Le dossier est finalement soumis au DPCP à la fin de 2009, dans l’espoir que des accusations criminelles soient portées rapidement. Un comité formé de plusieurs procureurs étudie la question. Mais au début de l’année 2010, leur verdict tombe : la preuve n’est pas jugée assez solide pour accuser Robert Miller.

Pour le camp Miller, l’absence d’accusations est la preuve que les allégations contre le milliardaire ne sont pas solides.

« Selon les informations que vous nous avez procurées, loin d’être bâclée, l’enquête policière a été exhaustive, rigoureuse et complète. Ces renseignements prouvent que les deux procureures de la Couronne qui ont analysé avec sérieux toutes ces allégations en ont conclu qu’il n’y avait pas lieu à y donner suite », affirme Me Karim Renno, l’avocat de Robert Miller.

Selon Me Renno, l’ex-femme de son client poursuivait des objectifs personnels dans cette affaire. « La personne qui est l’instigatrice de ces enquêtes est l’ex-épouse de M. Miller. Elle l’a fait dans le cadre d’un divorce acrimonieux. Elle tentait par toutes sortes de tactiques de lui soutirer une véritable fortune », dit-il.

C’est elle qui est à l’origine de toutes ces allégations. Elle a encouragé, manipulé et payé plusieurs jeunes femmes dans le seul objectif de nuire à la réputation de M. Miller.

Me Karim Renno, l’avocat de Robert Miller, à propos de Margaret Antonier

De son côté, le DPCP souligne qu’il est impossible de tirer des conclusions en matière criminelle sur la simple base de mandats de perquisition comme ceux qui viennent d’être rendus publics.

« Alors que l’obtention d’un mandat de perquisition requiert des motifs raisonnables de croire qu’une infraction a été commise, la norme pour le dépôt d’accusation est plus exigeante : l’existence d’une perspective raisonnable de pouvoir démontrer hors de tout doute raisonnable la culpabilité », souligne Me Lucas Bastien, porte-parole de l’organisme.

« Cela étant dit, puisqu’il est du domaine public que de nouveaux éléments de preuve ont été portés à l’attention des policiers dans la dernière année, la décision du DPCP de ne pas entreprendre une poursuite pourrait être révisée. À ce jour, nous pouvons d’ailleurs vous confirmer que cette affaire retient toujours l’attention du DPCP », affirme Me Bastien.

Des victimes alléguées contactées

Me Jeff Orenstein, l’avocat de la cinquantaine de femmes qui ont joint une demande d’action collective contre Robert Miller parce qu’elles disent avoir été recrutées à l’adolescence pour lui offrir des services sexuels, affirme d’ailleurs qu’au moins 16 de ses clientes ont été contactées par le SPVM depuis un an, et que plusieurs ont fourni des déclarations enregistrées.

Le SPVM, lui, défend le travail de ses enquêteurs dans ce dossier. « Nous tenons à souligner l’ampleur du travail réalisé par nos policières et policiers lors de l’enquête de 2008-2009. Les enquêteurs ont effectué leur travail avec sérieux, déployant tous les moyens nécessaires et ne comptant pas leurs heures », a déclaré l’inspecteur David Shane à La Presse, qui confirme lui aussi que l’enquête demeure active.

« Nos enquêteurs continuent d’y travailler avec le même sérieux et professionnalisme », affirme l’inspecteur, qui invite toute victime ou tout témoin dans ce dossier à se manifester.

Avec la collaboration de Louis-Samuel Perron et de Daniel Renaud, La Presse