Tout a commencé grâce à l’ex-épouse du milliardaire, Margaret Antonier.
À partir de 2008, à la suite de son divorce avec M. Miller, Mme Antonier embauche André Savard et John Westlake, deux policiers retraités qui travaillent comme détectives privés, afin qu’ils enquêtent sur son ex-mari. Ceux-ci commencent à documenter les visites suspectes de très jeunes femmes chez l’homme d’affaires. Ils concluent qu’il s’agit de prostitution juvénile.
« On voyait les filles sortir avec des cadeaux. Il y avait des filles contrôlées par des gangs de rue », a raconté M. Savard en entrevue avec La Presse l’an dernier.
Savard et Westlake produisent un premier rapport qui identifie certaines des visiteuses, leur lieu de résidence et les sites des rencontres.
Margaret Antonier embauche ensuite la firme Garda, la plus importante entreprise de sécurité privée au Canada, pour creuser encore davantage les secrets de son ex-mari et de ses jeunes visiteuses.
À mesure qu’ils observent le va-et-vient autour du milliardaire, les gens de Garda deviennent mal à l’aise. Ce sont eux qui alertent la police en premier, selon les déclarations assermentées des policiers.
Écœurés, deux employés de la firme se présentent au bureau du service des enquêtes spécialisées du SPVM. Ils sont reçus par le lieutenant-détective Guy Bianchi ainsi que par les sergents-détectives Nathalie Morin et Marco Breton, du module Exploitation sexuelle des enfants à des fins commerciales.
Les gens de Garda expliquent qu’ils mènent une enquête « très secrète » sur Robert Miller, mais qu’ils « craignent le pouvoir qu’exerce M. Miller ».
« Celui-ci aurait des contacts privilégiés dans le monde politique, des affaires et même juridique », note la sergente-détective Morin dans sa déclaration assermentée.
Perquisition sans résistance
La firme constate que M. Miller reçoit de jeunes visiteuses presque tous les jours. « Ils sont embêtés par le fait qu’ils soupçonnent que les filles observées peuvent être mineures, et qu’ils ont une obligation légale de dénoncer le tout à la police », note l’enquêteuse Morin.
Garda dispose de rapports de surveillance, d’entrevues avec de jeunes filles, de relevés de plaques d’immatriculation, d’au moins une déclaration d’un témoin en vidéo et d’images sur lesquelles M. Miller est filmé avec de jeunes accompagnatrices.
L’entreprise de sécurité privée est dans une position délicate. Elle agit dans le cadre d’un litige conjugal privé. Elle n’est pas autorisée à transmettre ses découvertes aux autorités. Ses employés proposent un marché au SPVM. Si les policiers mènent une perquisition au siège social de la firme, dans Griffintown, pour saisir le dossier d’enquête, personne n’opposera de résistance.
C’est ce que la police fait en août 2009.