Un détenu de la prison de Rivière-des-Prairies a été battu à mort par son voisin de cellule en 2021. Le tueur, Ali Ngarukiye, était-il responsable de ses actes ? Son état mental le jour fatidique sera au cœur du procès pour meurtre qui s’est ouvert lundi au palais de justice de Montréal.

« Ce n’est pas un procès où on cherche à prouver qui l’a fait [whodunit]. Les parties s’entendent sur le fait qu’Ali Ngarukiye a causé la mort de M. Lapierre. Votre principale tâche sera de déterminer si [M. Ngarukiye] est responsable, et si oui, dans quelle mesure », a résumé au jury le procureur de la Couronne MLouis Bouthillier dans sa déclaration d’ouverture.

Selon la poursuite, André Lapierre a été « brutalement » tué dans la nuit du 16 au 17 juin 2021. L’homme de 57 ans partageait alors une cellule avec Ali Ngarukiye. Cette nuit-là, les deux hommes étaient seuls dans la petite pièce. Au petit matin, les gardes ont découvert le corps inerte d’André Lapierre. Ali Ngarukiye, lui, se tenait debout devant la porte.

« Aucune arme n’a été utilisée. Aucun pic artisanal. Aucun couteau », a expliqué MBouthillier, qui s’est toutefois gardé d’expliquer la cause précise de la mort.

PHOTO FOURNIE PAR LA FAMILLE

André Lapierre, 57 ans

Des photos de la scène de crime présentées au jury montrent la présence de beaucoup de sang dans la petite cellule partagée par les deux hommes.

Pas d’acquittement possible

Même s’il est admis que l’accusé est le tueur, toute la preuve est « importante », a insisté le procureur de la Couronne. « Sinon, on aurait un procès avec deux psychiatres seulement. Ce n’est pas seulement une bataille d’experts », a souligné au jury MBouthillier.

La juge Myriam Lachance a expliqué au jury que seuls trois verdicts sont possibles : meurtre au second degré, homicide involontaire ou non criminellement responsable en raison de troubles mentaux. Il ne peut donc pas être acquitté de ce crime.

Pour qu’Ali Ngarukiye soit déclaré non criminellement responsable, l’avocate de la défense, MSharon Sandiford, devra faire la preuve des troubles mentaux de son client au moment des faits. Un psychiatre va donc témoigner pour la défense. La Couronne pourra ensuite présenter un expert en contre-preuve.

La Couronne entend terminer sa preuve dès la fin de la semaine. En plus des témoins policiers et des agents correctionnels, une amie d’André Lapierre sera appelée à la barre. Ses appels téléphoniques avec la victime la veille de sa mort seront présentés au jury. L’interrogatoire d’Ali Ngarukiye avec les policiers sera également visionné pendant le procès.