« Ils l’ont battu à mort ! Ils l’ont fucking battu à mort ! », sanglote Abigaïl*. La copine de Jimmy Méthot a raconté mardi les circonstances cauchemardesques de la mort de son copain. Si la témoin affirme avoir assisté au meurtre, impuissante, elle a ensuite aidé l’accusée à nettoyer la scène.

Abigaïl est une témoin clé de la Couronne au procès de Véronique Manceaux, une femme de 38 ans accusée du meurtre au premier degré de Jimmy Méthot en septembre 2021. À l’époque, Abigaïl était la copine de Jimmy Méthot. Véronique Manceaux, alias « Veronica », était sa grande amie.

La témoin a révélé au jury être accusée de complicité après les faits et d’outrage à un cadavre.

Selon la Couronne, Véronique Manceaux a torturé, battu et assassiné Jimmy Méthot dans sa résidence de Lachine. Un adolescent de 17 ans a déjà été reconnu coupable de meurtre au premier degré dans cette affaire. La semaine dernière, le jeune homme a refusé de témoigner et a été accusé d’outrage au tribunal.

« Tout est flou »

C’est la voix tremblante qu’Abigaïl a donné son nom et sa date de naissance au début de son témoignage. Très émotive, la trentenaire a livré un témoignage saisissant, mais souvent confus, sur les évènements de la nuit fatidique. « Tout est flou », a-t-elle admis. On ne peut l’identifier en raison d'une ordonnance du juge.

À l’été 2021, Abigaïl fréquente Jimmy Méthot, un jeune homme tout juste sorti de prison. Son surnom est « Slim Jim ». « Il était petit et frêle », résume-t-elle. À l’époque, Abigaïl consomme beaucoup de drogue et d’alcool. Elle a un éthylomètre dans sa voiture. « J’étais alcoolique », dit-elle.

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Jimmy Méthot

Le soir des évènements, ils sont cinq chez l’accusée à Lachine : Abigaïl, son chum Jimmy, Véronique Manceaux, Everett Roger Clayton et l’adolescent. Ce dernier porte une « machette », raconte la témoin. La soirée se déroule normalement. Mais quand Manceaux consomme du crack, la tension monte d’un cran.

À un moment, Véronique Manceaux se met à accuser Jimmy Méthot d’être un « espion » envoyé par son ex-conjoint.

« Ça n’avait pas trop de sens », témoigne Abigaïl.

« J’étais en état de choc »

Les détails sont flous, mais ensuite, Jimmy Méthot revient de la cuisine, gravement blessé. « Il était assis là, ensanglanté. Il disait : je ne veux pas crever comme ça ! », raconte la témoin. « J’étais en état de choc », poursuit-elle. Pendant les évènements, elle reste assise sur le sofa dans le salon.

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Le salon où se trouvait Abigaïl

Quand Jimmy tente de s’enfuir, l’adolescent le rattrape, indique Abigaïl. Selon son récit, Véronique Manceaux et l’adolescent se mettent à rouer de coups Jimmy Méthot. « Ils l’ont battu à mort ! », s’exclame-t-elle, en sanglotant.

Jimmy Méthot s’est fait poignarder « plusieurs fois », selon Abigaïl. « Je ne sais pas qui l’a fait », nuance-t-elle.

« J’ai vu Veronica sauter sur son cou, mais je pense qu’il était déjà mort », dit-elle.

Toutefois, la chronologie des évènements demeure floue.

Une personne – qu’elle croit être Véronique Manceaux – lui dit alors d’enlever ses vêtements et de remonter ses cheveux. « Parce que Jimmy était mort et qu’on allait commencer à nettoyer », explique-t-elle.

Mais Roger Everett Clayton ne veut pas de témoin et veut tuer Abigaïl. Mais Véronique Manceaux l’en empêche. « Elle lui a dit que j’étais son amie », témoigne la femme.

Après le meurtre, Abigaïl et Roger Everett Clayton vont au magasin pour acheter des produits nettoyants. « Il y a du sang partout dans la maison », répète Abigaïl, sonnée.

Les quatre survivants ont ensuite transporté le corps de Jimmy Méthot dans le garage de la résidence.

Quelques jours plus tard, une amie d’Abigaïl a contacté les policiers.

Son témoignage se poursuit mercredi devant le juge Daniel Royer.

La semaine dernière, l’adolescent impliqué dans ce meurtre a préféré être accusé d’outrage au tribunal plutôt que de raconter les détails de la soirée fatidique. Le jeune homme a prétendu avoir des « trous de mémoire » en raison de la prise de médicaments et s’est terré dans le silence. Ce témoin disait même ne plus trop se rappeler avoir plaidé coupable à un chef de meurtre dans ce dossier.

C’est dans ce contexte que le jury a pu entendre un témoignage antérieur de l’adolescent. Dans cet enregistrement, l’adolescent raconte que Véronique Manceaux frappait et interrogeait Jimmy Méthot en l’accusant d’être un « espion ». Il n’a toutefois pas vu l’accusée poignarder la victime.

Dans sa déclaration d’ouverture, la procureure de la Couronne a dit au jury que Véronique Manceaux avait forcé Jimmy Méthot à boire un liquide inflammable, alors qu’il agonisait.

*Prénom fictif

L’histoire jusqu’ici

7 septembre 2021

Meurtre de Jimmy Méthot dans une résidence de Lachine

15 septembre 2021

Véronique Manceaux est accusée du meurtre au premier degré de Jimmy Méthot.

2023

Un jeune homme est condamné à neuf ans de détention pour le meurtre de Jimmy Méthot.

25 mars 2024

Début du procès devant jury de Véronique Manceaux