Après avoir saisi le dossier des enquêteurs privés sur M. Miller, l’équipe du SPVM déploie simultanément six équipes de deux policiers pour localiser des victimes alléguées.

« Nous tentons de minimiser les chances que les victimes pourront se parler entre elles durant les recherches », note la sergente-détective Morin dans sa déclaration. Ainsi, les chances sont meilleures d’avoir des témoignages indépendants, non influencés les uns par les autres.

Au moins cinq filles acceptent de faire des déclarations assermentées filmées au poste de police, dans lesquelles elles incriminent M. Miller pour des relations sexuelles rémunérées avec des mineures.

L’une affirme avoir été recrutée au centre d’accueil et avoir commencé à coucher avec l’homme d’affaires à l’âge de 14 ans. Une autre, recrutée à l’école secondaire, dit s’être fait demander un jour de trouver des filles plus jeunes « car elle commençait à être un peu vieille » pour Robert Miller.

« Elle n’avait pourtant que 19 ans », note la sergente-détective Morin dans son résumé.

Les enquêteurs déploient une panoplie d’autres moyens pour bonifier sa preuve. Ils installent des caméras cachées, ils recrutent un informateur dans l’entourage du suspect, ils obtiennent des mandats pour consulter les registres d’appels et les textos échangés sur certaines lignes téléphoniques.

Munis d’un mandat de perquisition, ils entrent de force dans une maison utilisée par Miller pour ses rencontres avec les jeunes filles, avenue Olivier, à Westmount.

PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

Lorsque les policiers sont entrés dans la maison utilisée par Robert Miller, l’intérieur était identique à ce qu’avaient décrit les filles.

À l’intérieur, tout est exactement comme l’ont décrit les plaignantes, constatent-ils. Des robes de chambre blanches prêtes à être enfilées, des serviettes immaculées en grand nombre « comme dans un hôtel ». Et au sous-sol, une caverne d’Alibaba avec des tablettes remplies de cadeaux où pouvaient piger les filles, dont de grandes quantités de vêtements classés par marque et par taille.

« Les étagères au sous-sol, les serviettes et la disposition des pièces corroborent la version fournie par les victimes », note la sergente-détective Morin dans son résumé.