Nouveau rebondissement au procès de Véronique Manceaux : un témoin clé de la Couronne a été cité pour outrage au tribunal en raison de son refus de témoigner. Le jeune meurtrier de Jimmy Méthot a évoqué la prise de médicaments pour justifier ses trous de mémoire.

« Je ne comprends pas comment vous pouvez me forcer à témoigner sur quelque chose dont je ne me souviens plus », s’est défendu le témoin jeudi.

Véronique Manceaux, 38 ans, est accusée du meurtre au premier degré de Jimmy Méthot. La Couronne lui reproche d’avoir torturé, battu et assassiné la victime en septembre 2021 dans sa résidence de Lachine. Selon la théorie de la poursuite, un adolescent de 17 ans a frappé à plusieurs reprises Jimmy Méthot pendant cette soirée sanglante. Il aurait même empêché la victime de s’enfuir.

PHOTO DÉPOSÉE EN COUR

Une photo de Véronique Manceaux prise il y a plusieurs années. Son apparence a beaucoup changé depuis.

C’est cet adolescent, maintenant âgé de 20 ans, qui a pris la barre pour une seconde journée jeudi au procès de Véronique Manceaux. Mercredi, le jeune homme a répété n’avoir aucun souvenir des évènements. Il disait même ne pas se souvenir du nom de la victime. Pourtant, il a plaidé coupable à une accusation de meurtre au premier degré l’an dernier. Il a été condamné à neuf ans de détention en chambre de la jeunesse.

Le juge Daniel Royer l’avait mis en garde : s’il refusait de témoigner, il serait accusé d’outrage au tribunal.

À son retour à la barre jeudi matin, le jeune homme – qu’on ne peut nommer – s’est montré plus loquace, expliquant s’être rendu chez Véronique Manceaux ce soir-là muni d’une machette. Il portait cette arme pour être « cool ». Or, dès que les évènements entourant le meurtre ont été évoqués, le témoin s’est fermé comme une huître.

Le jeune homme prétend n’avoir aucun souvenir des évènements depuis la prise d’une forte médication l’an dernier.

Je dormais de 15 à 16 heures par jour. J’étais déconnecté. Les évènements m’ont rendu fou, je devais prendre des médicaments. Désolé, mais je ne me souviens de rien.

Le témoin ayant été accusé d’outrage au tribunal

Même s’il ne prend plus de médicaments depuis plusieurs mois, le témoin maintient n’avoir aucun souvenir du meurtre. « J’ai flushé ça de ma mémoire », s’est-il justifié.

Cette nouvelle version n’a visiblement pas convaincu le juge Royer, qui a décidé de le citer pour outrage au tribunal. Son procès est prévu le mois prochain.

« Je vous ai donné plusieurs chances de revenir sur votre décision. Malheureusement, vous avez maintenu votre décision et vous avez refusé de témoigner sur ces évènements. Je suis dans l’obligation de vous citer pour outrage au tribunal », a affirmé le juge Royer.

Jimmy Méthot était un « espion » selon l’accusée

S’il s’est terré dans le silence jeudi, le jeune homme s’était montré bavard dans un témoignage antérieur, où il a raconté en détail les circonstances du meurtre de Jimmy Méthot. Ce témoignage antérieur a été présenté au jury par la procureure de la Couronne, MJasmine Guillaume, jeudi. Son récit ne constitue toutefois pas de la preuve.

PHOTO TIRÉE DE LA PAGE FACEBOOK DE JIMMY MÉTHOT

Jimmy Méthot

Dans cette version, le jeune homme raconte que Véronique Manceaux accusait Jimmy Méthot d’être un « espion ». Elle était alors sous l’effet du crack. C’est dans ce contexte qu’elle s’est mise à l’attaquer.

Elle le frappait et l’interrogeait. [Jimmy] était confus et effrayé.

Extrait du témoignage antérieur du témoin ayant été accusé d’outrage au tribunal

Plus tard, Véronique Manceaux a offert à Jimmy Méthot un « dernier repas », un pâté au poulet. « Il a dit oui, j’ai faim. » Ensuite, Jimmy Méthot a tenté de s’enfuir, mais Véronique Manceaux l’a rattrapé. « Je ne l’ai pas vue le poignarder », a relaté le témoin dans cette déclaration antérieure.

PHOTO DÉPOSÉE EN PREUVE

Ce pâté au poulet aurait été le « dernier repas » de Jimmy Méthot.

« Je n’avais rien vu de tel dans ma vie, ça m’a vraiment ébranlé ! », a-t-il ajouté.

Selon la théorie de la Couronne, Véronique Manceaux et une complice ont ensuite forcé Jimmy Méthot à boire un liquide inflammable. Il serait mort dans l’agonie. Dans les jours suivants, l’accusée et des complices ont nettoyé la scène.

Le procès se poursuit la semaine prochaine.

L’histoire jusqu’ici

7 septembre 2021 : Meurtre de Jimmy Méthot dans une résidence de Lachine.

15 septembre 2021 : Véronique Manceaux est accusée du meurtre au premier degré de Jimmy Méthot.

2023 : Un jeune homme est condamné à neuf ans de détention pour le meurtre de Jimmy Méthot.

25 mars 2024 : Début du procès devant jury de Véronique Manceaux.