Depuis trois ou quatre ans, les écoles de métiers de l’aérospatiale remarquent la volonté de l’industrie d’effectuer un virage vert. Les entreprises investissent de façon massive dans les énergies plus propres, et les écoles les suivent avec des projets de recherche à conscience écologique.

« On est en train de s’équiper en achats, en équipements et en infrastructures, pour être capables de tester des moteurs hybrides et électriques », indique en entrevue Pascal Désilets, directeur de l’École nationale d’aérotechnique (ENA).

Certaines machines, comme celles qui sont utilisées pour déplacer les avions, commencent à devenir électriques. « Ce sont les premières qu’on va avoir et on va se familiariser avec elles », note Pascal Désilets. De plus, les élèves tout comme les professeurs sont impliqués dans divers projets de recherche appliquée, ce qui leur permet ensuite d’« amener ce bagage de connaissances » sur le marché du travail.

M. Désilets sent qu’il y a actuellement un « momentum vers l’écoaviation ». Il est enthousiaste, puisque les inscriptions de futurs élèves sont en hausse de 40 % par rapport à l’année dernière.

Ces nouveaux arrivants pourront suivre la nouvelle formation en robotique, qui dispose d’un tout nouveau laboratoire complet, ou faire partie de la nouvelle vague de techniciens sollicités pour « faire de la programmation selon les nouvelles normes aéronautiques ».

PHOTO CHARLES WILLIAM PELLETIER, COLLABORATION SPÉCIALE

Pascal Désilets, directeur de l’École nationale d’aérotechnique

Dans une perspective de développement durable, l’ENA se livre également au « démantèlement écoresponsable d’aéronefs ».

Pendant une session complète, les participants vont « enlever les huiles, les circuits hydrauliques, les moteurs, démanteler tout ce qui contient des contaminants » dans l’appareil, pour ensuite le faire couler au fond d’un lac de façon sécuritaire. Il devient ensuite un site pour pratiquer la plongée. L’ENA vient de le faire avec un hélicoptère près de Thetford Mines, et elle recommence le même processus avec un avion Challenger.

« Il faut faire attention à notre planète, conclut Pascal Désilets. On n’en a qu’une. Plus on le fait, mieux c’est pour nous, nos enfants et la prochaine génération. »

Vision commune

À l’École des métiers de l’aérospatiale de Montréal, même constat. « Sur une base régulière, les programmes qu’on enseigne sont revus par le Ministère », affirme la directrice adjointe Katia Crasnich, qui juge son établissement proche des membres de l’industrie.

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L’École des métiers de l’aérospatiale de Montréal

« On se questionne sur les changements en motorisation, mais aussi sur les matériaux. Le gain d’énergie, l’aérodynamisme, même les drones entrent en ligne de compte. C’est vraiment une question qui évolue rapidement. »

On se fait présenter des projets qui sont réellement sur la table et qui ne sont plus seulement des prototypes. C’est très excitant et enrichissant.

Katia Crasnich, directrice adjointe de l’École des métiers de l’aérospatiale de Montréal

Il existe désormais un souci d’éthique et de progression environnementale en aérospatiale, juge Mme Crasnich. « Il y a quelques semaines, toutes les écoles de métiers ont été invitées à une journée de formation chez Bombardier [pour parler] du virage vert et des avancées technologiques. »

En plus d’adapter le contenu du programme scolaire, l’établissement a voulu verdir son bâtiment avec un éclairage qui consomme moins. Ça a immédiatement eu un effet positif sur le bien-être des personnes qui le fréquentent, fait remarquer la directrice adjointe.

« Que ce soient des enseignants ou des entreprises, on voit le dévouement… Il y a vraiment quelque chose de beau qui se fait. Nous sommes tournés vers l’avenir et la progression vers des énergies vertes. »