Un homme de Lanaudière qui était famille d’accueil pour la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ) a été condamné à neuf ans de pénitencier lundi pour avoir agressé sexuellement une fillette pendant des années. Des crimes « répugnants », selon le juge. Une voisine avait pourtant déjà dénoncé l’homme à la DPJ, il y a des années.

« La société avait mis sa confiance en vous pour être famille d’accueil et vous avez tout brisé ça. Tout ça pour des pulsions sexuelles. Je ne comprends pas. Un plaisir bien éphémère pour tout le mal que ça cause », a soupiré le juge Bruno Leclerc, en s’adressant à Alain Lavallée, lundi au palais de justice de Joliette.

Visiblement remonté, le magistrat a poursuivi sa montée de lait à l’égard de la prolifération des crimes sexuels devant les tribunaux.

« C’est devenu mon quotidien les affaires sexuelles. … C’est rendu qu’on ne fait que ça. Tous les collègues m’en parlent. On ne fait que ça ! Je ne sais pas ce qui se passe dans la tête des hommes, surtout de nos jeunes hommes. Va falloir que ça se règle. Ça n’a pas de bon sens dans notre société ! », a lancé le juge Leclerc.

Alain Lavallée, un résidant de 59 ans de Saint-Calixte avait plaidé coupable, en janvier dernier, à des chefs de contacts sexuels sur une mineure, d’incitation à des contacts sexuels et d’agressions sexuelles. En plus de la fillette de la DPJ, Alain Lavallée a agressé deux autres enfants et une femme.

Le prédateur sexuel et sa conjointe ont hébergé des enfants de la DPJ pendant des années. Pourtant, à la fin des années 90, la DPJ était intervenue quand une voisine l’avait dénoncé pour agression sexuelle. Il n’y avait pas eu de suite à cette intervention pour une raison inconnue.

Plus récemment, Alain Lavallée s’en est pris à une fillette de sept ans qui avait été abandonnée par ses parents. Les agressions étaient si régulières que lorsque sa mère de famille d’accueil sortait faire des courses, l’enfant savait qu’elle devait porter des pantalons et aucun sous-vêtement à la demande expresse de son agresseur.

Son père d’accueil lui demandait systématiquement d’enlever son soutien-gorge et l’obligeait à enlever ses poils. Il inspectait régulièrement ses parties intimes pour s’en assurer. Il demandait par ailleurs souvent à l’enfant de lui dire qu’elle l’aimait. Il a même eu le culot de blâmer sa victime lors de son arrestation.

Les conséquences des agressions sur la vie de la victime sont extrêmement vives. La nouvelle mère d’accueil de l’enfant a livré un témoignage bouleversant, mais néanmoins rempli d’espoir, et d’amour.

« Cette enfant-là mérite tellement beaucoup. De l’amour vif. On va être là pour elle », a-t-elle assuré, la gorge étranglée par l’émotion.

Le juge Leclerc a tenu à souligner l’altruisme de la nouvelle famille d’accueil de l’enfant.

« Par chance, il y a des gens d’une valeur inestimable », a-t-il résumé.

La médiatisation de l’affaire a mené d’autres victimes à dénoncer Alain Lavallée, dont une voisine et la fille d’une proche. Dans le cas de la voisine, Lavallée lui avait touché les seins par-dessus les vêtements à deux occasions. Lavallée a aussi agressé sexuellement une femme il y a de nombreuses années.

Me Mélissa Plante représente le ministère public, alors que MPierre M. Gauthier défend Alain Lavallée.