant à des ingénieurs, souvent innovatrices, sont souvent un levier de développement économique. Ainsi, l’étude souligne que 36 % d’entre elles exportent, ce qui est trois fois plus élevé que l’ensemble des PME canadiennes. De plus, 11 % de ces entreprises déclarent des revenus supérieurs à 10 millions de dollars, tandis que 6 % d’entre elles atteignent des revenus supérieurs à 25 millions.